Défendre l’environnement au Guatemala
Les personnes qui défendent l’environnement sont particulièrement menacées dans les pays d’Amérique Latine, notamment au Guatemala. Elles sont souvent confrontées à des menaces, de l’intimidation voire parfois même des meurtres, mais aussi à des campagnes de stigmatisation et de diffamation sur les réseaux sociaux. Certaines sont aussi poursuivies en justice sur la base de fausses accusations et condamnées à des peines d’emprisonnement à la suite de procès non équitables et sur la base d’accusations infondées.
Le but des autorités est de les intimider et les faire taire. Au Guatemala ou dans d’autres pays d’Amérique Latine comme la Colombie par exemple, s’opposer à un projet d’exploitation des ressources naturelles (barrage, déforestation, exploitation des sols...), c’est mettre sa vie en danger.
Malgré les risques pour leur vie et leur sécurité, de nombreuses personnes membres de communautés indigènes, au Guatemala et dans d’autres pays d’Amérique Latine, ont décidé de faire entendre leurs voix pour défendre leurs terres et l’environnement.
Sais-tu où se trouve le Guatemala ? C’est un pays d’Amérique centrale frontalier avec quatre pays : le Mexique, le Belize, le Salvador et le Honduras. Les communautés indigènes du Guatemala qui correspondent à l’ensemble des populations présentes sur le territoire avant l’arrivée des colons espagnols, représentent 40 % de la population du Guatemala. Elles vivent souvent sur des terres riches en ressources. Les personnes membres de ces communautés sont souvent considérées comme entravant les intérêts commerciaux et sont menacées, harcelées et même tuées dans la course à l’exploitation des ressources naturelles de leurs terres.
Le combat de Bernardo Caal Xol en faveur des droits des communautés indigènes
Depuis 2015, Bernardo Caal Xol s’est opposé de manière pacifique au projet de construction de deux centrales hydroélectriques sur la rivière Cahabón. Cette rivière est l’une des plus longues du Guatemala, et est sacrée pour les Q’eqchis.
Leurs forêts avaient déjà été rasées pour la construction des centrales, et ce projet ne leur permettait plus d’avoir accès à la précieuse eau dont les membres de la communauté avaient besoin pour vivre. Bernardo et d’autres membres de la communauté ont donc décidé de faire entendre leur voix et ont tout risqué pour le faire.
Bernardo a été nommé par des communautés de Santa María Cahabón, aux côtés d’autres personnes, pour attaquer l’entreprise en justice afin de dénoncer certaines irrégularités, notamment le fait de ne pas avoir communiqué avec les peuples indigènes concernés avant de lancer le projet.
En représailles, Bernardo Caal Xol a été la cible de nombreuses attaques dans la presse, à la télévision, par l’intermédiaire de tracts ou encore des réseaux sociaux.
Une enquête pénale a été ouverte contre lui, l’accusant d’actes de violence datant du 15 octobre 2015, lorsqu’il s’était rendu dans la zone concernée pour rencontrer les communautés.
En prison pour avoir défendu les rivières sacrées du Guatemala
Le 30 janvier 2018, Bernardo Caal Xol a été arrêté et envoyé en prison en attendant son procès, puis condamné le 9 novembre suivant à sept ans et quatre mois de prison par le tribunal de Cobán, pour des crimes de vol aggravé et de détention illégale.
« Pourquoi je suis en prison ? Pour avoir dénoncé ce qu’ils font aux rivières et défendu le peu qu’il en reste. » Bernardo Caal Xol
Comme de nombreuses autres personnes dans le monde, Bernardo a été sanctionné par les personnes qui détruisent l’environnement, justement parce qu’il défendait cet environnement. C’était un prisonnier d’opinion qui était détenu sans raison valable.
Amnesty International s’est donc mobilisée pour exiger sa libération.
Bernardo Caal Xol a enfin été libéré !
Bernardo Caal Xol a été libéré fin le 24 mars 2022, bien avant la fin de sa peine de prison. Il aura donc passé plus de quatre ans en prison. Il faisait partie des personnes mises en avant dans le cadre du marathon des lettres Écrire pour les droits organisé chaque année par Amnesty International. Cette campagne mondiale de lettres vise à mettre en lumière dix personnes en danger dont les droits humains sont bafoués et à faire pression sur les autorités concernées par leurs affaires pour obtenir des changements.
Des centaines de milliers de personnes ont ainsi écrit des lettres aux autorités guatémaltèques pour exiger sa libération et ces lettres ont eu un impact.
Cette libération est un bel exemple qu’ensemble, en mettant en lumière des cas comme celui de Bernardo Caal Xol et en continuant à faire pression sur les autorités, on peut faire changer les choses !