Du 3 au 6 décembre 2012, 3 000 jeunes, dont plusieurs militants d’Amnesty International, ont participé au Forum mondial des jeunes (Global Youth Forum) organisé par l’Organisation des Nations Unies (ONU) à Bali, en Indonésie. Ils ont pu se rendre sur place ou participer en ligne via une plateforme internet.
Où en est-on depuis 1994 ?
Ce forum a eu lieu dans le cadre du suivi de la Conférence internationale pour la population et le développement (CIPD) qui avait eu lieu en 1994 au Caire, en Egypte. Lors de cette conférence, les 179 États participants s’étaient engagés à répondre aux besoins en matière d’éducation et de santé, et en particulier de santé reproductive. Ces éléments étaient considérés comme des préalables indispensables au développement durable. Les États s’étaient donc engagés à :
- assurer l’accès universel aux services de la santé de la reproduction pour tous d’ici 2015 ;
- garantir l’éducation primaire pour tous et réduire les inégalités en éducation entre les deux sexes d’ici 2015 ;
- réduire le taux de mortalité maternelle de 75% d’ici 2015 ;
- réduire le taux de mortalité infantile ;
- augmenter l’espérance de vie ;
- réduire le taux d’ infections au VIH.
Ces engagements ont bientôt 20 ans, et 2015 approche à grands pas. Il est donc temps de mesurer les avancées, de pointer les efforts qui restent à faire et de rediscuter des objectifs. Cet examen, appelé CIPD+20, aura lieu en 2014.
Pourquoi les jeunes ?
L’ONU est partie du constat que 43% de la population mondiale a moins de 25 ans ! Il est donc crucial que cette énorme part de la population participe à la discussion et aux prises de décisions sur des sujets aussi importants que la santé et l’éducation.Le Forum mondial des jeunes était donc l’occasion rêvée pour qu’ils puissent exprimer leurs besoins, souhaits et revendications, reflétant des préoccupations parfois différentes de celles des adultes. Leurs décisions seront reprises dans l’évaluation de CIPD+20.
Les droits sexuels et reproductifs, c’est quoi ?
Avoir le droit de refuser une grossesse. Avoir le droit d’utiliser des moyens contraceptifs. Choisir librement de se marier et de fonder une famille ou de mener d’autres formes de vie familiale. Être protégé contre le viol et les agressions sexuelles. Choisir son orientation sexuelle. Ces droits, parmi tant d’autres, sont ce que l’on appelle des droits sexuels et reproductifs. Ils sont cruciaux, car ils donnent aux individus la possibilité de prendre, tout au long de leur vie, des décisions quant à la nature des relations intimes qu’ils souhaitent et de choisir avec qui ils veulent fonder une famille. Ils sont également nécessaires à la lutte contre la discrimination.
Ces droits ne font l’unanimité dans le monde. La liste des violation de ces droits est longue. Le droit à l’avortement par exemple, n’est pas reconnu dans de nombreux pays. Même l’Irlande toute proche, ne l’autorise que dans le cas où la mère est en danger. Les mariages forcés ont encore cours dans de nombreux pays. Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) sont victime de discrimination dans de nombreux pays, certains comme l’Ouganda considérant l’homosexualité comme un crime passible de peine de mort. Les violences contre les femmes font rages, et la Belgique n’est pas épargnée.
Qu’ont décidé les jeunes à Bali ?
Malgré l’opposition soutenue de plusieurs gouvernements, qui souhaitaient exclure les références aux droits sexuels et à une éducation sexuelle complète, le Forum a adopté une déclaration finale présentant un ensemble historique de recommandations pour la communauté mondiale, portant notamment sur :
- les droits sexuels ;
- l’égalité de genre ;
- la lutte contre la discrimination à l’égard des jeunes LGBTI ;
- l’accès à l’avortement légal et sans danger ;
- le soutien à la participation des jeunes dans l’élaboration des politiques et des programmes.
Cet déclaration constitue donc un outil concret que les jeunes pourront utiliser lors de l’examen CIPD+20 et pour définir les priorités futures.