Turquie : acquittement des manifestantes des « Mères du samedi »
Le 14 mars, 45 personnes, membres du mouvement des « Mères du samedi », poursuivies après l’interdiction et la dispersion violente en août 2018 de leur 700e veillée pacifique pour leurs proches victimes de disparitions forcées, ont été acquittées.
Depuis mai 1995, dans le centre d’Istanbul, les « Mères du samedi » se rassemblent chaque samedi à la mi-journée, tenant des photos de leur filles, fils, femmes, mari, pères, sœurs ou frères disparu·e·s. Elles incarnent l’importance de la contestation pacifique.
Nous devons défendre ce droit y compris face à la répression, à la violence, à la détention et aux poursuites judiciaires.
Philippines : condamnation de l’ancien président Rodrigo Duterte
Le 11 mars, l’ancien président des Philippines Rodrigo Duterte a été arrêté par les autorités philippines sur la base d’un mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale à son encontre pour le crime contre l’humanité de meurtre, en lien avec les homicides commis dans le cadre de la « guerre contre la drogue ».
Son arrestation est une avancée majeure pour permettre de rendre justice aux milliers de victimes de cette guerre. À l’heure où trop de gouvernements ne respectent pas ou attaquent la Cour pénale internationale, l’arrestation de Rodrigo Duterte est un tournant pour le pouvoir du droit international !
Pologne : ouverture d’un centre d’avortement « inédit »
Le 7 mars, Justyna Wydrzynska et d’autres membres d’« Abortion Dream Team », un groupe de défense du droit à l’avortement en Pologne, ont ouvert le premier centre d’avortement, en face du Parlement, à Varsovie. Ce centre d’avortement fournira des informations sur les avortements à l’étranger, des conseils pour prendre soin de soi et un accompagnement pour les personnes qui décident de pratiquer un avortement médicamenteux en autonomie.
Ses activités sont d’autant plus nécessaires face à l’absence de garantie apportée par les autorités polonaises pour le droit à l’avortement des femmes, des filles et de toutes les personnes pouvant être enceintes.
Chine : Wang Jianbing est libre
Le militant des droits du travail Wang Jianbing a été libéré le 18 mars après avoir purgé une peine de trois ans et demi d’emprisonnement pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Lui et son amie, la journaliste et militante du mouvement #MeToo, Sophia Huang Xueqin, avaient été arrêté·e·s pour leur activisme (organisation de rassemblements, apprentissage de la désobéissance civile et rédaction de posts critiques à l’égard du gouvernement).
Sophia a été condamnée à cinq ans et reste en prison aujourd’hui. Les autorités chinoises devraient la libérer immédiatement et cesser d’emprisonner les personnes soucieuses de justice sociale.
Serbie : manifestations historiques contre la corruption
Le 15 mars, le peuple serbe a déferlé dans les rues de Belgrade lors d’une marche contre la corruption et le gouvernement en place. C’est la plus grande manifestation de l’histoire du pays. Selon les organisateurs, 800 000 personnes se sont rassemblées.
Cela fait cinq mois que les Serbes sont en lutte contre leur gouvernement après l’effondrement de la toiture de la gare de Novi Sad, qui a causé la mort de 15 personnes. Ses travaux avaient été confiés à des entreprises chinoises, sur fond de corruption et de négligence. La protestation est partie des universités, que les étudiant·e·s occupent toujours, puis s’est propagée dans tout le pays.
Turquie : Nimet Tanrikulu est libre
Le 4 mars, la défenseuse des droits humains Nimet Tanrikulu a été libérée de détention provisoire après plus de trois mois d’incarcération, après la première audience de son procès. Elle est injustement accusée d’« appartenance à une organisation terroriste » pour ses activités liées en faveur des droits humains. La prochaine audience est prévue pour le 22 avril.
Nimet Tanrikulu avait déjà été arrêtée lors du coup d’État militaire en 1980 en Turquie et torturée en détention. Depuis, elle souffre de blessures qui continuent de lui causer des problèmes de santé et le traitement qu’elle a subi l’a incitée à consacrer sa vie à la promotion et à la protection des droits humains. En 2005, la Chambre médicale d’Istanbul lui a décerné le prix Sevinç Özgüner pour les droits humains, la paix et la démocratie.
États-Unis : fin de la condamnation à mort de Rocky Myers
Après plus de 30 ans dans le couloir de la mort, Rocky Myers ne sera pas exécuté. Il a été condamné à mort en 1994 aux États-Unis pour meurtre, alors qu’il a toujours clamé son innocence et qu’aucune preuve sérieuse et convaincante ne permet d’affirmer sa culpabilité. Il n’a pas bénéficié d’un procès équitable ni d’un accès égal à la justice.
Grâce à une mobilisation mondiale d’Amnesty International de près de 700 000 personnes, la gouverneure de l’Alabama a finalement commué sa peine de mort en une peine de prison à perpétuité. Rocky Myers devient le premier homme et le premier homme noir condamné à mort à bénéficier d’une mesure de clémence dans cet État américain depuis que la peine de mort a été rétablie en 1976.