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Survivre en Haïti : un combat quotidien
En Haïti, huit mois après le séisme, plus d’1,3 millions d’Haïtiens continuent de lutter pour survivre dans des villes de tentes qui n’offrent qu’une faible protection. Les personnes qui se sont (…)
Région : République démocratique du Congo
Thème : Le viol comme arme de guerre
ONG congolaise : SOFAD (Solidarité des Femmes Actives pour la Défense des droits humains)
Jeunes belges : Collège d’Alzon de Bure
Contexte historique et politique
Depuis l’indépendance du pays, en 1960, les liens entre la Belgique et le Congo ont connu des hauts et des bas, mais on ne peut effacer les traces d’un passé commun. La Belgique est pour cette raison souvent considérée comme un acteur de premier plan pour tout ce qui concerne ce pays. En dehors des liens politiques, ce sont des liens culturels, économiques et familiaux qui unissent les deux pays.
Le Congo est une ancienne colonie belge. C’est le Roi Léopold II qui a pris l’initiative de l’aventure coloniale, d’abord en son nom propre. Il est difficile de comprendre avec nos références d’aujourd’hui comment un roi pouvait acquérir, par la force et la diplomatie, un territoire 80 fois plus grand que la Belgique. Pour cela, il faut bien entendu resituer le contexte géo-politique de l’époque et aussi expliquer à quel point les populations noires étaient considérées comme inférieures et, de manière paternaliste, comme des peuples sauvages qui ne pouvaient que bénéficier de l’apport de la civilisation occidentale. Pourtant, la manière dont Léopold II a entrepris sa colonisation forcée, avec notamment la polémique des mains coupées qui a choqué l’opinion publique de l’époque, en Belgique comme à l’étranger.
En 1908, Léopold II cède le Congo à la Belgique : l’État indépendant devient colonie belge. Pour une nation en plein développement économique, c’était une aubaine car le Congo regorgeait de matières premières. C’est notamment l’exploitation de ces richesses qui a permis à la Belgique de devenir une des plus grandes puissances industrielles au début du 20ème siècle.
Il est difficile de retracer ici toute l’époque coloniale du Congo belge. Pour cela, vous trouverez des informations sur le site http://www.cobelco.info/
De l’indépendance à nos jours
En 1960, le Congo acquiert son indépendance dans la violence, avec l’assassinat de Patrice Lumumba, la guerre de sécession au Katanga, des troubles interethniques, la lutte d’influence entre les deux blocs américain et soviétique, en pleine guerre froide.
En 1965, le Congo tombe sous la coupe autoritaire du maréchal Mobutu, qui décide de rebaptiser le pays « Zaïre ». Il installe petit à petit un des régimes africains les plus durs, corrompus et dictatoriaux. Ce dictateur aux manières de souverain et entouré de dirigeants peu scrupuleux va se maintenir au pouvoir pendant 32 ans et mener le pays au désastre économique. Pour en savoir plus sur cette période, nous vous conseillons de voir les films de Thierry Michel comme « Le cycle du serpent », et « Mobutu, roi du Zaïre ».
Mobutu est renversé en 1997 après la victoire de la rébellion menée par Laurent-Désiré Kabila et soutenue par des pays voisins, dont le Rwanda. Le pays est rebaptisé « République démocratique du Congo » et Laurent-Désiré Kabila prend la tête du pays. La tension monte entre Kabila et ses anciens alliés. Les affrontements se multiplient. En janvier 2001, la guerre voit un tournant décisif avec l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Son fils, Joseph Kabila, âgé de 31 ans, lui succède.
Un pays à la dérive
La République démocratique du Congo est dans une situation sociale et économique catastrophique. Cet immense pays situé au carrefour de toutes les régions africaines réunit pourtant de multiples atouts. Sa population, qui compte plus de 250 ethnies, est équitablement répartie sur un territoire vaste et généreux. Son climat est tempéré et ses terres sont fertiles. Son sol regorge de ressources minières : or, diamants, pétrole, cuivre, uranium, cobalt… C’est en partie la volonté de contrôler de ces richesses qui maintient le pays en guerre.
Le gouvernement de transition de 2003, constitué sur la base d’un partage du pouvoir et réunissant des membres de l’ancien gouvernement et des représentants des principaux groupes armés, des partis politiques d’opposition et de la société civile, a peu progressé vers l’unification et la démocratisation. Les querelles intestines et la méfiance au sein du gouvernement ont créé un climat de tension permanente et suscité des conflits armés occasionnels entre les unités militaires censées constituer une armée nationale unifiée.
