Rencontre entre Justine Coppens et 8 stagiaires civiques

Dans le cadre de leur huitième séance de stage civique, Keesha, Garance, Pauline, Tanous, Jeremy, Alessandro, Abdurahman et Samir ont rencontré Justine, la cousine d’Amaya Coppens. Retour sur cette rencontre enrichissante et émouvante !

Le 3 avril, nos 8 stagiaires civiques, élèves de l’Académie Royale des Beaux Arts, de l’Institut Diderot et de l’Athénée Marguerite Yourcenar ont rencontré Justine : la cousine d’Amaya Coppens.

Pendant plus d’une heure, ils ont pu lui poser toutes leurs questions sur la situation vécue par cette jeune étudiante belgo-nicaraguayenne, incarcérée depuis plusieurs mois au Nicaragua.

Retour sur l’histoire d’Amaya et sur la situation au Nicaragua

Ces dernières années, au Nicaragua, des mouvements paysans, mécontents des politiques menées par le président Daniel Ortega, manifestaient régulièrement dans la capitale du pays. Cependant, leur droit de manifester leur a rapidement été enlevé, ce qui n’a pas laissé le reste de la population indifférente, en particulier les étudiants. En effet, depuis le mois d’avril 2018, ces derniers manifestent contre la réforme de la sécurité sociale et la dictature du gouvernement du président Daniel Ortega et exigent sa démission !

Dès le début des manifestations, pourtant pacifistes, la réaction du gouvernement a été très violente : de nombreux étudiants ont été arrêtés, maltraités, et n’ont pas eu droit à un procès équitable. Et tout cela, pour avoir simplement exercé leur droit de s’exprimer librement. C’est le cas de l’étudiante belgo-nicaraguayenne, Amaya Coppens. Cette jeune fille de 23 ans, étudiante en médecine, est progressivement devenue la figure du mouvement étudiant. Elle a été arrêtée le 10 septembre dernier avec un autre activiste, Sergio Midence, dans la ville de Léon, au nord-ouest du Nicaragua, en Amérique centrale.

Amaya est actuellement dans une prison pour femmes, où les conditions de détention sont particulièrement difficiles. Aujourd’hui, au Nicaragua, des personnes continuent d’être arrêtées sans raison valable, et sans bénéficier d’un procès équitable. La population, opprimée, reçoit le soutien de la communauté internationale, et d’organisations comme Amnesty International. Les proches d’Amaya croisent tous les doigts pour qu’elle puisse être libérée, et ils sont toujours dans l’attente de son procès, qui a plusieurs fois été reporté.

Un témoignage touchant


« Mon cousin Diego me disait que nous avions de la chance qu’Amaya ait été capturée, car elle aurait très bien pu être tuée… Là nous savons où elle est, nous savons qu’on ne peut pas la toucher ».

Durant cet après-midi de rencontre et d’échanges, Justine est revenue en détails sur l’histoire de sa cousine, et a répondu à toutes les questions de nos 8 stagiaires. Voici quelques extraits de cette interview.

Sont-ils plusieurs étudiants à vivre la même situation qu’Amaya ?

Oui, tout à fait... En fait, si je reviens un peu sur les événements, il y a eu une première manifestation le 18 avril, qui a été fortement réprimée par les policiers. C’était une répression sanglante, où des paramilitaires ont tiré sur des civils. Cela a beaucoup indigné les jeunes, qui ont constitué la force de contestation principale, dès le lendemain des événements. Ils ont alors demandé la démission du président Ortega ainsi que de la vice-présidente. De nombreux jeunes se sont rassemblés, et ont ainsi formé « le mouvement du 19 avril », dont ma cousine faisait partie. Elle n’a pas hésité à s’impliquer et à témoigner à visage découvert pour demander la démission du gouvernement, ce qui était très courageux de sa part. Elle a commencé à se faire connaître malgré elle, et elle a pris son implication très à coeur. Personnellement, j’ai pris conscience de la gravité de la situation quand mes cousins m’ont dit qu’ils revenaient en Belgique. Ils n’étaient plus en sécurité au Nicaragua. Ma cousine ne les a pas suivis, car elle était tellement impliquée qu’elle ne pouvait pas partir en laissant le pays aux mains d’un dictateur. Elle a donc continué son combat, malgré les risques. Si aujourd’hui on lui disait : « Demain, tu es libre et tu quittes le pays. », elle refuserait. Si elle est libérée, elle considère que tous les autres doivent l’être également.

Vu qu’elle est est également belge, que fait notre gouvernement pour lui venir en aide ?

C’est un peu compliqué, il s’agit de jeux politiques auxquels je ne comprends pas toujours tout. Diego et moi savons que certaines choses se passent, mais qu’à certains moments les politiciens ne peuvent pas agir ou prendre position. Nous avons contacté le ministère des affaires étrangères il y a quelques mois, ils devaient regarder son cas avec grande attention, mais on n’a aucune nouvelle depuis le mois d’octobre. On a insisté pour prendre rendez-vous avec une personne du cabinet de Didier Reynders, et là ils nous ont expliqué que le travail diplomatique se fait plutôt « sous la table », et non pas à coups de déclarations. Nous pensons qu’il y a des raisons politiques qui les empêchent de s’impliquer trop fortement dans le cas d’Amaya, mais cela reste une supposition.

Quelles sont ses conditions de détention ?

Amaya était avec 14 autres femmes dans une cellule de 4 mètres sur 6. Comme des prisonnières ont été libérées récemment, elles ne sont plus qu’à 5 maintenant. Les parents d’Amaya doivent lui apporter de la nourriture, car celle qu’on lui fournit en prison est avariée. Elle nous a même expliqué qu’elle retrouvait parfois du verre pilé dans son assiette. Un jour, des femmes ont été passées à tabac dans la cellule juste en face de la sienne, elle a assisté à toute la scène. Le papa d’Amaya a ensuite reçu un message, comme quoi il devait payer les dégâts causés par Amaya, comme si elle y était pour quelque chose. Une autre fois, on a piqué le téléphone la maman d’Amaya lorsqu’ils sont allés la voir en prison. Il était resté dans la voiture, avec l’ordinateur qui lui n’a pas été volé. Les personnes qui l’ont pris cherchaient probablement des informations sur Amaya.

La situation d’Amaya nous touche beaucoup. On ne nous parle pas de ce genre de situations à la télé ou à l’école. Ici, chez Amnesty, on a découvert quelques cas de personnes qui comme Amaya se retrouvent en prison simplement car elles ont voulu exprimé leur opinion, cela nous a permis de prendre conscience de ce genre de problèmes et de nos moyens d’action...

De voir que cela vous intéresse, qu’on peut rassembler des gens, cela nous fait beaucoup de bien… Il ne faut pas sous-estimer l’impact de nos actions ! Cela aide également les Nicaraguayens de voir qu’ils ont du soutien venant de l’autre bout du monde, qu’au sein de pays démocratiques, des individus prennent le relais pour eux.

Nos jeunes stagiaires sont sortis bouleversés de cette rencontre. Ils n’hésiteront pas à relayer le message et l’histoire d’Amaya autour d’eux, et notamment lors de la présentation de leur animation à une classe de 4ème secondaire, au mois de mai !

Merci encore à Justine d’être venue, et d’avoir partagé cette histoire. Continuons de soutenir Amaya !

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