Viol comme arme de guerre : généralités

Qu’est-ce que le viol comme arme de guerre ?

Le viol contre les femmes est souvent utilisé comme une arme de guerre, visant à les punir et à les déshumaniser, et à persécuter le groupe auquel elles appartiennent.

Les meurtres, les viols systématiques et généralisés ainsi que les autres formes de violence sexuelle sont généralement perpétrés dans le but de démoraliser « l’ennemi » et de l’exterminer.

Dans de nombreux pays, la femme représente l’honneur du groupe. Toute attaque contre une femme est perçue comme une attaque contre tout le groupe. Pour renforcer leur sentiment de honte, des femmes sont violées devant leurs proches. Lorsqu’elles sont prises pour cibles parce qu’elles portent en elles les générations futures, leur corps est mutilé et leur foetus est tué.

En temps de guerre, le viol de civils ennemis par des soldats en territoire conquis est parfois accepté par la hiérarchie militaire qui considère que c’est à la fois un défoulement, une récompense, une vengeance et un moyen de casser le moral de la population conquise (par exemple, lors de l’occupation de Berlin par l’Armée Rouge en 1945).

Les viols systématiques sont aussi un élément d’épuration ethnique comme en Bosnie au début des années 90. Les nombreuses naissances d’enfants de « couples » mixtes qui s’ensuivent pourraient à terme briser la cohésion ethnique du groupe victime. Il faut rajouter que ces viols n’ont pas eu que des conséquences morales, les viols systématiques ayant très fortement contribué à la propagation du SIDA.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Viol_e...

Dans presque tous les conflits du monde, le viol est utilisé de façon planifiée pour humilier et déshumaniser l’ennemi. Pour les femmes qui ont été torturées ou violées en temps de guerre, il est souvent impossible de recevoir des soins médicaux et une réparation en justice. Les enquêtes menées, par exemple, dans l’ex-Yougoslavie, dans le nord de l’Ouganda, dans l’est du Congo et en Inde ont démontré que la plupart des victimes de viol ne parlent pas par crainte d’être stigmatisées par la société ou repoussées par leur mari. Les témoignages montrent également que cette peur est tout à fait justifiée : certaines femmes violées n’ont jamais pu trouver de mari, tandis que celles qui étaient mariées ont souvent été abandonnées par leur époux.

Ainsi, lorsque le conflit cesse, la violence ne diminue pas forcément. Dans les sociétés ravagées par la guerre, la violence exercée contre les femmes est souvent très importante, au sein de la famille ou dans la communauté.

Témoignage :

Elle s’est présentée comme Marijanna, mais son vrai nom est Mirsada. Ella a très peu parlé à son arrivée à l’hôpital en 1992, le conflit en Bosnie-Herzégovine n’était alors vieux que de quelques mois et la brutalité, sur les lignes de front en mouvement, dissimulait encore les histoires de viols collectifs.

Les semaines passant, cependant, la jeune fille à la peau claire et aux cheveux bruns - moitié croate moitié musulmane - parla de son emprisonnement avec sa mère et une douzaine d’autres femmes, dans les sous-sols de l’Hôtel de ville de sa ville natale de Teslic, au Centre-Nord de la Bosnie. Ses geôliers, serbo-bosniaques issus des troupes irrégulières, l’ont violée, elle et les autres, et les ont forcées à avoir des rapports sexuels avec les troupes serbo-bosniaques en uniforme, déployées dans la zone. Elle et sa mère étaient forcées à regarder quand l’autre se faisait violer collectivement trois fois par jour, tous les jours, pendant quatre mois.
Mirsada fut libérée quand il devint visible qu’elle était enceinte et que son geôlier violeur lui dit : « Va donner naissance à notre enfant serbe ». Le temps qu’elle traverse la ligne de front et qu’elle puisse trouver des soins médicaux en Croatie, le fœtus était déjà trop développé pour qu’elle puisse avorter en toute sécurité. Quand elle s’assit dans la salle de la maternité de l’Hôpital Petrova de Zagreb, elle garda la paume de sa main posée sur l’estomac. Dans son ventre, continuait de grandir la preuve des horreurs croissantes de la guerre bosniaque. Mirsada avait 17 ans.

Extrait de « Crimes of War », « Violence sexuelle » par Thom Shanker

Rappel :

Le viol comme « trophée de guerre » fut présent tout au long de l’histoire ; on peut même remonter jusqu’à l’époque des rois guerriers de la Méditerranée contée par Homère.

