– Matthieu,
peut-on savoir ce qui t’est arrivé ?
– Je suis né prématurément, à six mois. Je suis resté longtemps en clinique. A trois ans, j’ai souffert d’une paralysie cérébrale et maintenant j’ai des difficultés pour marcher et je me déplace en voiturette électrique.
– Quelle est la réaction des gens que tu rencontres ?
– On me regarde toujours, ma voiturette et moi. Après le premier moment de curiosité, certains s’éloignent (20 %). D’autres (80%) font des commentaires. Ils m’ennuient en poussant ma voiturette ou me traitent de « sale handicapé ».
– Que ressens-tu ?
– J’ai une anecdote. Un jour, je me trouvais dans un magasin. Quand je suis arrivé à la caisse, une dame très gentille m’a proposé de passer avant elle. A la caisse voisine, un homme s’est écrié : « Il y a un avantage d’être handicapé, on passe avant tout le monde à la caisse, on ne doit pas faire la file ! »
– Comment réagis-tu ?
– Je parle beaucoup avec ma famille. Je suis très soutenu par ma mère et je vis bien mon handicap. Aux gens qui se montrent désagréables, je réponds : « Si moi, je suis un handicapé physique, vous, vous êtes handicapé du cerveau...C’est ma petite vengeance... »
Parfois, j’ai envie de leur rouler sur le pied avec ma voiturette.