Critique : Sarkozy met le feu

Personne n’est passé à côté du discours de M. Sarkozy traitant les jeunes des banlieues fauteurs de troubles, de "racaille". La France s’est levée et a hurlé haut et fort !

On en a vu des voitures brûlées, des débats particulièrement chauds, des émissions spéciales. Le pays s’était révolté.

"Vous en avez marre de la racaille madame, et ben, on va vous en débarrasser. Nous allons karchériser la racaille."
Et c’est ainsi que le feu a été mit aux poudres. On a enfin regardé de l’autre coté de la capitale. Derrière les remparts où l’on a mis tous ceux qu’on ne désirait pas. Exclus de la ville. Exclus de la vie. "Pas assez de logement, pas assez d’emplois, des conditions de vie misérables, l’insécurité, la drogue, ..." Voilà de quoi se plaignent ces gens.

Il a fallu attendre cette "révolution" pour qu’enfin nous les écoutions. Et pourtant ces sentiments, ils les ressentent tous les jours, il suffit de prendre des exemples concrets de leur quotidien. Chaque nuit, en France, on découvre une moyenne de 300 voitures volées, et ce bien avant les émeutes. Pour passer le temps, ils volent, et brûlent ensuite. Bien sûr, monsieur le Ministre ne leur dit pas tout cela. Autre exemple : pour rejoindre avec le RER, les 2 extrémités de Paris, ils sont obligés de passer par les beaux quartiers.

Comment rester de marbre quand on voit des stations propres, sans tag, ni wagons débordants de tous côtés ?
Comment leur expliquer qu’effectivement la ville de Paris investit plus dans ces quartiers chics et que bien entendu ils n’y sont pas accueillis ?

D’autres détails peuvent paraître anodins mais sont tout aussi pesants. Les hommes politiques fêtent Noël, une fête purement catholique. L’état fête aussi Noël. Noël est une fête ancrée dans les moeurs. Mais quand va-t-on s’intéresser au Ramadan, au couscous traditionnel ? Cela peut paraître un peu forcé, mais ce sont eux, les politiciens qui ont voulu des étrangers en France pour faire le travail que personne ne voulait. Et les voilà à renier une partie importante de la population française. Et la politique dans tout cela ? C’est là que le bât blesse. Personne ne les soutient. Voilà bientôt 5 ans que les socialistes français règlent leurs problèmes internes. Ne nous étonnons donc pas que la droite en profite pour semer la pagaille et prêcher la haine aux "bons Français" en leur faisant croire que les gens vivant dans ces banlieues, issus de l’immigration, sont tous des intégristes prônant AI Qaida.

La montée flagrante de l’extrême droite depuis quelques années ne laisse personne indifférent et pourtant, ce n’est que le résultat de la peur qu’ont créée les politiciens.

C’est l’avis que partage Thomas, un Français venu vivre en Belgique depuis 3 mois.
" Mes amis belges m’ont fait remarquer que la France passait son temps à insulter les Américains alors que dans le fond, ils font exactement pareil : nous gouverner par la peur en nous faisant croire que nous allons constamment être agressés. Aux States, ce sont les abeilles tueuses (cf. : "Bowling For Colombine" de Michael Moore - même idée que l’Anthrax après les attaques du 11 septembre).

En France, ce sont « les sauvageons issus de l’immigration ». J’espère que cela va se finir en une guerre civile et que les mecs de banlieues vont tout faire brûler pour faire enfin réagir notre gouvernement. Le problème, et on peut appeler cela l’ironie du sort, c’est que l’état ressortira vainqueur de cette bataille et va renvoyer tous ces pauvres gens dans un pays où ils n’ont jamais mis les pieds. "

Déclaration un peu choc, je vous l’accorde, mais compréhensible. Nous savons tous que Sarkozy s’est permis de mettre un ado en prison parce que ce dernier l’avait insulté. Et qui va emprisonner Sarko’ pour ses déclarations ? Il faudrait donc accuser le coup en silence et surtout pas lui renvoyer la monnaie de sa pièce. C’est trop simple. La solution qui a été brandie par maintes personnalités françaises (Jamel Debouze, Eric et Ramzi, Joe Star) au cours des émissions de Thierry Ardisson (heureusement qu’il est là) est d’aller voter. Mais voter pour qui ? A noter qu’en plus, que même si le vote n’est pas obligatoire en France, il vous faut quand même être muni d’une carte de vote. Cette carte n’est disponible que durant une courte période de l’année. Pas rien comme système ! A rajouter à cela que tout le monde n’est pas disponible entre 10h et 16h en semaine. Pas facile dans de telles conditions de voir les choses changer.

-Et la Belgique dans tout cela ? Le malaise serait-il le même ?

Je n’y crois pas. Les banlieues sont suffisamment bien intégrées dans nos villes. L’image que nous avons des banlieues françaises et belges est bien différente.

Y a-t-il une différence entre la "racaille" en France et en Belgique ?

Je n’y crois pas non plus. Notre gouvernement prévoit des aides sociales plus importantes. Le système a été plus étudié. Et pour ce qui est des voitures qui ont été brûlées en même temps que les émeutes françaises ? Notre gouvernement s’est empressé de dire que cela n’avait rien à voir, que nos jeunes cherchaient juste à imiter nos voisins. Ils n’ont sûrement pas tort. Cependant je mettrais le doigt sur les quartiers dans lesquels ces incendies se sont produits : la gare du Midi. Un lieu on ne peut plus insalubre. Les habitations ne sont pas entretenues, une grande majorité de SDF y loge, et beaucoup, beaucoup d’étrangers. A coté de cette minuscule crainte qu’on a en se promenant seul le soir dans ces rues (principalement en tant que femme), il y a un mode de vie chaleureux.

Essayez de trouver un paquet de cigarettes à 23h dans des communes comme Kraainem ou Woluwé. Vous feriez mieux de vous résigner à arrêter de fumer. A chaque quartier ses avantages. Mais je m’écarte de mon sujet. Nous ne passons pas non plus à côté de notre extrême droite à la Belge, principalement à Anvers avec le Vlaams Belang. Si mes souvenirs sont bons, la région verviétoise n’a pas échappé non plus à ce phénomène. Nous avons dans nos cantons de l’est une montée du nazisme assez flagrante depuis quelques années. Les camarades de classe de mon frère passent en boucle le discours d’Hitler ( cfr. Neophyte" Seig Heil " ). Une phénomène qui inquiète plus d’une personne car l’histoire nous a suffisamment prouvé que ce genre de " bourrage de crâne" est particulièrement violent mais aussi efficace.

Existe t -il un risque de voir un jour notre petite Belgique emmenée à des révoltes pareilles aux françaises ?

Si personne ne se soucie de voir "l’avenir de la Belgique" danser le poing levé sur un discours qui a changé le cours de l’histoire, c’est ce qui risque d’arriver...

N.H.

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