Pendant longtemps, le viol en temps de guerre a été considéré comme quelque chose de naturel, bien que malheureux ; comme un aspect inévitable des combats. Les nombreux témoignages de femmes violées systématiquement durant la guerre en ex-Yougoslavie au début des années 1990 ont choqué l’opinion publique, rappelant que cette pratique était toujours en vigueur, même en Europe.

A cause de témoignages comme celui de Mirsada, confirmés par des correspondants sur place, le monde a dû prendre en compte l’existence des camps d’esclavage sexuel et des stratégies de viols collectifs systématiques.

Historique :

1474 : un militaire, Sir Peter von Hagenbach, est condamné pour viol en temps d’occupation militaire (en Autriche), par un tribunal militaire.

1863 : durant la Guerre civile américaine, une ordonnance signée par le Président Lincoln dénonçait le viol comme « crime capital ».

1907 : L’Article 46 de la Convention Internationale de La Haye inclut explicitement le viol dans les règles de conduite des hostilités.

1945 : Au départ, aucune mention n’est faite des viols dans les statuts du Tribunal Militaire International de Nuremberg.

1949 : l’Article 27 de la 4ème Convention de Genève indique clairement que les femmes doivent être protégées contre toute atteinte à leur honneur. Le problème est que cet article ne s’applique qu’aux conflits internationaux, or le conflit en Bosnie (par exemple) peut-être considéré comme une guerre civile... Il faut alors se référer à l’article 3 qui interdit tout traitement cruel, la torture et les outrages à la dignité humaine, même s’il ne mentionne pas explicitement le viol.

1998 : le nouveau statut de la Cour Pénale Internationale, qui l’établit comme permanente, permet de dénoncer comme « crime contre l’humanité », tous les actes de viol, d’esclavage sexuel, de prostitution, de grossesse ou de stérilisation forcées et toute autre forme de violence sexuelle de même gravité, que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix, de nature étendue ou systématique.

Aspects juridiques :

Aujourd’hui, le viol planifié et stratégique au sein d’un conflit peut-être considéré par le droit international comme un acte de génocide.
En effet, après avoir conclu que le génocide est un crime puni par le droit international, qu’il se passe en temps de guerre ou paix, la Convention de 1948 définit le génocide comme : « toutes les actions suivantes commises dans le but de détruire, tout ou partie, d’un groupe national, éthique, racial, ou religieux : assassinat de membres d’un groupe, atteintes corporelles ou mentales de membres d’un groupe, actions punitives ayant des conséquences directes sur les conditions de vie d’un groupe et visant à sa destruction physique totale ou partielle, mesures contraignantes cherchant à empêcher toute naissance au sein d’un groupe, transferts de force d’enfants d’un groupe vers un autre. »

Extraits de « Crimes of War »
« Violence sexuelle » par Thom Shanker

Spécificités enfants :

Des Conventions protègent particulièrement les enfants, comme celle de Genève qui demande la protection des enfants contre toute forme d’attentat à la pudeur.
Certains gouvernements et entités non gouvernementales s’arrangent aussi pour créer des « jours de tranquillité » et des « couloirs de sécurité » dans les zones de conflit, afin de fournir aux enfants des aides spécifiques.

www.unicef.org

Quelques chiffres en fonction des conflits :

Rwanda

D’après une estimation de l’Organisation des Nations unies, entre 250 000 et 500 000 viols ont été commis au cours du génocide de 1994. Les humiliations faisaient partie intégrante des sévices infligés : certaines femmes ont été contraintes de défiler nues en public ou de se livrer à des actes dégradants sur ordre de soldats et de miliciens.

Guatemala

Pendant la guerre civile qui a marqué les années 70 et 80, les massacres des villageois maya ont généralement été précédés du viol des femmes et jeunes filles. En décembre 1982, par exemple, des soldats guatémaltèques sont entrés dans le village de Dos Erres (La Libertad, département de Petén), situé dans le nord du pays. Lorsqu’ils sont repartis, trois jours plus tard, plus de 350 personnes -dont des hommes, des femmes et des enfants - avaient été tuées. Les femmes et les adolescentes avaient été systématiquement violées avant d’être abattues. L’enquête sur ce massacre a été entravée par des menaces de mort et des actes d’intimidation répétés contre les familles des victimes et les membres des équipes médico-légales. Aujourd’hui, en dépit des informations détaillées fournies par des témoins oculaires, personne n’a été traduit en justice.

