5. Approche stylistique.
Textes et lettres.
Ce qui suit s’applique plus spécifiquement à la réalisation et à la reproduction de textes et lettrages intégrés à votre travail, qu’il s’agisse d’une histoire inventée par l’un d’entre vous, d’un travail collectif, de poèmes ou de textes de réflexion, de légendes d’images, de textes narratifs, du contenu d’un phylactère, de phrases courtes et accrocheuses, de slogans, etc. Évidemment, certains conseils sont tout à fait applicables à d’autres formes d’expressions (voir ci-après), libre à vous de laisser galoper votre créativité !
Choix des lettres :
– Dessinez de préférence vos lettres en "imprimé"(en majuscules), plutôt qu’en écriture "manuscrite", cela donnera plus d’impact à vos textes. Il serait peut-être bon de partir de modèles de lettres
– Pour rendre votre texte percutant, rien de tel que de modifier la taille, la couleur, la forme ou le dessin de certaines lettres, certains mots, de les placer dans un cadre coloré, de les remplacer par un petit dessin sympa, de les décorer, de faire des lettrines, d’ajouter des symboles, …
Choix de la présentation :
– Veillez à définir l’espace que va occuper votre texte ; tracez des lignes horizontales (au pastel sec, ou à la craie) sur lesquelles viendront se reposer les lettres ; si nécessaire, tracez éventuellement une ligne correspondant au haut des lettres (afin de conserver tout au long de vos phrases la même hauteur de caractère). Attention : Il est conseillé de tracer au préalable tout le texte à la craie (ou au pastel sec, ou au fusain), pour se rendre compte de l’espace occupé par chaque mot. En effet, il arrive souvent qu’ayant prévu, par exemple, d’écrire une certaine phrase sur une seule ligne, on se retrouve coincé au bout de cette ligne avec trop de lettres à écrire pour l’emplacement restant, parce qu’on a été trop généreux en espace dans les premiers mots de cette phrase.
En bref, un traçage préalable des mots permet de bien équilibrer le texte, et évite aussi les retouches dues aux fautes ou aux oublis.
– Dans le cas de longues phrases, l’idéal est de les placer en colonnes, en blocs dont la largeur sera calculée afin d’éviter aux lecteurs d’avoir à se déplacer le long de la toile pour lire une seule phrase.
– Songer à la taille de la toile : les textes situés tout en haut ou tout en bas ne seront pas aussi faciles à lire que les autres, il faut donc les mettre en évidence d’une façon quelconque…
– Pour simplifier le travail, vous pourriez écrire vos textes sur une feuille de dessin ou sur un transparent et les projeter sur la toile à l’aide d’un rétroprojecteur (pour les transparents) ou d’un épiscope (pour les feuilles non-transparentes).
Cette méthode facilite la création du dessin et sa reproduction sur la toile, ainsi que la composition générale de la toile.
Techniques conseillées :
Toutes les techniques développées dans la section "Approche technique", en début de fascicule, sont utilisables…Il s’agit ici plutôt d’une question de soin et de patience.
Outils conseillés :
Pour la peinture : éviter les pinceaux trop larges qui gâcheront la lisibilité de vos lettres, favoriser les petits pinceaux, ronds ou plats, en fonction du type de lettres que vous voulez obtenir.
La bombe aérosol est facile d’emploi, mais limite en général les possibilités d’invention de lettres, à moins de peindre en très grand, d’utiliser des pochoirs et des masques, ou de peindre façon "graffiti" (voir cette rubrique).
Le pastel gras est plus fastidieux, mais permet la réalisation de petits textes ; la toile (en PVC) devra ensuite être vernie, pour protéger le pastel (voir la section "pastel gras" dans l’approche technique).
Bandes Dessinées
Deux approches différentes peuvent être faites :
Reproduire :
– Vous avez choisi de reproduire certaines cases ou partie de cases d’un album, et de remplacer le texte des phylactères par un message de votre cru.
Deux méthodes se proposent à vous :
– La reproduction par grille.
– La projection par rétroprojecteur.
Dans les deux cas, une photocopie des images (agrandie si possible) sera nécessaire ; soit sur papier ordinaire (épiscope), soit sur transparent (rétroprojecteur). Une copie en noir & blanc est certainement suffisante.
