4. Approche plastique.
Ligne et surface.
Vous pouvez créer votre image par une composition faite uniquement de lignes.
Ces lignes droites, courbes, en lacet, en pointillé, courtes ou longues, tremblantes, variantes dans l’épaisseur, floues ou nettes, … structureront votre toile.
Les espaces que vous obtenez entre ou derrière ces lignes deviennent alors des surfaces qui peuvent rester vierges ou être travaillées, soit en aplat d’une couleur, soit en taches de couleurs variant légèrement de couleur ou de tonalité, soit en dégradé, …
Vous pouvez aussi, à l’inverse, directement peindre et structurer toute votre image par des étendues de couleurs, par des surfaces.
Ces étendues peuvent alors êtres travaillées de manière à rendre un effet que vous recherchez pour la représentation de votre sujet.
Par exemple : une surface peut être travaillée de manière gestuelle par de larges mouvements d’éponge ou de manière plus nerveuse par des quantités de petites touches successives de couleurs ou restée très calme en s’étendant par de très légers nuages de couleurs.
La ligne existe aussi, là ou vous arrêtez votre surface. Si vous juxtaposez deux étendues de couleur différentes, la limite d’une étendue devient la limite de l’autre et constitue alors aussi une ligne.
Toutefois la nuance qui réside entre une définition de la ligne et celle de la surface semble parfois étroite et équivoque. En effet, plus une ligne s’épaissit plus elle aura tendance à devenir une surface à laquelle on sera tenté de donner une texture, une matière. Par contre une surface en passant par l’état d’une bande peut à son tour devenir, petit à petit, une ligne.
On parlera en général de dessin pour exprimer une image faite à l’aide de ligne. Vous pouvez, par exemple, choisir d’obtenir l’image d’un champ de tournesol uniquement à l’aide de lignes et de traits.
Tandis que pour exprimer une image obtenue par des étendues de couleurs, on parlera en général d’une peinture.
Couleurs.
Si vous décidez de vous lancer dans une grande composition qui suppose l’utilisation de toutes les couleurs perceptibles à l’œil, nous vous conseillons, si vous ne les connaissez pas, de vous baigner dans les rudiments de la théorie des couleurs, ils vous seront indispensables et vous éviteront de consacrer un budget énorme à l’achat de trente-six mille pots ou tubes de couleurs différentes.
Les couleurs primaire et secondaires :
En somme, il s’agit de savoir comment obtenir toutes vos couleurs avec seulement 3 couleurs de base + le noir et le blanc.
Ces 3 couleurs sont appelées couleurs primaires et sont le ROUGE MAGENTA, le BLEU CYAN et le JAUNE "CITRON"
Chaque mélange de deux d’entre elles produit ce que l’on appelle une couleur secondaire :
ROUGE + BLEU = VIOLET
ROUGE + JAUNE = ORANGE
BLEU + JAUNE = VERT
Avec cette base de mélanges et en utilisant aussi le noir et le blanc, vous pouvez obtenir toutes les autres couleurs.
Par exemple :
OCRE = ± 92 % de jaune + 6 % de rouge + 2 % de noir pour l’éclaircir, ajoutez du blanc
BRUN = ± 65 % de jaune + 29 % de rouge + 9 % de noir
BORDEAUX = ± 94 % de rouge + 6 % de noir
ROSE = ± 6 % de rouge + 94 % de blanc
BLEU OUTREMER = ± 80 % de bleu cyan + 12 % de rouge + 8 % de noir
Les couleurs rompues ou assourdies :
Ne perdez surtout pas de vue que les couleurs telles qu’elles sortent du tube, bien que souvent attrayantes, sont très rarement celles que vous rencontrez si vous regardez la nature autour de vous. Le plus souvent, il s’agit de couleurs rompues ou assourdies, c’est-à-dire une couleur avec un peu de blanc et un peu de noir par exemple. Pour mieux comprendre cette notion, essayez de voir les couleurs autour de vous comme des couleurs grises qui sont de plus en plus colorées plutôt que comme des couleurs vives qui sont atténuées.
