Une militante syrienne reçoit un prix des droits humains

Amnesty International a salué avec enthousiasme l’attribution d’un prestigieux prix des droits humains à une militante syrienne forcée d’entrer dans la clandestinité après oser s’opposer à la répression faite par les autorités.

Razan Zaitouneh, 34 ans, s’est vu décerner le prix Anna Politkovskaïa 2011, récompense attribuée à des femmes défenseures des droits humains qui se battent pour les victimes dans les zones de conflit.

Razan Zaitouneh©AI, 2011

« Le courage de Razan Zaitouneh est son engagement envers les droits humains ont été mis en évidence par la crise actuelle en Syrie  » a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Nous espérons que cette récompense aura pour effet de braquer les projecteurs sur les terribles atteintes commises en Syrie, et en fera prendre conscience tout particulièrement à la Russie et à la Chine – deux pays qui ont trahi la Syrie cette semaine en opposant leur veto à une résolution des Nations unies sur la crise.  »

Razan Zaitouneh, avocate et journaliste, a obtenu cette récompense pour sa contribution extraordinaire à la défense des droits humains ces dix dernières années, et plus particulièrement pour son rôle dans le mouvement antigouvernemental en Syrie depuis le début des manifestations en mars 2011.

« En dépit d’une répression incessante, Razan Zaitouneh brave la stricte interdiction faite aux médias de couvrir les événements, imposée par les autorités syriennes pour tenter d’empêcher que toute l’horreur de la situation à l’intérieur du pays soit révélée au reste du monde » a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.

Ces activités ont eu un coût personnel élevé. Razan Zaitouneh et son mari, Wael Hammada, ont été forcés d’entrer dans la clandestinité en avril.

Wael Hammada a été arrêté par des membres des services de renseignement de l’armée de l’air le 30 avril et maintenu en détention au secret jusqu’au 12 juillet avant d’être transféré à la prison d’Adhra, la prison centrale de Damas.

Amnesty International a reçu des informations indiquant qu’il a été maintenu à l’isolement, torturé et maltraité durant sa détention. Il a été libéré sous caution le 1er août et attend actuellement d’être jugé pour tout un ensemble de fausses accusations.

Razan Zaitouneh continue de se cacher. Après avoir obtenu cette récompense, elle a déclaré à Amnesty International : « Vivre sans savoir ce qui pourrait arriver l’instant d’après n’est pas facile. Mais nous savons tous que le prix que je paye est modeste par rapport à d’autres. Certains ont payé de leur vie, d’autres ont subi la prison, la torture et les mauvais traitements. »

« Le plus beau, dans la révolution syrienne, c’est l’entrain du peuple syrien, qui transforme les manifestations en festivals de chants, de danses et de clameurs à la liberté, malgré les balles, les arrestations et les chars d’assaut. Cette détermination et cet espoir ne peuvent que nous motiver pour poursuivre notre lutte pour la liberté, » a-t-elle déclaré.

Razan Zaitouneh travaille dans le domaine des droits humains depuis 2001. Avant qu’éclatent les manifestations populaires, elle rassemblait des informations sur les violations des droits humains et fournissait un soutien juridique aux familles de prisonniers politiques. Il lui est interdit de quitter la Syrie depuis 2003.

Depuis la mi-mars, les autorités syriennes ont cherché à étouffer les manifestations en faveur de réformes par une force excessive en prétextant que le gouvernement est la cible de bandes armées.

Plus de 2 300 personnes seraient mortes dans le cadre des manifestations et un grand nombre d’entre elles auraient été abattues par les forces de sécurité. Des milliers d’autres ont été arrêtées, détenues au secret et certaines auraient été torturées.

La récompense décernée à Razan Zaitouneh a été créée en mémoire de la journaliste russe Anna Politkovskaïa, abattue en 2006 après s’être fait connaître pour ses reportages sur le conflit en Tchétchénie. Personne n’a été traduit en justice à la suite de cet homicide. Cette récompense est une initiative de l’organisation RAW in WAR (Reach All Women in War) : www.rawinwar.org (en anglais).

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