Écrire pour les droits, c’est quoi exactement ?
Écrire pour les droits est une campagne mondiale d’Amnesty International de rédaction de lettres en faveur de plusieurs individus en danger dont les droits humains ont été bafoués. C’est aujourd’hui la plus grande mobilisation de défense des droits humains dans le monde ! Envoyer une lettre, c’est dire son indignation et surtout montrer que l’on soutient ces personnes.
Quand peux-tu y participer ?
Il est possible de participer à cette campagne, dans les écoles primaires et secondaires, les mouvements de jeunesse et les maisons de jeunes de Wallonie et de Bruxelles, entre novembre 2024 et février 2025.
Qui peux-tu défendre ?
Joel Paredes en Argentine
En juin 2023, Joel Paredes a participé dans son pays, en Argentine, à une manifestation pour protester contre une réforme du gouvernement. La police a tiré des balles en caoutchouc sur les manifestant·e·s. Il a été touché. Il a définitivement perdu la vue à l’œil droit et souffre également de douleurs invalidantes. Personne n’a eu à rendre de comptes.
Demande justice pour Joel Paredes.
Ana da Silva Miguel ou « Neth Nahara » en Angola
Ana da Silva Miguel, connue sous le nom de « Neth Nahara » est une chanteuse et influenceuse angolaise. En août 2023, elle a critiqué le président de son pays sur TikTok. Elle a été arrêtée puis jugée et condamnée à six mois de prison, peine allongée par la suite à deux ans.
Appelle les autorités angolaises à libérer Neth Nahara immédiatement et sans condition.
Kyung Seok Park en Corée du Sud
Kyung Seok Park est un militant des droits des personnes en situation de handicap en Corée du Sud. Il organise notamment des manifestations pacifiques pour attirer l’attention sur les lacunes du réseau de transports en commun de Séoul en matière d’accessibilité, mais il s’est heurté à des violences policières, à des campagnes publiques de diffamation et à des poursuites judiciaires en raison de ses actions.
Appelle le maire de Séoul à protéger les droits de Kyung Seok Park.
Dang Dinh Bach au Viêt Nam
L’avocat Dang Dinh Bach est spécialiste des questions environnementales et très actif pour défendre le droit de la population vietnamienne à un environnement sain. En juin 2021, il a été arrêté au Viêt Nam pour « évasion fiscale » puis condamné à cinq ans de prison.
Appelle le Viêt-Nam à libérer immédiatement Dang Dinh Bach.
Maryia Kalesnikava au Bélarus
La militante politique Maryia Kalesnikava a osé s’opposer au gouvernement répressif du Bélarus. En septembre 2020, elle a été enlevée par les autorités bélarusses puis condamnée à 11 ans d’emprisonnement sur la base de fausses accusations. Sa famille est sans nouvelles d’elle depuis plus d’un an.
Appelle le Bélarus à libérer Maryia Kalesnikava immédiatement.
Şebnem Korur Fincancı en Turquie
Şebnem Korur Fincancı est médecin légiste en Turquie, elle a consacré sa vie à combattre la torture et à défendre les droits humains. Afin de la réduire au silence, les autorités turques ont lancé contre elle plusieurs enquêtes pénales sans fondement. Elle risque près de deux ans d’emprisonnement dans le cadre de l’une d’elle.
Appelle les autorités turques à mettre fin au harcèlement de Şebnem Korur Fincancı.
Oqba Hashad en Égypte
Oqba Hashad, étudiant de 27 ans, est maintenu en détention provisoire en Égypte depuis mai 2019, uniquement en raison du militantisme de son frère en faveur des droits humains. Oqba a été torturé et privé de sa prothèse de jambe. Alors qu’il est détenu dans des conditions déplorables, les autorités égyptiennes ont lancé de nouvelles poursuites contre lui.
Appelle l’Égypte à libérer Oqba Hashad.
Manahel al-Otaibi en Arabie saoudite
En novembre 2022, Manahel al Otaibi a été arrêtée après avoir publié sur Snapchat des photos d’elle. On y voit qu’elle ne porte pas d’abaya, la tunique traditionnelle à manches longues et à la coupe ample. Manahel al-Otaibi a été condamnée à 11 ans d’emprisonnement pour avoir promu les droits des femmes et s’être exprimée sur les réseaux sociaux.
Demande à l’Arabie saoudite de libérer Manahel al-Otaibi.
La Nation Wetʼsuwetʼen au Canada
Au Canada, la Nation Wetʼsuwetʼen est profondément liée à ses terres ancestrales, mais ses terres et ses conditions de vie sont menacées par la construction d’un gazoduc. Ce projet a été mis en place sans le consentement des Wetʼsuwetʼen. Des membres de la communauté ont bloqué le chantier et aujourd’hui ces personnes risquent d’être condamnées à une peine de prison pour ce geste.
Comment faire pour les défendre ?
En écrivant et en faisant écrire un maximum de lettres pour une ou plusieurs de ces personnes. Pour chacune d’entre elles, nous te proposons d’écrire deux lettres (une lettre de pression destinée aux autorités concernées et une lettre de soutien adressée directement aux personnes en danger).
