Russie / Ukraine : Oleg Sentsov libéré
Oleg Sentsov, réalisateur ukrainien, a été condamné, le 25 août 2015, par un tribunal militaire russe à 20 ans de réclusion pour avoir prétendument créé une antenne d’un « groupe terroriste » et avoir organisé des « actes terroristes » en avril 2014. Les accusations étaient alors motivées par des considérations politiques, alors qu’Oleg Sentsov n’avait qu’exprimé son opposition au sujet de l’occupation de la péninsule de Crimée, en Ukraine, par la Russie. Ce qui faisait de lui un prisonnier politique.
Cette condamnation fait suite à un procès inéquitable fondé sur des « aveux » extorqués sous la torture. En effet, Oleg Sentsov a déclaré avoir été torturé lors de sa détention. Les agents du service fédéral de sécurité russe l’ont alors menacé de viol ainsi que de meurtre afin de le contraindre à avouer qu’il avait organisé des attentats à l’explosif, des actes de terrorisme et qu’il possédait des armes à feu illégales.
« Personne ne devrait être inquiété, encore moins privé de liberté, pour avoir exprimé son opinion. Nous ne tolérons pas qu’Oleg Sentsov se retrouve emprisonné et risque de mourir parce que le gouvernement russe tente de faire taire les voix dissidentes » avait déclaré, en 2018, Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
Le 14 mai 2018, Oleg Sentsov avait entamé une grève de la faim, appelant à libérer « tous les prisonniers politiques ukrainiens » actuellement détenus par la Fédération de Russie. L’état de santé d’Oleg Sentsov était très préoccupant.
De nombreuses actions ont été menées par Amnesty International et ses militants pour exiger sa libération.
Le 7 septembre 2019, après plus de six ans derrière les barreaux, Oleg Sentsov et d’autres détenus ont été libérés !
Ils ont été libérés dans le cadre d’un échange de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine.
En réaction à ces informations, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a déclaré : « Nul ne devrait être poursuivi ni incarcéré pour des motifs purement politiques. Nous exigeons que justice soit rendue à tous les prisonniers encore soumis à ces procès motivés par des considérations politiques ; ceux qui ont été enfermés uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux doivent être libérés immédiatement et sans condition ».
Hongrie / Chypre : Ahmed H. de retour dans sa famille
Ahmed H. a été autorisé à revenir chez lui et a pu enfin rejoindre sa famille après avoir été séparé de son épouse et de ses filles depuis presque quatre ans !
En août 2015, Ahmed H. a quitté son foyer à Chypre pour aller aider ses parents âgés et six autres membres de sa famille à fuir le conflit en Syrie et à trouver refuge en Europe. Il voulait uniquement s’assurer que les personnes qu’il aime soient en sécurité.
Arrivés à la frontière serbo-hongroise, Ahmed H. était parmi les centaines de réfugiés attendant à la frontière, après que la police ait fermé le passage entre les deux pays. Des heurts ont éclaté lorsque des réfugiés ont tenté de passer. La police hongroise a réagi en utilisant des gaz lacrymogènes et des canons à eau, blessant des dizaines de personnes.
Ahmed, comme le montrent des images, a tenté d’apaiser les émeutes entre la police et les migrants, mais sera arrêté.
Il est alors placé, en septembre 2015, en détention en Hongrie et injustement déclaré coupable de « complicité d’actes terroristes » en raison d’une application abusive de la législation hongroise relative à la lutte contre le terrorisme. La justice l’a condamné à 10 ans d’emprisonnement, peine réduite par la suite à sept ans, puis à cinq ans avec possibilité de demander une libération anticipée.
Après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle le 19 janvier 2019, Ahmed H. était incarcéré dans un centre de détention des services de l’immigration hongrois en attendant que Chypre prenne une décision quant à son retour à la maison ou non.
Des mois d’actions ont été entrepris pour Ahmed H. : plus de 24 000 personnes ont participé à la campagne d’Amnesty International #BringAhmedHome, appelant les autorités chypriotes à autoriser son retour.
Le 28 septembre dernier, les autorités chypriotes ont enfin autorisé Ahmed H. à retrouver sa famille !
« Après quatre longues années de séparation, Ahmed a enfin retrouvé sa famille, juste à temps pour le dixième anniversaire de sa fille aînée. Son retour à Chypre est un très grand soulagement pour la famille, mais il n’en reste pas moins qu’il n’aurait jamais dû être poursuivi en justice et encore moins déclaré coupable de ces accusations forgées de toutes pièces », a déclaré Giorgos Kosmopoulos, directeur d’Amnesty International Grèce.
Somalie : Abdirashid Janan arrêté
Un pas vers la justice pour les victimes de violations des droits humains en Somalie !
Le ministre de la Sécurité du Jubaland, en Somalie, Abdirashid Hassan Abdinur, alias Abdirashid Janan, a été arrêté.
