Iran : Le Prix Nobel de la Paix est décerné à Narges Mohammadi
Le 6 octobre 2023, le Prix Nobel de la Paix a été attribué à Narges Mohammadi « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous », alors qu’elle est toujours détenue en Iran.
Militante et journaliste iranienne, elle est injustement emprisonnée depuis 2021 pour son activisme en faveur des droits humains. Elle avait déjà été incarcérée avant, mais avait été libérée en 2020 pour à nouveau être arrêtée en 2021.
Elle a été accusée de menacer la sécurité nationale alors qu’elle n’a fait qu’exercer son droit à la liberté d’expression et n’a pas eu le droit à un procès équitable. Elle a également été maintenue en isolement et a reçu des coups de fouets, en violation des interdictions de torture et de mauvais traitements. Plus récemment, en juin 2023, sa santé s’est détériorée en prison, et on lui a refusé l’accès à des soins médicaux appropriés, en dépit des recommandations d’un médecin spécialiste.
La remise du Prix Nobel de la Paix à Narges Mohammadi est un message puissant et clair envers les autorités iraniennes : sa place n’est pas en prison. Ce choix symbolise une reconnaissance du courage et de la lutte de toutes ces femmes pour leurs droits, malgré les menaces qui pèsent sur leur liberté et leur vie.
L’Iran a exprimé son désaccord à l’égard de cette décision, en maintenant que Narges Mohammadi est coupable de multiples violations de lois et d’actes criminels. Pourtant Narges Mohammadi n’a fait qu’exercer pacifiquement son droit à la liberté d’expression.
Île Maurice : La justice dépénalise les relations entre personnes de même sexe
Le 6 octobre également, la Cour suprême de l’île Maurice a jugé que la loi sur la sodomie, héritée de l’époque coloniale britannique et prévoyant une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison, était contraire à la Constitution et ne pouvait plus être appliquée.
Cette décision concernant une loi datant de 1898 a été bien accueillie au sein de la population mauricienne et donne potentiellement de l’espoir à plusieurs pays d’Afrique de l’Est qui connaissent une escalade de mesures répressives à l’encontre de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre, intersexe (LGBTI+).
Elle a également été accueillie favorablement par l’ONUSIDA, l’agence des Nations unies qui se consacre à la lutte contre le VIH/sida. Cette agence a souligné que cela aurait un impact positif sur la préservation de vies, permettant ainsi aux hommes ayant des relations avec d’autres hommes d’accéder plus aisément aux services de santé et sociaux, sans craindre d’être appréhendés ou poursuivis.
Turquie : Osman Kavala reçoit le Prix des Droits de l’Homme Václav Havel 2023
Osman Kavala, prisonnier d’opinion turc, s’est vu remettre, le 9 octobre, le Prix Václav Havel 2023 par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Ce prix honore des initiatives remarquables de la société civile en faveur des droits humains, en Europe et ailleurs dans le monde.
Osman Kavala, qui a apporté son soutien à de nombreuses organisations de la société civile en Turquie, est en détention continue depuis 2017 en raison de son implication présumée dans les manifestations du parc Gezi en Turquie.
En 2019, la Cour européenne des droits de l’homme a décidé qu’il devait être libéré immédiatement, car sa détention violait ses droits et visait à le réduire au silence pour dissuader l’activisme d’autres défenseurs des droits humains. En 2022, la Grande Chambre de la Cour a confirmé que la Turquie n’avait pas respecté ses obligations en vertu de la Convention européenne des droits de l’homme.
Seulement 10 jours avant la remise de ce prix, la plus haute Cour d’appel de Turquie a rejeté l’appel d’Osman Kavala, une décision défiant toute logique sachant que les autorités chargées des poursuites n’ont pas fourni de preuves permettant d’étayer les accusations sans fondement portées contre lui.
La remise de ce prix est une fois de plus un message clair destiné au gouvernement de la Turquie pour la libération d’Osman Kavala.
Belgique : Deux avancées non-négligeables en termes d’aide aux victimes de violences sexuelles
Tout d’abord, 6 millions d’euros ont été obtenus, début octobre, pour la création de trois nouveaux centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles (CPVS). Ces centres, situés à Mons, dans le Brabant wallon et dans l’arrondissement de Hal-Vilvorde, visent à renforcer la lutte contre les violences faites aux femmes. La Secrétaire d’État à l’Égalité des chances, des genres et à la lutte contre les discriminations, Marie-Colline Leroy, souligne l’importance d’offrir une prise en charge complète aux victimes, 24h/24 et 7j/7, et d’améliorer la prévention et l’identification des auteurs.
Et c’est pas fini ! L’Assemblée générale des étudiants de Louvain en Woluwe (AGW) a mis en place, en octobre, un projet appelé « Appelle Alice » visant à offrir un moyen sécurisé, gratuit et anonyme de transport en VTC depuis le campus de l’UCLouvain jusqu’au Centre de prise en charge des violences sexistes et sexuelles (CPVS) de Saint-Pierre, à Bruxelles. Le projet a été lancé en réponse à l’augmentation des violences sexistes et sexuelles sur le campus. Une ligne téléphonique est disponible 24h/24 pour contacter un chauffeur de Taxis Verts.