Néanmoins, il est toujours difficile d’évaluer le nombre de viols, car les femmes victimes de viols ont souvent honte et peur de témoigner.

République Démocratique du Congo

Durant le conflit qui a endeuillé l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), des dizaines de milliers de femmes et de filles furent violées par les combattants des groupes armés et des troupes gouvernementales. Les victimes sont aussi bien de très jeunes filles (des cas rapportés à Amnesty International font état de filles âgées de cinq ans et de viols de bébés) que des femmes âgées (de septante ans et plus). Certaines femmes ont été violées à deux voire trois occasions distinctes par les combattants des deux bords ; cela montre l’ampleur et l’horreur de cette situation. Dans certaines régions, des hommes et des garçons furent aussi violés.

Des victimes de viol réunies pour rencontrer une déléguée d’Amnesty International à Uvira, dans la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo. © AI

Témoignages :

Natalie avait douze ans quand son village en République démocratique du Congo a été attaqué. “ J’ai vu mes sœurs et ma mère violées par de nombreux soldats. J’avais peur et je pensais que je pourrais être protégée si je rejoignais l’armée. Je voulais me défendre... Je n’avais que douze ans, mais pendant la nuit j’étais souvent battue et violée par les autres soldats. J’ai eu un bébé dès que j’ai eu quatorze ans. Je ne sais même pas qui est le père. Je me suis enfuie... Je n’ai nulle part où aller et je n’ai rien à donner à manger à mon bébé.

Aurélie (pseudonyme) avait dix ans lorsque ses parents ont été tués sous ses yeux et qu’elle a été violée par des soldats. « J’aimerais beaucoup retourner à l’école, mais les autres enfants m’insultent, ils disent que je suis la femme de l’ennemi », a-t-elle raconté à Amnesty International.

“ Comme il n’y a pas de médicaments dans le centre de santé local, j’ai dû marcher jusqu’à la ville. Sur la route, j’ai été arrêtée par deux soldats. Je leur ai expliqué que j’étais malade et que j’étais en route pour avoir des soins parce que j’avais été violée. Ils ont répondu que ça ne faisait aucune différence et ils m’ont jeté par terre et m’ont violé encore, là, sur la route. Depuis je ne peux plus dormir...”

Colombie

« Les soldats nous ont fait descendre du bus, 8 ou 9 d’entre eux m’ont violée et laissée sur la route. Quand je suis arrivée à Dabeiba, les paramilitaires m’ont dit que j’étais une guerillera. Le commandant m’a violée.

Encore des témoignages dans d’autres régions du monde en conflit :

Inde

Bilqis Yakoob Rasool, elle-même victime d’un viol collectif, a perdu quatorze membres de sa famille ; elle raconte : « Ils ont commencé à s’en prendre aux filles en déchirant leurs vêtements. Les filles nues ont été violées devant toute une foule. Ils ont tué le bébé de Shamin, âgé de deux jours. Ils ont tué mon oncle maternel, ainsi que la sœur de mon père et son mari. Après avoir violé les femmes, ils les ont toutes tuées... Ils ont aussi tué mon bébé. Ils l’ont lancée en l’air et elle a heurté un rocher. Après m’avoir violée, l’un des hommes a maintenu son pied sur mon cou et m’a frappée. »

Soudan

“J’ai été emmenée (...) en même temps qu’une dizaine d’autres filles. on nous a fait marcher pendant 3 heures. Pendant la journée, ils nous on battues (...). Ils nous ont violées plusieurs fois la nuit. Les janjawid nous gardaient avec des fusils. Pendant trois jours, nous sommes restées sans nourriture.”

Libéria

Kula, agée de 47, a subi un viol collectif par des membres du goupe armé d’opposition. Elle a été photographiée dans un camp pour personnes déplacées à Monrovia, Liberia, en août 2003

Ouganda

Une femme ougandaise, qui a été violée en face de sa famille, rassemble des feuilles devant sa maison.
Dans beaucoup de cas, les victimes de violence sexuelles sont stigmatisées et rejetées par leur communauté et même par leur propre famille.

Inde

Une femme serre son enfant de deux ans alors qu’elle témoigne, lors d’un rassemblement public à New Delhi, en Inde.
Elle a vu un membre de sa famille se faire violer puis bruler vif à Gujarat, en
février 2002.

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