Témoignages de 5 activistes LGBTI à suivre de près !

À l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOTB) le 17 mai 2018, Amnesty International est allée à la rencontre de cinq activistes LGBTI (lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres et intersexués) qui se battent pour défendre leurs droits.

« Pour vaincre la transphobie, il faut aussi que l’attitude générale des gens change. »

– Alessandra

Alessandra Ramos Makkeda est une femme transgenre qui milite pour les droits des LGBTI au Brésil. Le Brésil est un lieu clé pour la défense des droits des LGBTI car c’est le pays ayant le taux d’homicides contre des personnes transgenres le plus haut du monde. Plusieurs exemples illustrent les violences à l’encontre des ces personnes comme la vidéo montrant la torture et l’assassinat d’une femme transgenre au Brésil en 2017.

• Le sais-tu ?

Entre janvier et septembre 2017, 277 personnes LGBTI ont été tuées au Brésil. Ce chiffre n’avait pas été aussi élevé depuis 1980.
À côté de cela, un juge du district fédéral avait autorisé en septembre, des psychologues à utiliser des « thérapies de conversion » pour changer l’orientation sexuelle de leurs patients. Cette décision renforce la stigmatisation et la violence à l’égard des personnes LGBTI, l’homosexualité ne devrait pas être considérée comme une maladie.

C’est dans ce climat de haine qu’Alessandra travaille au sein de l’association Transrevolução à Rio qui lutte contre la discrimination et encourage les débats sur les problèmes auxquels sont confrontés chaque jour les personnes lesbiennes, gays et transgenres. Alessandra précise notamment qu’elle entend souvent cette phrase : « les personnes de votre genre ne sont pas les bienvenues ici  ».

Alessandra a également participé à l’organisation du premier forum national des personnes transgenres noires à Porto Alegre en 2015.
Malgré les préjugés et la haine qui touchent ces personnes, Alessandra est déterminée à combattre ces comportements et espère un avenir meilleur pour les personnes transgenres au Brésil.

« Je voulais faire campagne pour les autres, qui se cachaient, comme je l’ai moi-même fait à une époque, et leur dire de ne plus le faire  ».

– Diovi

Diovi a une trentaine d’années et n’arrivait pas à admettre ni à exprimer ce qu’elle était réellement. Elle a alors rejoint le groupe LBT qui se bat pour les droits des personnes lesbiennes, bisexuelles et transgenres au Togo. En effet, le Togo considère que les relations homosexuelles sont une infraction.

• Le sais-tu ?

Actuellement, plus de 70 pays dans le monde pénalisent les relations entre personnes de même sexe allant de la simple amende, à la prison, voire la peine de mort.

Diovi affirme qu’ « au départ, c’était une occasion de se rencontrer entre amies, d’être plus à l’aise et de rester nous-même. Petit à petit, nous nous sommes rendu compte que des organisations gays existaient déjà, et que nous devrions faire la même chose pour nous, afin de défendre nos droits, de nous exprimer et d’apprendre à nous connaître. »

Après avoir rejoint l’association, l’état d’esprit de Diovi a totalement changé et elle a même voulu faire campagne pour les autres personnes qui comme elle, se cachent. Elle affirme que « nous sommes tous des êtres humains et nous avons aussi des droits  ».

« Plus les groupes et les personnes LGBTI connaissent et défendent leurs droits, plus nous avançons sur le chemin de la justice ».

– Hartoyo

Alors qu’il a subit de nombreuses persécutions par la police, ainsi que par des foules d’Aceh en raison de sa sexualité, Hartoyo a décidé que cela ne devait plus se reproduire. Il a donc décidé de s’engager pour défendre les personnes LGBTI qui sont menacées de toutes parts et qui risquent des peines de fustigation.

• Le sais-tu ?

La fustigation est une peine visant à battre une personne à coups de fouet. Cette peine est prévue par le Code pénal islamique de l’Aceh. La fustigation et les autres formes de châtiments corporels sont interdits par le droit international, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et par la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, auxquels l’Indonésie fait pourtant partie.

Aceh est une province d’Indonésie qui applique la Charia. En 2015, des lois islamiques ont été introduites à Aceh et considèrent que les relations sexuelles entre personnes du même sexe comme une infraction. Les personnes coupables de cette infraction s’exposent à des peines de fustigation publique.