Il est raisonnablement soupçonné et accusé de graves violations des droits humains et notamment d’« actes constituant une entrave à la livraison d’assistance humanitaire ».
En réaction à cette arrestation, Seif Magango, directeur adjoint du bureau régional de l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands lacs à Amnesty International, a déclaré : « L’arrestation d’Abdirashid Janan est un grand pas en avant vers l’obligation de rendre des comptes pour les graves violations des droits humains commises en toute impunité depuis des années par ceux qui détiennent le pouvoir en Somalie ».
Seif Magango a ajouté qu’« Abdirashid Janan est accusé par le Groupe de contrôle de l’ONU sur la Somalie et l’Érythrée de crimes terribles, notamment d’homicides, de torture, de détention illégale et de restitutions illégales entre 2014 et 2015. Il doit être traduit sans délai devant un tribunal civil afin d’être jugé conformément aux normes internationales d’équité ».
Retour sur la situation politique en Somalie
Voici ci-dessous quelques informations importantes concernant la Somalie qui peuvent t’aider à mieux comprendre la situation actuelle dans ce pays.
En 1991, face au mécontentement de la population, le régime du président dictateur Siyaad Baare s’effondre, amenant le pays a tombé sous la gouvernance de personnes sans agendas politiques et motivées par des activités illicites.
La Somalie se retrouve donc en pleine guerre civile et le pays est divisé entre les différentes parties prenantes pour le contrôle du pays.
Cette guerre civile entrave notamment le développement économique du pays, rend le réseau routier impraticable et coupe l’électricité. Elle amène notamment au pillage d’infrastructures et au contrôle de la nourriture, ce qui laisse des millions d’habitants malades et en situation de famine.
Face au manque de nourriture, les Nations Unies lancent une opération humanitaire en 1992.
Cependant, depuis toutes ces années, le conflit perdure. Les présidents se succèdent et le pays se retrouve dans une forte crise alimentaire.
Les Nations Unies estiment que 1,7 millions de personnes manquent de nourriture du fait de la sécheresse, particulièrement forte en 2019, et de la guerre.
Irlande du Nord : Victoire des « hommes cagoulés » torturés
En 1971, durant le conflit nord-irlandais, 14 détenus irlandais - les « hommes cagoulés » - avaient été emmenés et détenus dans une base militaire par le gouvernement britannique. Ils avaient alors subi des actes de torture et autres mauvais traitements lors d’interrogatoires.
Amnesty International avait alors, à l’époque, fait état des sévices infligés à ces hommes par des membres de la police d’Irlande du Nord et de l’armée britannique. Ces derniers les avaient notamment cagoulés, maintenus dans des positions douloureuses, exposés longuement à du bruit blanc (amenant à un état déplaisant de somnolence), privés de sommeil, de nourriture et d’eau, agressés physiquement et menacés de mort.
La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) avaient statué en 1978 en considérant ces actes comme des traitements inhumains et dégradants, mais ne relevant pas d’actes de torture.
Face à cette décision, les « hommes cagoulés » ont continué leur combat durant des décennies pour obtenir justice et faire valoir leur droit à la vérité.
En 2014, le gouvernement irlandais a demandé de rouvrir le dossier de l’arrêt rendu en 1978 par la CEDH. Cette décision fait suite aux révélations d’un documentaire intitulé The Torture Files selon lequel le Royaume-Uni n’aurait pas fourni certaines informations cruciales à la CEDH à l’époque. Les éléments de preuve dissimulés auraient pu aboutir à la conclusion que les « hommes cagoulés » avaient bien été torturés.
Le vendredi 20 septembre dernier, la Cour d’appel de Belfast, en Irlande du Nord, a estimé qu’une enquête devait être menée sur les actes criminels commis lors de l’interrogatoire des « hommes cagoulés » en 1971. La Cour d’appel a confirmé que les traitements infligés à ces hommes s’apparentaient à de la torture.
Grainne Teggart, chargée de campagne sur l’Irlande du Nord à Amnesty International, a réagi à cette annonce : « Le jugement d’aujourd’hui conforte la légitimité des "hommes cagoulés" pour obtenir justice et constitue un espoir pour les victimes de torture du monde entier ».
Elle a ajouté également qu’« aucune victime ne devrait attendre 50 ans pour obtenir justice. Une enquête indépendante et conforme aux normes internationales relatives aux droits humains doit maintenant être menée de toute urgence sur les actes de torture qu’ils ont subis, qui ont été autorisés au plus haut niveau de l’État ».
Francis McGuigan, un des « hommes cagoulés » a déclaré : « Je suis soulagé que la Cour d’appel ait décidé de confirmer ce jugement. Une enquête totalement indépendante doit être menée sans délai. Après cinq décennies d’attente pour obtenir justice, il est grand temps que l’obligation de rendre des comptes soit respectée ».