– À l’aide de l’appareil de projection, situez l’image correctement sur la toile, ensuite repassez les traits noirs au crayon le plus fidèlement possible, en essayant de respecter si possible les pleins et les déliés de chaque trait noir (c’est-à-dire les variations de l’épaisseur des traits).
Si vous utilisez la méthode de la grille, reproduisez le dessin sur la toile, avec le même soin pour le dessin des traits noirs.
– Ensuite, procédez à la mise en couleurs (le noir des traits sera mis tout à la fin), en commençant par les couleurs claires, puis les couleurs sombres, veillez à laisser visibles les traits dessinés au crayon. Peignez le noir des traits en dernier lieu, en respectant les pleins et déliés, ainsi que leur épaisseur en proportion de la taille du dessin.
– Pour le traçage du texte dans le phylactère, reportez-vous à la section "Textes et lettres".
Raconter :
Personnages et décor : pour raconter une histoire, vous pouvez soit reprendre des héros existants, soit en créer vous-même. De prime abord, il semble plus facile de recopier simplement des personnages connus de tous en les insérant dans une nouvelle histoire, il n’en est rien. Pour obtenir l’effet désiré (c’est-à-dire des personnages reconnaissables), il faut bien sûr parvenir à reproduire avec le plus d’exactitude ces personnages, mais peut-être aussi les redessiner dans des attitudes inventées par vous, ce qui est plus difficile ; et, pour être parfait, les intégrer dans un univers semblable à celui qu’on leur connaît, c’est-à-dire celui de la bande dessinée dont ils sont issus.
Il nous paraît plus simple de créer un univers propre, agrémenté de ses héros propres. Il faudra alors veiller à ce que les personnages soient reconnaissables de case en case, en leur attribuant des particularités (exemple : des lunettes pour Vincent, un pull rouge pour François). Songez que l’ensemble des dessins sert essentiellement à raconter votre histoire, ne surchargez pas le décor, rendez l’action visible. La représentation d’objets ou d’endroits connus de tous (un tram, l’Atomium, la Grand-Place, etc.) facilite la lecture et la compréhension, en offrant des repères au lecteur.
– L’histoire : Raconter une histoire suppose raconter un début, un milieu et une fin. Pour bien la raconter, vous devez connaître tout cela à l’avance, et pour connaître cela à l’avance, vous devez d’abord faire un scénario.
L’idéal est de réaliser à l’échelle un schéma de la toile, et représenter dessus l’emplacement des différentes cases, ou des différentes histoires. Va-t-on faire trois grandes cases sur toutes la toile, ou plutôt deux planches complètes juxtaposées ? Quand vous aurez décidé de cela, procédez au découpage de votre histoire ; c’est-à-dire, choisissez le contenu de chaque case, en tenant compte du rythme de l’histoire.
Pensez à une "chute", une conclusion, un petit gag en fin d’histoire, qui plaira à vos lecteurs.
Faites des phylactères de formes très simples (rond, ovale, rectangle ou carré), placez-les de préférence dans la partie supérieure des cases, le plus près possible des personnages qui les font. Faites vos "queues de phylactères" (partie du phylactère "sortant" du personnage) assez courtes et droites, évitez les formes molles. Pour la réalisation des textes, reportez-vous à la section "Textes et lettres".
Techniques conseillées :
Pour se rapprocher au maximum du style "BD", il est préférable d’utiliser de la peinture, qui permet d’obtenir de beaux aplats de couleurs ; de plus, la finition des traits noirs en sera rendue plus aisée. Par contre, si vous inventez complètement votre bande dessinée, il est a priori concevable d’utiliser n’importe quelle technique…
Outils conseillés :
Pour la peinture : pinceaux larges et plats pour les grandes surfaces de couleurs, pinceaux fins et ronds pour les bords et les traits noirs.
Graffitis
Préparation :
– Le graffiti n’implique pas seulement l’utilisation d’un outil particulier, mais aussi de certains "trucs" stylistiques, qui donnent cette allure qui "fait vrai". Il faut bien être conscient de cela, avant de se lancer dans cette voie, au risque de s’exposer à quelques déceptions. Le choix des éléments représentés et la façon de les représenter, importe donc. Nous ne saurions que trop vous conseiller d’observer de vrais graffitis.