Ceci dit, rien ne vous empêche de produire une image très vive et éclatante sans vous soucier d’une analogie à la nature.
Une formule simple pour donner une harmonie colorée à votre image consiste à choisir une couleur ambiante, voire dominante. Cette couleur choisie, sera celle que l’on retrouvera, à dosages différents, dans tous ou quasi tous les mélanges que vous appliquerez sur la toile.
Par exemple, si vous peignez un flamant rose dans une flore très verdoyante, n’hésitez pas à introduire un peu de vert dans le rose prévu pour le corps de votre échassier, celui-ci sera mieux intégré à son environnement.
Les couleurs chaudes et froides :
Il existe aussi dans la théorie des couleurs la notion des couleurs chaudes et des couleurs froides. Chacun des deux groupes appartenant à une moitié de l’arc-en-ciel.
Les couleurs froides sont celles qui vont du bleu au vert.
Les couleurs chaudes sont celles qui vont du jaune au rouge.
Il est important de connaître cette distinction car elle vous permettra de gérer la profondeur dans l’image, sachant que les couleurs froides ont tendance à reculer et les chaudes à avancer. Par exemple, si vous mettez un aplat vert à côté d’un rouge, c’est l’aplat vert qui vous semblera derrière le rouge.
Ces effets de profondeur obtenus par l’usage des couleurs froides et chaudes peuvent être appuyés par l’usage du blanc ou du noir dans vos mélanges, qui éclairciront ou fonceront votre couleur.
Plus la couleur est foncée, plus elle recule, plus elle s’enfonce, et inversement, plus elle est claire, plus elle arrive vers vous et semble se placer en avant de l’image.
Aussi, il vous est loisible d’exécuter votre œuvre en une couleur, ou d’en choisir deux ou trois et ainsi, de travailler votre image par une présence plus importante des valeurs de claire (vers le blanc) et de foncer (vers le noir) de ces couleurs.
Couleur de fond :
La couleur que vous rencontrerez en premier lieu et avec laquelle vous devrez traiter sera celle de votre toile en pvc, en l’occurrence le blanc. C’est ce que l’on entend, quand on parle de la couleur de fond. La couleur de fond se révèlera présente chaque fois que vous viendrez avec une nouvelle couleur sur une surface. Cette surface, déjà investie par une étendue de peinture ou non, n’est jamais vierge. En effet, si vous étalez une couche de peinture d’une autre couleur que celle de la surface que vous recouvrez, il est très rare de ne pas voir la couleur du dessous transparaître.
Disons que quasi aucune peinture n’a un pouvoir d’opacité suffisant pour parvenir à cacher celle qu’elle compte recouvrir. Dans le cas d’une œuvre, c’est tant mieux car vous avez grâce à cela, un moyen supplémentaire pour travailler vos couleurs. Vous pouvez les façonner directement sur la toile et ainsi contrôler leur transparence en les rendant plus ou moins liquides ou en l’appliquant de manière différente.
Clair-obscur.
Le plus souvent presque monochrome ou de tons très rompus, le clair- obscur désigne une image où le sujet est rendu présent en observant l’ombre et la lumière.
Il n’est pas négligeable, pour la qualité d’une image, de se rendre compte que le fait de voir les choses autour de nous sous-entend la présence de la lumière. Partant de sa source, la lumière arrive sur un objet et éclaire la partie face à celle-ci pour laisser les parties non éclairées dans l’ombre.
Autant les parties éclairées que celles non éclairées sont nécessaires pour révéler la présence de l’objet.
Tout objet est un corps qui résiste variablement aux rayons lumineux. Plus il résiste, plus il empêche la lumière de le traverser et plus il dessinera son ombre sur le sol.
Nous l’appelons l’ombre portée.
Répétitions de motifs.
À travers toutes les cultures et civilisations, on peut admirer des images composées par la répétition de motifs, que cela soit des motifs abstraits, que ce soit des signes, ou que ce soit des figurines.
