Intégration des étrangers

Interview de la famille M.

I.M. est un adolescent Tchétchène de 17 ans, il vit en Belgique depuis six ans avec ses parents, frères et soeurs, ils habitaient avant cela en Tchétchènie, leur maison a été détruite lors de bombardements. Ils se sont installés à Florenville, petite ville située dans la Province du Luxembourg.

Depuis combien de temps vivez-vous maintenant en Belgique (Florenville) ?

Nous vivons en Belgique depuis six ans, nous sommes sept, mes parents, mes frères et soeurs.

Pourquoi avez-vous choisi de venir en Belgique ?

Notre maison a été détruite lors des bombardements de la deuxième guerre, nous nous sommes donc réfugiés en Géorgie. La région était peu sûre, on nous a conseillé de partir en Europe, mais on nous a dit que la Belgique était un pays comme étant celui qui respectait le plus les droits de l’homme.

Comment êtes-vous arrivés en Belgique ?

Pour venir, nous n’avions ni passeport ni visa car les Russes refusaient d’en donner pour empêcher les gens de fuir. Nous devions changer de voiture dans chaque ville pour ne pas se faire remarquer par les autorités, ensuite nous avons pris le train pour la Pologne et de là, Allemagne, Pays Bas et Belgique.

Êtes-vous passés par des camps de réfugiés ?

Non, pas nous. Nous sommes directement partis en Belgique.

Où habitiez-vous en Tchétchénie ?

Nous habitions dans la ville d’Ourous-Martan.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à partir ?

L’entre deux guerres a vu la puissance des Wahhabites augmenter car ils venaient parler aux jeunes en leur expliquant qu’ils devaient se battre contre les Russes et que la seule solution était de les rejoindre. Ces hommes agissaient comme une véritable secte, ils recrutaient leurs membres parmi les gens déstabilisés par la guerre et qui avaient une envie de vengeance envers les Russes, car ce sont eux qui avaient tué les membres de notre famille.

Nous et l’ensemble des Tchétchénes refusions les Wahhabites car ils prônent un islam trop différent de celui de leur peuple. Ils veulent obliger les femmes à porter le voile, interdire la danse, ils veulent tout changer en Tchétchénie et les gens ne peuvent pas accepter. De plus, pour les Tchétchènes, ce qui est le plus important, c’est le pays, la nation, et ensuite la religion ; or les Wahhabites veulent inverser cela et rendre la religion plus importante que la patrie : c’est tout l’opposé de nos traditions tchétchènes.

Le peuple est pris en étau, d’un côté il y a l’armée russe qui bombarde, pille, torture la population et qui veut exterminer tout le monde. De l’autre, il ya les Wahhabites qui eux aussi s’en prennent à la population, veulent tout diriger et tout changer. Les Tchétchènes n’ont plus aucun choix ni aucun droit dans leur propre pays, voilà la raison.

Avez-vous encore de la famille en Tchétchénie ?

Oui ! Mon oncle, ma tante.

Comment ressentez-vous les différences entre la Tchétchénie et la Belgique,

En Belgique, il y a des lois à respecter, on ne fait pas ce que l’on veut. La police fait régner l’ordre. Pour rouler, il faut un permis de conduire et avoir minimum 18 ans.

En Tchétchénie, c’est la loi du plus fort. Il n’y a pas de règles, si tu veux conduire à 8 ans, tu conduis à 8 ans et sans permis de conduire. Si tu tues quelqu’un, il n’y a pas de policier pour te punir... On ne pouvait pas sortir sans avoir une arme à notre portée car nous pouvions nous faire kidnapper, tuer... Tout est différent et heureusement.

Quelle serait pour vous la meilleure solution pour mettre fin à la guerre s’il en existe une ?

La paix est la seule chose à laquelle les Tchétchènes aspirent aujourd’hui. Mais la seule solution pour y parvenir serait l’intervention de l’ONU et des casques bleus. S’ils parvenaient à chasser les Russes et les Wahhabites, la paix serait possible et la petite république redeviendrait possible pour tous les Tchétchènes.

Qui sont les Wahhabites ?

Les Wahhabites constituent des groupes qui ont dévié de la tradition prophétique et par là même de l’ensemble des Musulmans. En définitive, ce groupe qui se nourrit d’ignorance dans la croyance, d’extrémisme dans le dogme et de violence dans l’action, réussit à diffuser sa propagande que grâce aux pétrodollars. Ces richesses qui coulent à flots dans les circuits financiers internationaux se transforment peu à peu en propagande intolérante et en actions violentes. Les Wahhabites de nos jours se réfèrent aux actions de leurs prédécesseurs, c’est à dire à leurs guerres, à leurs massacres, à leurs pillages, etc.

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