Monde : Plusieurs pays ont aboli la peine de mort depuis la dernière Journée mondiale contre la peine de mort
Le 10 octobre, à l’occasion de la 21e Journée mondiale contre la peine de mort, une synthèse des progrès accomplis au cours de l’année a été présentée.
Six pays ont aboli la peine de mort soit entièrement (Kazakhstan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Sierra Leone et République centrafricaine), soit partiellement (la Guinée équatoriale et la Zambie l’ont supprimée uniquement pour les crimes de droit commun) en 2022.
À ces pays s’ajoutent des petites victoires en 2023. En juillet, le parlement du Ghana a voté en faveur de l’abolition de la peine de mort pour les crimes de droit commun et la peine de mort obligatoire a été supprimée en Malaisie.
Mais la lutte est loin d’être terminée : encore 87 pays exercent cette pratique cruelle.
Algérie : Lounes Hamzi est libéré après trois ans de prison !
Le 11 octobre 2023, le militant Lounes Hamzi a quitté la prison de Kolea après avoir purgé une peine de 3 ans de prison.
Il avait été appréhendé par la police de Tizi Ouzou le 9 octobre 2020, dans l’est de l’Algérie. Membre du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), fondé en 2001 à la suite de répressions lors de manifestations réclamant un référendum sur l’autodétermination de la Kabylie, il a été accusé d’avoir d’organisé un « mouvement insurrectionnel » ainsi que d’atteinte à l’unité nationale.
Ces accusations étaient basées sur des commentaires qu’il avait publiés sur son compte Facebook, bien que ceux-ci n’aient ni encouragé l’hostilité, ni la discrimination, ni la violence.
Iran : La chercheuse Fariba Adelkhah est libre !
La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, détenue depuis juin 2019 en Iran, a été libérée et a pu rentrer en France, le 18 octobre 2023. Spécialiste du chiisme et de l’Iran post-révolutionnaire, elle avait été condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, accusation qu’elle a toujours niée.
« Désormais tout cela est derrière moi. Ce qui reste, ce sont tous ces gestes d’amitié et d’engagement, ces mobilisations de connus et d’inconnus », elle affirme.
En Iran, les chercheurs et chercheuses ne possèdent pas de protection spéciale, étant fréquemment perçu·e·s comme des agents espions à la solde de leur propre gouvernement. Les chercheurs et chercheuses possédant une double nationalité sont particulièrement vulnérables, car la République islamique ne reconnaît pas cette double citoyenneté.
Par conséquent, ils et elles sont généralement traité·e·s comme des citoyen·ne·s iranien·ne·s, ce qui les expose souvent à être pris·es en otage lors de conflits. Plusieurs autres ressortissant·e·s étranger·e·s et binationaux·ales sont actuellement encore détenu·e·s en Iran.
France/Afghanistan : Le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi est libéré par les talibans !
Détenu depuis le 7 janvier 2023, Mortaza Behboudi a également été libéré, le 18 octobre 2023.
Après plus de 9 mois de détention en Afghanistan, ce journaliste a pu enfin retrouver ses proches. Il était accusé d’espionnage par les talibans qui, depuis leur retour au pouvoir en août 2021, n’ont cessé de réduire drastiquement les droits fondamentaux de la population.
Le régime mène notamment une véritable guerre contre les femmes et les filles et a réduit à néant les progrès accomplis ces dernières années en faveur de leurs droits.
Japon : Un espoir pour le respect des droits des personnes transgenres
Le 25 octobre 2023, la Cour suprême japonaise a jugé l’obligation pour les transgenres de subir une stérilisation afin de changer de sexe dans les registres de l’état civil comme institutionnelle. Cette obligation a été considérée comme violant les droits humains des personnes transgenres.
Au Japon, pour changer légalement de genre devant le tribunal pour les affaires familiales, une personne transgenre doit subir une chirurgie de confirmation de genre, prouver l’incapacité de reproduction, ce qui implique généralement d’être stérilisée, et ses organes génitaux doivent ressembler à ceux du sexe auquel elle s’identifie.
Bien que cette décision représente une avancée pour les droits des personnes transgenres au Japon, les défenseur·e·s des droits humains mettent toujours en évidence les procédures médicales prolongées et intrusives que le pays impose aux personnes transgenres.
Afghanistan : Matiullah Wesa est enfin libre !
Le 26 octobre, Matiullah Wesa a été libéré après sept mois d’emprisonnement, et c’est notamment grâce à la forte mobilisation à son sujet, menée par de nombreuses personnes, y compris des activistes et sympathisant·e·s d’Amnesty International ! En effet, ce mois-ci, les talibans ont déjà relâché plusieurs détenus dont les cas avaient reçu une couverture médiatique internationale.
Fondateur de PenPath, il a été arrêté et détenu arbitrairement par les talibans depuis le 23 mars 2023 alors qu’il ne faisait que défendre le droit à l’éducation pour les filles. Cette libération est un pas de plus vers la récupération des droits des afghanes, enfreints depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021.
Mais on ne s’arrête pas là ! Il faut continuer à se battre pour la libération immédiate et sans condition de tous les défenseurs de droits humains en Afghanistan qui sont arbitrairement détenus.