LES IMMIGRÉS

Comment devient-on un immigré ? interview de Khalil Jemmah

Les personnes qui quittent leur pays d’origine pour venir vivre dans un autre État cherchent de meilleures conditions de vie.
Pour le migrant, l’immigration peut avoir une raison :
- professionnelle (mission de longue durée à l’étranger),
- politique (réfugié politique),
- économique (habitant de pays pauvres cherchant un meilleur niveau de vie dans les pays riches, éventuellement temporairement)
- sentimentale (volonté de s’installer dans un pays par goût, par exemple si l’on se reconnaît dans ses valeurs).

Extrait de l’interview de Khalil Jemmah, président de l’Association des familles des victimes de l’immigration clandestine (AFVIC, Maroc). 19 juin 2005 :

Est-ce que vous pouvez nous raconter le périple que suivent à partir du Maroc les candidats à l’exil ?

Il y a d’abord le recruteur. C’est quelqu’un qui est du village et qui fait le recrutement des personnes qui veulent partir. Après, il y a le transporteur qui conduit les jeunes du village vers la côte. Et puis nous avons l’hébergeant, qui assure l’hébergement en attendant le moment propice pour partir. Et là, on assiste à une exploitation incroyable. Ainsi, une baguette de pain qui coûte un dirham peut atteindre 6 dirhams. Les sandwichs sont vendus quatre ou cinq fois plus cher. C’est tout un business qui fleurit autour de ça ».

Comment se passe la traversée ?

« Avant, le trajet s’étalait sur 30 à 60 kilomètres. Les côtes marocaines s’étendent sur 3 500 km et sont, de ce fait, difficiles à contrôler. Aujourd’hui, avec l’approche sécuritaire instaurée par les Européens, les clandestins prennent plus de risques.

ls doivent faire 200, voire 500 km de traversée en haute mer, dans des conditions très difficiles à bord de pateras de fortune, pour atteindre Tarifa, dans le sud de l’Espagne. Nous ne cessons de dire que l’approche sécuritaire n’a fait qu’aggraver le risque pour nos enfants et enrichir les mafias de trafic humain ».

Combien coûte le voyage ?

« Cela va de 400 euros jusqu’à un voyage de luxe par avion à 7 000 euros. Les mafias du trafic humain, malgré toutes les méthodes sécuritaires utilisées, ont leur stratégie. Il faut savoir que le flux migratoire qui arrive par pateras ne représente absolument rien par rapport au flux migratoire qui arrive par avion. Les passeurs procèdent en trafiquant les documents ou en pratiquant ce qu’on appelle le via-via, avec des complicités à l’aéroport de Madrid par exemple, en passant par Damas ».

TEMOIGNAGES

« Pour me faire venir, ma famille a payé 10 000 dollars en 1999 à une organisation de passeurs, des « têtes de serpent ». Je suis arrivé en Grèce par avion, puis en train jusqu’à Milan et, enfin, Paris », se souvient Dong Liwen responsable du collectif des sans-papiers Multitude ».
« Les clandestins chinois travaillent comme des bêtes de somme pour rembourser, en trois ou cinq ans, l’argent qui a été avancé pour leur passage », souligne Marc Paul, président de l’Association de soutien linguistique et culturel (ASLC), qui fait également office d’adresse postale pour 6 000 Chinois de Paris. « Car ne pas honorer sa dette, poursuit-il, c’est exposer sa famille restée en Chine à de violentes représailles. » C’est aussi la crainte - suprême avanie - de « perdre la face », d’abandonner son honneur..

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