"Mon fils est parti, on n’a pas compris" Rencontre avec deux parents de jeunes partis en Syrie

"On peut écarter les tables, comme ça on se voit vraiment bien ?" : voilà l’état d’esprit de ces jeunes, juste avant de rencontrer deux parents de jeunes partis en Syrie. Ils veulent pouvoir communiquer sans gêne face à ce sujet sensible. Si les tables sont rangées, ils n’ont pas la langue dans la poche. Ils ont des questions, des choses à dire à ces parents : beaucoup de compassion, mais aussi des prises de position ! Pour certains, cet entretien est important : ils ont des connaissances ou des amis qui sont partis pour la Syrie. Voici un petit compte rendu de cet entretien.

Des jeunes belges partis pour la Syrie

Tu en as peut-être entendu parler : plusieurs centaines de jeunes belges, français et néerlandais, parfois mineurs, ont quitté leurs familles pour rejoindre la Turquie puis la Syrie afin de prendre part au conflit. Parmi eux, entre 80 et 100 Belges. Malgré des raisons et des trajectoires différentes, il existe un dénominateur commun : ils n’ont pas prévenu leurs parents, qui se sont retrouvés plongés dans ce conflit à l’autre bout du monde.

Un père, une mère, des questions sans réponses

Tout commence simplement : le père de Sean, 24 ans, tué en Syrie récemment, raconte ce qu’il ressent. Il a beaucoup hésité à venir, mais il est content d’être là ; il a besoin de parler. En face de ces jeunes, il se sent bien car il voit qu’il n’est pas le seul à vouloir comprendre ces départs. Sean est parti sans prévenir, alors que son père et lui s’entendaient bien. Est-ce qu’il a été influencé ? Est-ce qu’il a voulu aider ? A-t-il réalisé ce qu’il faisait ? Son père se pose beaucoup de questions et peine à trouver les réponses. Pour lui, "tout se mélange" : s’il peut comprendre l’intention de départ, il sait très bien que son fils est parti pour d’autres raisons. Très bientôt, il doit rencontrer Tariq Ramadan : il y trouvera peut-être quelques réponses.

Puis une mère prend la parole : elle raconte comment ses deux fils sont partis, l’un après l’autre. Le plus jeune avait 16 ans lorsqu’il est parti avec un camarade de classe. Elle, a la chance de communiquer parfois avec eux : ils l’appellent, sans lui dire où ils sont. Pour elle, ils sont partis aider, faire de l’humanitaire. Elle essaye de ne pas les juger. Elle a commencé à tisser des liens avec d’autres parents dans sa situation, pour échanger leurs expériences et surtout attirer l’attention des autorités. C’est comme ça qu’elle a créé le "Collectif des mères concernées" qui regroupe aujourd’hui 6 ou 7 personnes. "Chaque semaine, un nouveau parent nous rejoint, les départs continuent !". Sa meilleure thérapie, c’est "essayer de donner un sens à tout ça". Ce qu’elle regrette, c’est qu’on les "culpabilise, criminalise à distance" : ils n’osent pas rentrer, car ils ont peur d’être arrêtés.

Et les jeunes dans tout ça ?

On le sent, les jeunes sont émus par ces témoignages. Mais ils ont plusieurs remarques à faire...

L’un d’entre eux pense que très peu de choses sont faites par les autorités pour dissuader ces jeunes de partir. Le père de Sean lui répond qu’il comprend, mais qu’il n’y a pas que ça : pour lui, le problème n’est pas que politique.

Un autre se demande ce qui se passe lorsque ces jeunes décident de rentrer. Qui les prend en charge ? Un des intervenant souligne qu’il existe plusieurs associations qui peuvent les aider : on peut faire quelque chose en Belgique aussi ! Il est rapidement décidé à l’unanimité qu’une liste de ces associations sera dressée avant la fin de la semaine. Il est même question de continuer le projet à travers ces associations !

Un jeune, particulièrement touché par le témoignage du père de Sean, décide d’aller lui parler. Ils échangent quelques mots, mais l’entretien touche à sa fin. Les différentes équipes radio, presse, télé et web se répartissent les différentes tâches : filmer une interview, rédiger un article, préparer le prochain entretien avec le ministre fédéral des Affaires étrangères, Didier Reynders. L’emploi du temps est chargé, mais ils sont contents d’avoir pu discuter avec ces parents. Ils ont pu voir une autre facette du problème des départs de jeunes pour la Syrie. Dans le couloir, Rachid Madrane (Secrétaire d’Etat à la Région de Bruxelles-Capitale) attend de pouvoir discuter avec eux : la journée continue, riche en émotions et enseignements !

Pour aller plus loin

Si tu souhaites en savoir plus sur les différentes réalisations de ces jeunes, va voir leur page Facebook ou Tumblr.

Tu verras que de plus en plus de leur projet !

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