La plupart des projets de réinsertion des soldats ont pris énormément de retard ou n’ont tout simplement pas été mis en œuvre, d’où l’impossibilité pour des milliers de miliciens démobilisés d’accéder à d’autres formes d’emploi. En outre, les pays voisins, et surtout le Rwanda et l’Ouganda, ont soutenu des groupes armés ou ont envoyé leurs propres forces armées afin de contrôler une partie du territoire congolais. Le retard considérable pris dans l’adoption des lois électorales et dans l’organisation des élections qui avaient été prévues pour juin 2005 (finalement organisées le 30 juillet 2006) s’est traduit par la prolongation de l’étape de transition jusqu’en juin 2006. Ces élections sont les premières élections législatives depuis que le Congo a obtenu son indépendance de la Belgique, en 1960. En août 2006, l’annonce des résultats a provoqué la mort d’une vingtaine de personnes, suite aux violences entre les milices des deux grands rivaux, le président Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba.
L’espoir qu’avaient suscité les élections a été terni par la poursuite des conflits dans l’Est du Congo et par le peu de changement pour la population, toujours noyée par la misère et le manque de soutien de la communauté internationale. La Chine a beaucoup investi au Congo, obtenant le contrôle d’une grande partie des richesses naturelles contre la promesse de construire des routes, des écoles, des hôpitaux…
Nord-Kivu et Sud-Kivu : deux provinces très convoitées
Le Nord-Kivu et le Sud-Kivu sont des provinces congolaises situées à l’Est de la République démocratique du Congo, à la frontière avec le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. C’est une région très riche en matières premières : on y trouve du cassitérite, du bois, mais surtout du coltan, un des composants qu’on utilise pour la fabrications des GSM. Le contrôle de l’exploitation et du trafic de ces matières premières est une des causes de la guerre qui secoue l’Est du Congo.
En août 2007, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un groupe armé rebelle dirigé par le général Laurent Nkunda, a repris les armes contre l’armée régulière et ses alliés, principalement les Maï-Maï et le FDLR, les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda, un groupe composé notamment de miliciens Interahamwe. Ces derniers sont considérés comme les responsables du génocide rwandais en 1994 et se sont réfugiés en RDC, menaçant la population civile.
Les membres du CNDP et des précédents groupes armés dirigés par Laurent Nkunda ont été accusés de crimes de guerre et autres graves atteintes aux droits humains par les Nations unies, ainsi que par des organisations nationales et internationales de défense des droits humains, dont Amnesty International. Parmi ces allégations, on peut citer l’enrôlement et la conscription d’enfants soldats, les homicides illégaux et le viol systématique des femmes et des jeunes filles. Laurent Nkunda a fait l’objet d’un mandat d’arrêt international décerné par les autorités de RDC en septembre 2005 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et insurrection. En dépit de ces multiples accusations, Laurent Nkunda a pu pendant de nombreuses années circuler librement entre sa base située dans l’est de la RDC, le Rwanda et l’Ouganda. Laurent Nkunda a été arrêté en janvier 2009 par ses ex-alliés, les forces armées rwandaises et sa milice a intégré l’armée congolaise. Il est détenu à Kigali en attendant son jugement qui devrait avoir lieu à Kinshasa.
Contexte social
Viols, pillages, travail forcé, tortures… C’est un vrai cauchemar que vivent les habitants du Congo. Au Nord comme au Sud et de conflit en conflit, les enfants sont utilisés de gré ou force et transformés en de véritables « machines à tuer ».
La crise humanitaire et des droits humains dans l’Est de la RDC s’est terriblement aggravée depuis le début du mois d’octobre 2008, lorsque le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), sous le commandement du général rebelle Laurent Nkunda, a lancé une violente offensive contre les forces gouvernementales.
Les enfants subissent les pires formes de traitements, de la part de l’armée régulière comme des groupes armés rebelles. Au moins 250 000 civils, dont une grande majorité de femmes et d’enfants, ont dû fuir, portant le nombre total de personnes déplacées dans le Nord-Kivu, par ce conflit et les précédents, à plus d’un million, voire à 1,6 million selon certaines estimations. La plupart de ces personnes se trouvent dans une situation désespérée, manquant de nourriture, d’eau, de médicaments ou d’abris.