La Charia est la loi islamique qui réunit tous les droits et les devoirs, individuels et collectifs des musulmans. C’est un ensemble de règles, d’interdits et de sanctions. Parmi les châtiments, la Charia prévoit notamment la peine de mort pour un meurtre, cent coups de fouet pour un adultère ou encore l’amputations de la main droite pour le vol. Amnesty est totalement opposée à ce type de châtiments corporels qui enfreint les droits humains.

Si Hartoyo n’a pas été soumis à la fustigation, il a cependant été humilié par la police. Hartoyo raconte qu’en 2007, il a été surpris avec son compagnon et « la police m’a uriné sur la tête et nous a roué de coups tous les deux. On nous a traités comme des animaux  ».

Pour éviter que cela se reproduise, il a alors créé une organisation nommée Suara Kita (« Notre voix »), qui se consacre aux droits des personnes LGBTI.

Mais la défense de ces droits comporte de nombreux risques en Aceh. En 2017, un couple gay a été soumis à la fustigation mais lorsque « je me suis rendu en Aceh pour rencontrer les victimes, j’ai été pris en chasse par un groupe de personnes, explique Hartoyo. J’ai changé d’hôtel pour des raisons de sécurité, avant de pouvoir finalement rencontrer les victimes et tenter de leur venir en aide ».

Malgré les risques, Hartoyo continue de se battre pour ces personnes victimes de discrimination.

« Je veux que notre société accepte la diversité  ».

– J

En Corée du sud, le climat à l’égard des personnes LGBTI est hostile. J est lesbienne et explique que « le gouvernement et la société de ce pays essaient de faire comme si nous n’étions pas là. Les médias parlent d’amitiés fusionnelles pour qualifier l’amour ou l’affection entre deux hommes (« bromance ») ou deux femmes (« girl crush »). Ils ne veulent pas reconnaître l’existence des gays ou des lesbiennes ».

• Le sais-tu ?

En Corée du sud, les lesbiennes ne sont pas les seules cibles des discriminations. Il est également très difficile pour les hommes homosexuels de remplir leurs obligations militaires sans subir d’injures, de harcèlement ou de violences.

J fait partie de ces personnes qui cachent leur homosexualité à leur famille et à certaines de leurs connaissances. Seuls ses amis proches sont au courant.
J pense que le gouvernement coréen devrait rendre la vie des personnes LGBTI plus facile en Corée du sud. Elle affirme qu’il est nécessaire que la société accepte la diversité en mettant en place une éducation respectueuse de l’homosexualité au sein des écoles et des familles. « Pour cela, nous avons besoin d’une loi anti-discrimination. Nous devons aussi légaliser le mariage », ajoute-t-elle.

« Pour moi, l’IDAHOTB est une journée de rencontres chaleureuses avec des activistes qui se battent contre la transphobie et l’homophobie 365 jours par an ».

« Pour moi, l’IDAHOTB est une journée de rencontres chaleureuses avec des activistes qui se battent contre la transphobie et l’homophobie 365 jours par an ».

– Soldado

En 2016, Soldado Kowalisidi a été forcé de quitter sa Sibérie natale pour fuir vers l’Ukraine en raison des persécutions dont il était victime en tant qu’homme transgenre. Il est depuis devenu un militant transgenre et intersexué afin de lutter contre les persécutions à l’encontre des personnes LGBTI en Russie, où les agressions sont devenues banales.

• Le sais-tu ?

Les personnes LGBTI subissent de nombreuses discriminations et persécutions autorisées par l’État en Russie. En Tchétchénie par exemple, des centaines d’hommes homosexuels ont été enlevés, soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements dans des prisons secrètes. Certains ont même été tués. Ces actes sont totalement contraires aux droits reconnus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Soldado a lui même été victime de ces agressions, il témoigne : « à cinq reprises, j’ai été sauvagement battu dans la rue par des groupes de « militants » soutenus par l’État. Le FSB a tout fait pour m’empêcher d’agir et de mener des actions en faveur des personnes transgenres, et mes agresseurs ont menacé de me tuer ».

Soldado poursuit ses actions militantes en Ukraine et est également bénévole au sein d’Amnesty International. Il y a rencontré son compagnon, qu’il a épousé. Mais les problèmes sont loin d’être derrière lui puisque le gouvernement ukrainien a rejeté sa demande d’asile et menace de le renvoyer en Russie.

Il garde cependant espoir et affirme que l’IDAHOTB est « l’occasion de mieux faire entendre les voix de ces activistes qui, à l’heure actuelle, n’ont pas la possibilité de s’exprimer ouvertement dans les médias  ».

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