– Dans tous les cas, vous ne devrez pas perdre de vue que les ébauches que vous réaliserez au crayon (ou au marqueur) sur une feuille seront reproduites à la bombe sur une toile, et que certains dessins sont très faciles à faire au crayon mais très complexes à réaliser avec une bombe. Éviter dès lors les sujets précis et minutieux, favoriser les choses aisément reconnaissables, n’hésitez pas à y mêler du texte (pratique très courante). Dites vous que la force d’un graffiti réside plutôt dans l’utilisation des couleurs, leur harmonisation et leurs contrastes, l’habileté à se servir d’une bombe aérosol, que dans un beau dessin précis.
– En ce qui concerne la "mise en page" de votre toile, n’hésitez pas à laisser de grandes surfaces vierges et à condenser vos graffitis sur quelques zones ; après tout, les "graffiteurs" ne peignent que rarement l’entièreté d’un mur…
Évitez les grandes zones de couleurs uniformes, cela consomme énormément de peinture, prévoyez plutôt de les faire au pinceau.
Réalisation :
– Il est fortement conseillé de peindre à l’extérieur ou dans un local bien ventilé, car les gaz propulseurs sont incommodants. Il est également conseillé de choisir des sprays ne contenant pas de CFC.
– L’utilisation de pochoirs ou de masques permet d’étendre la gamme des effets obtenus avec une bombe : vous pourrez insérer des formes beaucoup plus nettes, accentuer certaines lignes, effectuer des contours précis, … Profitez aussi des effets qu’autorise le spray, tels que dégradés, floues, transparences, etc.
– Les graffitis font un usage abondant de surlignage (un trait blanc, noir ou coloré marque le périmètre d’un personnage, d’un groupe, voire d’une scène), de halo (un contour clair assez léger entoure un personnage), de brillance et de reflets (obtenus en contrastant des ombres et des lumières),...
– La rétro projection peut aussi être utilisée, mais les différences entre un croquis sur papier et la peinture sur la toile sont plus importantes qu’avec d’autres techniques.
Techniques conseillées :
Peinture à l’aérosol (+ instruments de masquages), pastels, et éventuellement peinture au pinceau pour les grandes surfaces.
Trompe-l’œil de bas-relief
Le trompe-l’œil de bas-relief est une technique assez simple en soi, qui consiste en l’imitation de bas-reliefs de style égyptien, précolombien, ou autre…
Cette technique pourrait très bien se conjuguer avec une des autres proposées ici.
Préparation :
– Les dessins doivent êtres assez simples, il faut privilégier les formes géométriques (simples ou complexes) fermées et nettes. À cet usage, une petite recherche documentaire pourrait s’avérer très utile.
– Les bas-reliefs sont généralement disposés en bandes (verticales ou horizontales) et leur contenu s’accorde bien souvent avec cette présentation puisqu’il s’agit alors d’une ou plusieurs narrations. Il serait donc bon de préparer un synopsis qui résumerait ce qu’il se passe dans votre bas-relief, avant de passer à la réalisation proprement dite.
Réalisation :
– Pour vous permettre de comprendre l’effet à obtenir par le bas-relief, nous vous proposons un petit travail préalable :
Reproduisez (au moyen d’une photocopieuse,…) un dessin sommaire (un véhicule, un arbre, …) sur trois feuilles de couleurs différentes : l’une sera la couleur moyenne de votre bas-relief (c’est-à-dire la partie moyennement éclairée, par exemple :un ocre vif) ; une deuxième couleur représentera la partie ombrée de votre bas-relief (par exemple : un brun foncé, terre de Sienne, ) et une autre couleur sera la partie la plus éclairée de votre bas-relief (un jaune pastel, par exemple).
Découpez rigoureusement les trois dessins, puis superposez-les dans l’ordre suivant : l’ombre (brun foncé), la lumière (jaune pastel) et la couleur moyenne (ocre vif) par-dessus tout. Veillez à ce qu’aucun de dépasse. Décalez le découpage de l’ombre (brun foncé) de 0,5 cm vers le bas et vers la droite, puis décalez celui de la lumière (jaune pastel) de 0,5 cm vers le haut et vers la gauche. Vous obtenez ainsi un effet rappelant un bas-relief. Bien sûr, l’exécution à la peinture de cet "effet" est plus belle, mais elle demande une certaine dextérité et de l’habitude.
Le "secret" réside surtout dans la patience de l’artiste et une bonne harmonie des couleurs utilisées.
Techniques conseillées :
La peinture, bien qu’elle ne soit pas à la portée de tous pour cette technique-ci ; le collage de papier découpé, comme expliqué ci-dessus, est plus facile à réaliser mais demande cependant de la patience et du dosage.