Il est possible d’organiser une action dans ton école, ton mouvement de jeunesse ou ta maison de jeunes, pour l’ensemble d’entre elles ou seulement pour certaines d’entre elles, lors d’un seul jour ou sur plusieurs jours. En installant un stand pendant les pauses, en y consacrant une ou plusieurs périodes de cours, en organisant la projection d’un film en lien avec la situation ou le pays d’une des personnes en danger concernées par cette action, en faisant du bruit autour de la situation d’une de ces personnes/d’une thématique… Carte blanche à la créativité !
Pourquoi les défendre ?
Pour faire connaître une ou plusieurs situations de violation des droits humains à un maximum de tes co-élèves et d’autres jeunes de ton groupe.
Pour signer des lettres destinées au gouvernement pour défendre la ou les personnes que tu choisis.
Pour écrire des messages de solidarité pour ces personnes en danger.
Avec quel matériel ?
Amnesty International te propose plein d’outils et de matériels (qui seront disponibles dès la fin du mois d’octobre 2024) pour mener cette action dans ton école, ton mouvement de jeunesse ou ta maison de jeunes. Afin qu’elle soit la plus visible possible, pour chaque situation, vous pouvez disposer de :
- une fiche avec, au recto, une brève explication de la situation de la personne concernée, et, au verso, un modèle de lettre à recopier, à destination des autorités, ainsi qu’une proposition de message de soutien à adresser à la personne en danger
- une affiche sur chaque situation
- une carte postale sur laquelle il est possible d’écrire un message ou de faire un dessin pour la personne en danger
- une courte vidéo sur chaque situation.
Et pour les enfants entre 6 et 10 ans, nous proposons un livret-jeux contenant une présentation des histoires de certaines de ces personnes et des jeux associés (mots fléchés, coloriage, quiz, etc.).
Toutes les lettres de pression et/ou messages de soutien écrits en classe ou par des jeunes sont à renvoyer au Programme Jeunesse d’Amnesty International (Chaussée de Wavre 169, 1050 Bruxelles).
Enfin, nous mettons également à la disposition des enseignant·e·s et animateur·rice·s un manuel présentant l’action et les 9 situations ainsi que des fiches pédagogiques proposant des activités liées aux situations de certaines de ces personnes en danger.
Concrètement, si une classe participe à cette action, il faut prévoir de commander un exemplaire du manuel et d’une ou plusieurs fiches pédagogiques pour l’enseignant·e, un exemplaire de l’ensemble des affiches ou de certaines affiches (selon que la classe décide d’agir pour toutes les personnes ou seulement certaines d’entre elles) et une fiche et une carte postale (pour chaque personne en danger ou seulement certaines personnes) à destination de chaque élève qui participe à l’action (selon, encore une fois, que la classe décide d’agir pour toutes les personnes ou seulement certaines d’entre elles).
Et ça marche ! Écrire une lettre change une vie
Chaque année, de véritables changements surviennent grâce à vos lettres et vos actions. Des personnes injustement emprisonnées sont libérées, des responsables de violences sont traduits en justice, et des personnes détenues sont traitées plus humainement.
Et surtout, la solidarité compte ! Tu peux penser qu’écrire à une personne que tu ne connais pas ne changera rien, ou que cette personne n’a pas envie de recevoir un message de toi. Mais lorsque tu es enfermé·e ou que tu crains pour ta vie pour avoir dénoncé une injustice, savoir que quelqu’un te croit et pense à toi a une réelle importance.
Dans le cadre de notre dernière action Écrire pour les droits, nous vous avions demandé de vous mobiliser notamment pour Rita Karassartova qui risquait jusqu’à 20 ans de prison au Kirghizistan, pour avoir manifesté pacifiquement au sujet du droit à l’eau. Les mobilisations massives en sa faveur ont eu un impact !
C’est le 22 octobre 2022 que la vie de Rita Karassartova a basculé. Ce jour-là, Rita a été arrêtée après s’être exprimée publiquement et pacifiquement pour protester contre un projet d’exploitation d’un réservoir d’eau. Comme elle craignait que sa communauté n’ait plus suffisamment d’eau, elle a, avec d’autres, appelé la population à manifester, ce qui n’a pas plu au gouvernement de son pays. Arrêtée puis détenue pendant plusieurs mois, elle a finalement été libérée, mais a été assignée à résidence en attendant d’être jugée. Elle était accusée de « tentative de renverser le gouvernement avec violence » alors qu’elle n’avait fait que protester pacifiquement contre un projet qui lui semblait injuste. À l’issue d’un procès qui s’est déroulé en juin 2024, et qui concernait plus de 20 personnes (dont Rita) ayant critiqué l’accord passé entre le Kirghizistan et l’Ouzbékistan sur l’exploitation du réservoir d’eau de Kempir-Abad, les juges ont estimé que les personnes accusées étaient innocentes. Plus de 22 personnes, dont Rita, ont été acquittées.
Merci aux centaines de milliers de personnes qui se sont mobilisées pour elle et qui ont contribué à influencer l’issue de cette affaire et faire en sorte qu’elle soit acquittée.
Alors à nos stylos ! Continuons à agir ensemble, dès novembre 2024 jusqu’à février 2025 pour 9 personnes ou groupes de personnes en danger qui ont besoin de notre aide pour que leur situation change.