Le viol, utilisé comme arme de guerre
En République Démocratique du Congo, le viol a été utilisé de manière systématique comme une arme de guerre par toutes les parties au conflit. Une arme qui visait à terroriser la population, à la casser psychologiquement pour mieux la soumettre. Aujourd’hui encore, les femmes qui assurent la survie de leur famille en se rendant aux champs ou au marché pour vendre leurs produits s’exposent aux violences sexuelles des bandes armées, voire à celles des policiers qui agissent en toute impunité. En effet, malgré un processus de paix engagé en 2002, des groupes armés voient, encore aujourd’hui, la violence comme un moyen d’atteindre leurs objectifs politiques et économiques. Selon les Nations Unies, 45 000 femmes ont été violées pendant la seule année 2005.
Les suites du viol et le traumatisme qu’il entraîne vont bien au-delà de l’agression proprement dite. Les femmes qui survivent à un viol peuvent souffrir de graves séquelles, qui peuvent les marquer à vie : troubles affectifs, problèmes psychologiques, maladies, marginalisation,...
Le traumatisme du viol se double pour la victime d’un second drame : celui du rejet. Dans cette société traditionnelle, la femme violée est en effet considérée comme souillée pour le restant de ses jours. Elle est répudiée par son mari, exclue par sa famille et doit tenter de survivre seule. Nombre de ces femmes sont, en outre, contaminées par le virus du sida, tout comme le bébé auquel elles donnent parfois naissance. Abandonnées par les leurs et par un Etat qui s’est totalement effondré, une infime minorité d’entre elles est recueillie par des associations créées par des femmes elles-mêmes victimes de viols.
De nombreuses victimes de viol souhaitent engager une action en justice contre leurs agresseurs, mais les défaillances du système judiciaire et la peur des représailles empêchent encore qu’elles obtiennent justice et réparation.
Une agression sexuelle peut avoir diverses conséquences physiques : blessures infligées lors des violences, grossesse et maladies sexuellement transmissibles. Le viol s’accompagne souvent de brutalités extrêmes. Les victimes sont rouées de coups, on utilise des corps étrangers pour les violer ou on leur fait subir des mutilations sexuelles. Les femmes qui survivent à un viol sont fréquemment obligées d’assumer les soins que leur état nécessite. Dans de nombreux pays où le viol est employé comme une arme de guerre, comme en République démocratique du Congo, il n’existe aucun système de soins gratuits garantis par l’État.
La SOFAD : une ONG au service des femmes victimes
Depuis plus d’une décennie, les femmes et les enfants de la partie est de la RDC vivent sans soutien ni protection dans des conditions déplorables et font l’objet de toutes sortes de violences. En raison de ces violences, Gégé Katana a créé « Solidarité des Femmes Actives pour la Défense des droits humains » (SOFAD), une structure de solidarité pour former des militantes, des femmes activistes. En République démocratique du Congo, où la violence sexuelle est taboue, Gégé apprend aux femmes à défendre leurs droits. Elle collectionne notamment leurs témoignages et vérifie qu’ils sont connus et déclarés à la cour de justice. La détermination des femmes membres de la SOFAD à s’engager dans la lutte contre les violences et la discrimination envers les femmes a permis la mise en place de noyaux de paix et la structuration des femmes au sein des communautés de base et au sein des différentes classes sociales.
La SOFAD agit en partenariat avec Amnesty International dans le but de garantir la sécurité des femmes défenseurs des droits humais et de leur travail.
Sources
– « Congo : le viol comme arme de guerre », Bruno Fert, 2004 - Cliquez ici.
– « Les crimes commis contre les femmes lors des conflits armés », extrait du rapport public, Amnesty International, 2004 - Cliquez ici.
– « Congo (RDC) – Gégé Katana, ’’Maman Gégé’’ », Dossier Papiers Libres 2006 : Les défenseurs des droits humains, Roland d’Hoop, Amnesty International - Cliquez ici.
– « Sofad all stars », 2007, Amnesty International -Cliquez ici
– Dazibao n°34, RDC : Des enfants en première ligne, Amnesty International Belgique Francophone, Décembre 2008. Cliquez ici.
Amnesty International met à la disposition des écoles, sous forme de prêt, cinq expositions pour sensibiliser les élèves aux droits humains.
Une exposition illustrée sur les droits de l’enfant à accueillir dans les écoles primaires ou secondaires
Signe la pétition pour exiger un cessez-le-feu de la part d’Israël et du Hamas afin de faire cesser les souffrances de la population civile.
Les autorités saoudiennes doivent libérer toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.
Signe la pétition pour que les autorités abandonnent les charges contre Pierina Nochetti, militante lesbienne en faveur des droits humains en Argentine