Trompe-l’œil - décors de théâtre.
Le trompe-l’œil comme on l’entend ici se rattache à une longue tradition de peinture, il vise à "tromper" le spectateur en lui faisant passer pour tridimensionnel un espace plat.
Préparation :
– Il serait plutôt question de faire référence aux décors de théâtre, de cinéma, ... que de réaliser un véritable trompe-l’œil. En présentant en taille réelle des scènes de la vie quotidienne, ou un endroit prolongeant l’espace dans lequel seront vos spectateurs, vous les intégrez à un univers, de manière continue par rapport à leur environnement (exemple : vous peignez une banquise pour inviter le spectateur dans un espace polaire…).
– Quelle que soit votre démarche, elle suppose quand même certaines notions de perspective et de peinture "décorative".
Réalisation :
– Le trompe-l’œil peut se peindre horizontalement ou verticalement, cette dernière solution permet cependant d’appréhender plus exactement ce que sera le résultat final ; l’inconvénient c’est qu’elle favorise les coulées de peinture sur la toile (pendant l’exécution ou le séchage).
– Il est nécessaire d’avoir tracé à l’avance l’intégralité de votre dessin, même si vous comptez vous baser sur une ou plusieurs photos. À ce propos, nous vous recommandons fortement d’utiliser une des techniques de reproduction pour redessiner des photos. Choisissez de préférences des photos de grandes tailles, qui vous permettront d’observer toutes les nuances de couleurs…
– Plutôt que de commencer dans un coin et terminer dans le coin opposé, procédez par grandes étapes ; allez du général au particulier…
– Placez d’abord les grandes zones de couleurs (ciel, sols, bâtiments, …), puis les zones de tailles intermédiaires (personnages, véhicules, grands objets, …), pour terminer par les petits détails (une montre, un patin à roulettes,…). Tout au long du travail, de fréquents coups d’œil vous permettront de juger la qualité et l’avancement, bien mieux que si vous aviez terminé complètement quelques parties de toile et laissé d’autres intégralement vierges.
Cette approche est d’ailleurs avantageuse dans le cas ou plusieurs personnes réaliseraient la même toile, car elle évite d’avoir de trop grandes discordances de styles, puisque la fresque est réalisée "en une fois" et non pas "par petits morceaux".
Techniques conseillées :
Par définition, c’est la peinture qui convient le mieux à la réalisation de trompes-l’œil. Cependant, les autres techniques développées à la section "Approche technique" sont certainement aussi valables et peuvent être utilisées avec beaucoup de succès en complément de la peinture. Plus particulièrement, le collage peut donner d’excellents !
"À la manière de"…
La liste de propositions qui suit n’est donnée qu’à titre indicatif, dans le but d’éveiller l’imagination ou l’intérêt…
Nous avons délibérément mélangé artistes, courants et cultures, en songeant qu’il ne tient qu’à vous d’y pêcher quelques idées à mettre ensemble.
…Van Gogh, fresques égyptiennes, icônes byzantines, Matisse, Pop art, Surréalisme, peintures rupestres de la préhistoire, Degas, Monet, Turner, Klee, Folon, Vazarelli, Hergé, dessin technique et industriel, graphiques d’entreprise, Fra Angelico, Van Eyck, Jackson Pollock, Hockney, Pointillisme, Walt Disney, Michel-Ange, Rembrandt, Expressionnisme allemand, Cubisme, Jeff Koons, art africain, peinture perse, Cézanne, primitifs flamands, El Greco, Vermeer, Permeke, Dubuffet, Expressionnisme américain, affiches publicitaires, affiches de cinéma, Franquin, Modigliani, Delaunay, peinture naïve, Comics américains, Dali, Picasso, Giotto, esquisses ou croquis, Magritte, Ensor, Dessin d’enfant, vieilles gravures, illustrations de carte à jouer ou du tarot, Mangas, tapisserie ancienne, mosaïque, art décoratif chinois, estampes, enluminures, Brueghel l’ancien, Jérome Bosch, Tintoret, fresques gothiques, vitraux, Rouault, dessins incas de l’ancien Pérou, illustrations pour enfants, Toulouse-Lautrec, Mirò, Images d’Epinal, caricatures XIXè S, dessins de mode, art esquimau, cartoons américains, dada, …