Mao Hengfeng, qui a été envoyée dans un camp de « rééducation par le travail » pour dix-huit mois, a vu cette période prolongée de trois mois. Amnesty International craint que cette décision n’expose davantage cette femme au risque d’être torturée.
D’après l’organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights in China, la prolongation de sa peine a été autorisée à la fin du mois de décembre par des « personnes haut placées ». Les autorités n’ont pas permis à Mao Hengfeng ni à ses proches de consulter les documents relatifs à cette prolongation, si bien qu’on ignore l’identité des fonctionnaires qui l’ont ordonnée, de même que la raison qui les a incités à agir de la sorte.
Le fait que Mao Hengfeng a refusé de reconnaître ses « fautes », même sous la torture, ou de signer des documents attestant qu’elle avait subi une « réforme de la pensée » en détention n’est certainement pas étranger à cette décision. Par ailleurs, des responsables du camp de « rééducation par le travail » auraient annoncé à Mao Hengfeng que les visites de sa famille et ses communications téléphoniques seraient limitées si elle persistait dans son refus d’« avouer ».
Dans le passé, Mao Hengfeng, mère de deux enfants, a été contrainte à interrompre sa troisième grossesse ; elle avait déjà perdu son emploi après avoir enfreint les règles du planning familial chinois une première fois, il y a quinze ans, en entamant une grossesse alors qu’elle avait déjà un enfant. Depuis lors, cette femme a saisi les autorités à maintes reprises, en se conformant aux procédures officielles, afin de protester contre son licenciement et contre le traitement qu’elle avait subi aux mains de la police. Cela lui a valu d’être arrêtée plusieurs fois et internée de force dans des établissements psychiatriques, où elle a été soumise contre son gré à un traitement aux électrochocs.
En avril 2004, Mao Hengfeng a été envoyée dans un camp de « rééducation par le travail » pour une période de dix-huit mois en raison de ses démarches persistantes auprès des autorités. Elle aurait été torturée à au moins deux reprises : en octobre 2004, elle a été ligotée, suspendue au plafond et battue, puis, au mois de novembre, des responsables du camp lui ont attaché les poignets et les chevilles avec des lanières de cuir et ont tiré ses membres dans différentes directions, tout en exigeant qu’elle reconnaisse ses « fautes ». Ce supplice a duré deux jours.
INFORMATIONS GÉNÉRALES
Amnesty International reçoit de nombreuses informations faisant état d’actes de torture et autres formes de mauvais traitements infligés dans divers établissements sur l’ensemble du territoire chinois, notamment dans des postes de police, des prisons et des camps de « rééducation par le travail ». Parmi les pratiques les plus courantes figurent les coups de pied, les passages à tabac, les décharges électriques, la suspension par les bras, l’enchaînement dans des positions douloureuses ainsi que la privation de sommeil et de nourriture. Par ailleurs, des personnes ayant enfreint les règles du planning familial auraient été soumises à des mauvais traitements, voire des actes de torture, en particulier des stérilisations et des avortements forcés.
MODELE DE LETTRE
Premier ministre de la République populaire de Chine :
WEN Jiabao Zongli
Guowuyuan
9 Xihuangchenggenbeijie
Beijingshi 100032
République populaire de Chine
Monsieur le Premier Ministre,
Je suis un/e étudiant/e de l’école... en Belgique.
Je suis préoccupé par la prolongation de la peine prononcée contre Mao Hengfeng ; et je crains que cette décision n’expose davantage cette femme au risque d’être torturée.
En conséquence, je vous demande de libérer cette femme immédiatement et sans condition et de lui permettre de poursuivre ses démarches librement ;
Je vous demande également :
– de sanctionner tout individu reconnu coupable d’actes de torture sur la personne de Mao Hengfeng ;
– d’abolir la pratique de la « rééducation par le travail », une forme de détention administrative ordonnée sans jugement ni même inculpation.
En espérant que vous tiendrez compte de ma lettre, je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’expression de mes sentiments distingués.
Nom et prénom :
Adresse :
Signature :
Envoyez une copie au Ministre de la Justice :
Ministre de la Justice :
ZHANG Fusen Buzhang
Ministry of Justice
10 Chaoyangmen Nandajie, Chaoyangqu
Beijing 100020,
République populaire de Chine