Le 8 décembre 2015, Denis Loutskevich, un manifestant de Bolotnaïa, a été libéré après avoir purgé sa peine. À la sortie de la prison IK-2 dans la région de Tula, il a été accueilli par sa mère Stella Anton et par d’autres parents et amis, y compris d’autres manifestants qui ont été libérés avant lui.
La mère de Denis a tenu à envoyer ces quelques mots à toutes les personnes qui ont soutenu son fils et les autres manifestants de Bolotnaïa.
« Chers amis, vous nous avez soutenus pendant trois ans et demi et vous ne pouvez pas imaginer combien cela a été important pour nous. Tout ce que vous avez fait : être présents lors du procès, signer des pétitions, rassembler les signatures et les remettre aux autorités, ou simplement nous appeler pour savoir comment nous allions… peu importe la manière dont vous avez agi, vous étiez toujours avec nous… Je me souviens de chacun d’entre vous. Et je vous suis vraiment reconnaissante, vous tous qui fêtez maintenant la libération de Denis avec nous, vous qui avez attendu sa sortie et attendez la sortie des autres. Je vous envoie toute ma gratitude de mère ! Je vous souhaite de vivre en paix et beaucoup de bonnes choses. »
Des centaines de manifestants antigouvernementaux pacifiques avaient été arrêtés le 6 mai 2012 lors de la manifestation de la place Bolotnaïa, que la police a dispersée en recourant à une force excessive et illégale.
Des poursuites pénales ont été engagées par la suite contre 28 personnes. Bien que la manifestation ait été principalement pacifique et que la violence se soit limitée à quelques endroits et à un nombre très restreint de manifestants, les autorités ont qualifié ce rassemblement d’« émeutes de grande ampleur », ce qui leur a permis de retenir des chefs d’inculpation plus lourds contre les accusés.
À l’issue de ce que l’on peut clairement qualifier de procès-spectacle, un tribunal de Moscou a déclaré coupables huit accusés dans cette affaire.
Pendant le procès, près de 200 manifestants pacifiques et journalistes rassemblés autour du tribunal auraient été interpelés par la police, dont Vladimir Akimenkov, lui-même ex-accusé dans cette affaire et ancien prisonnier d’opinion.
Les verdicts dans l’affaire Bolotnaïa s’inscrivent dans le cadre d’une répression générale de la liberté de réunion, d’association et d’expression engagée depuis le retour de Vladimir Poutine à la présidence russe le 7 mai 2012. La manifestation de la place Bolotnaïa s’était tenue la veille de cette date pour protester contre son retour controversé au pouvoir.
Amnesty International appelle les autorités russes à abroger les lois restreignant les droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association adoptées depuis que Vladimir Poutine est de nouveau à la tête du pays.