À vocation décorative, cette composition affirmera plus votre toile comme une grande page de lecture et l’espace que vous proposerez au public sera plutôt frontal, sans ce souci de la perspective propre à un paysage par exemple, pour laisser place à un souci de la narration.
Vos sources d’inspiration peuvent être par exemple dans les peintures sur céramiques chinoises, les batiks sur djellaba d’une tribu d’Afrique du nord, les hiéroglyphes, nos papiers peints, les peintures sur tipis des Indiens des plaines, …
Synthèse ou abstraction de la forme.
Dans certains cas, le recours à des formes simplifiées peut s’avérer plus adapté.
Si vous choisissez de vous exprimer par la figuration de plusieurs objets et personnages et que vous choisissez la technique du papier collé par exemple, vous serez contraint de simplifier vos formes. Dans ce cas, nous vous conseillons de faire quelques petits dessins au préalable pour étudier la forme la plus synthétique des sujets que vous voulez représenter. Cela vous permettra de ne pas être dépassé par trop de formes forts complexes à découper.
Certaines œuvres de Matisse sont de bons exemples pour démontrer l’intérêt plastique qu’apporte le travail de synthèse d’un personnage.
En vous évertuant à simplifier vos sujets, vous parviendrez mieux à comprendre l’espace qu’ils produiront sur la toile et vous maîtriserez ainsi plus facilement la composition.
Composition spatiale.
Même, si vous ne le faites pas exprès, il se peut que vous structuriez votre image en empruntant un schéma de composition connu, classique ou non.
La composition permet de faire tenir votre image adroitement dans l’espace de la toile. Il s’agira de votre charpente, de la structure indispensable à toute construction.
Le choix d’une composition dans certaines peintures ou dans certains courants artistiques représente parfois un élément très caractéristique et peut devenir très signifiant pour faire passer le message d’une image.
Malheureusement il n’est pas possible de vous faire part de tous les types de composition existants.
En règle générale, la structure d’une image, s’ébauche à l’aide de grandes lignes, axes principaux, qui divisent l’espace de manière géométrique.
Une bonne démarche à acquérir consiste à considérer les surfaces sombres et les surfaces claires dans votre image comme étant aussi des éléments de structure.
Pour bien se rendre compte du champ d’action de ces dernières dans l’espace de la toile, il est bon de regarder votre image en essayant d’oublier votre figuration, comme s’il ne s’agissait que de formes abstraites.
Pour vous y aider, observez votre image en fronçant les yeux, regardez-la dans un miroir ou faites le poirier !!
Outils.
Qui dit outil, dit tout moyen pour transférer le médium - peinture, encre, etc - sur votre substrat - en l’occurrence, la toile de pvc.
Les plus connus et les plus souvent utilisés sont les brosses et les pinceaux, mais il est très important de vous rendre compte qu’ils ne sont pas les seuls instruments possibles, loin de là.
Les doigts et les mains, les plus primitifs des outils, restent une des solutions possibles. On pourrait aussi imaginer l’utilisation des pieds avec ou sans chaussures. D’ailleurs, pourquoi ne pas, appliquer la peinture avec des gants de ménagère ou des gants jetables en latex ?
Choisir d’autres moyens que le pinceau, peut s’avérer parfois plus intéressant pour vous aider à réaliser et obtenir un style propre à ce que décidez d’exprimer.
L’outil peut aussi devenir un accessoire tel que tout instrument de masquage, pochoirs découpés dans du carton, ruban adhésif, …
Pour en revenir au pinceau, nous admettons évidemment qu’il demeure l’un des outils le plus souple et le mieux étudié pour maîtriser le rendu de votre image en général. Choisissez-les de tailles différentes et n’hésitez pas à passer de l’un à l’autre, c’est une discipline à acquérir, garante d’un résultat plus heureux que si vous gardez toujours le même pinceau.
Liste des outils possibles : éponge, chiffon, raclette, empreinte de tout objet, pinceau, brosse, bombe aérosol, façonnage de cachet dans une pomme de terre, pastel gras, marqueur à l’alcool, découpe de pochoir, masquage au masking tape, …