Dis-cri-mi-na-tion
Cinq syllabes pour désigner un acte dont sont coupables tous les habitants de nos cinq continents. Un acte que chacun a probablement déjà perpétré sciemment ou même inconsciemment.
Ce mot, discrimination, nous vient du latin « discrimen » qui veut dire séparation. Cette étymologie est restée très proche de son sens d’aujourd’hui ; en témoigne par exemple la définition du petit Larousse : « acte qui consiste à isoler et traiter différemment certains individus ou groupes entiers par rapport aux autres ». La discrimination peut être positive ou négative mais, dans les deux cas, elle opère une distinction, voire une exclusion d’un groupe de personnes qui sont alors perçues comme « étrangères » du corps social.
De tout temps, le racisme et l’exclusion ont marqué l’histoire. Combien d’hommes et de femmes sont morts à cause de leur religion, de leurs choix ou de leur couleur de peau, ... ? Combien furent emprisonnés, torturés, vendus comme esclaves, ... ? Combien ont perdu leur famille, leurs proches, leurs biens ou leur patrie ? Et tout ça, juste « à cause » de leur(s) différence(s)...
Et aujourd’hui ?
La discrimination nous parait moins présente, pourtant elle fait partie de notre quotidien. Même s’il est vrai qu’elle est moins meurtrière, personne ne peut nier ses conséquences dans notre société. Il est impossible de ne pas prendre en compte tout ces gens qui, aujourd’hui, ont peur de sortir de chez eux, peur de l’autre, peur de ce que l’autre pourrait leur reprocher. Si vous pensez vraiment que la discrimination n’existe plus, ouvrez les yeux et vous verrez qu’elle est tout aussi immorale que la discrimination de la seconde guerre mondiale ou de l’apartheid. On la retrouve partout que ce soit sur les bancs de l’école, dans les grandes entreprises ou les supermarchés.
Actuellement, ce qui est dramatique c’est que la discrimination est pratiquée malgré la loi. Elle est bien loin l’époque de Martin Luther King où le peuple réclamait sa libération vis à vis d’une loi raciste. Ce n’est plus le peuple qui décide d’aller contre cette discrimination mais il faut des associations, des organisations, ... Il est aberrant qu’il faille mettre en place de tels moyens alors que l’égalité est un droit naturel et fondamental de l’Homme.
Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Selon la déclaration universelle des droits de l’homme (10 décembre 1948 )
Sachant cela, pourquoi la société n’a-t-elle que faire de ces jeunes Français des cités qui incendient des voitures pour manifester leur rage contre un système qui ne leur donne pas les mêmes droits à l’éducation qu’aux jeunes plus aisés ? « Accordons d’abord confort, avantages et droits humains à ceux qui peuvent payer, particulièrement bien payer. » Voici la logique qui régit nos sociétés contemporaines.
Soyons lucides ! Pour être un citoyen bien soigné, soyons un citoyen bien friqué !
Cela n’intéresse personne de savoir que pour un même travail, réalisé dans des conditions identiques, la femme gagne encore un salaire inférieur à celui de l’homme, simplement parce qu’elle est femme et qu’elle ne peut rien face à un taux de testostérone encore trop élevé dans le monde du travail.
Le citoyen ne s’inquiètera pas de savoir qu’un Maghrébin cherche en vain du travail simplement parce qu’il est étranger et qu’on ne veut pas d’un étranger dans une équipe surtout s’il s’agit d’un Maghrébin. « Allez lui expliquer que c’est une affaire de chance si tous ses voisins Belges trouvent une place et pas lui. »
Cette folie discriminatoire va encore plus loin : elle est parvenue à faire de la religion son terrain de jeux favori. Rejet du musulman, rejet du juif, ... Tout commence par le refus d’accepter et de comprendre les croyances de l’autre. Ensuite, viennent de vives oppositions soutenues par des arguments prétendument sortis de la Bible ou du Coran : « Dieu a dit » « Allah a dit ». Enfin conflits et violence émergent de toutes parts. En vérité, je vous le dis : L’Homme a fait de Dieu le plus grand pratiquant de discrimination au monde.
Cependant il faut rester convaincu que tout espoir n’est pas perdu. Prendre conscience de l’immoralité d’une attitude discriminante ne reste malgré tout qu’un pas infime, une étape insuffisante. Il ne suffit pas d’être spectateur et de se résoudre à accepter cette situation comme une fatalité ; mais il est nécessaire que chacun devienne acteur dans la démarche vers l’égalisation. Comment (ré)agir ? Plusieurs solutions s’offrent à nous :
•Le multiculturalisme
Ce concept politique vise à maintenir et à valoriser les différentes cultures et communautés cohabitant au sein d’une société et lutte contre la discrimination. Ce système nous paraît au premier abord juste et idéal. Toutefois, l’est-il vraiment ?
Certains voient dans le multiculturalisme une tendance à figer les cultures et donc à ralentir leur évolution. En effet, de nombreuses sociétés ont dû évoluer au contact d’autres civilisations. Doit-on considérer ce phénomène comme un gain ou une perte de richesse ?
D’autres craignent qu’en revendiquant le multiculturalisme, la société dérive vers une différenciation trop importante entre les différentes populations et ne forme plus une unité.
•La discrimination positive
Il s’agit d’une action dont le but est de favoriser certains groupes sous-représentés afin de corriger les inégalités. Cette attitude tente de passer par l’inégalité pour restaurer l’égalité. A long terme, la discrimination positive est susceptible de changer les mentalités et de supprimer toute discrimination. Mais à court terme, elle peut poser problème. Dans notre société qui prône la méritocratie, il s’agirait ici du contraire. Une personne ne serait pas employée parce qu’elle a obligatoirement les capacités nécessaires mais parce que son employeur aurait reçu la consigne d’engager un nombre précis de personnes dites discriminées.
Même si cette politique se heurte à nos coutumes, dans certains pays, elle connaît un succès non-négligeable. Néanmoins, elle n’a pas eu l’effet escompté dans d’autres états.
Le débat reste donc ouvert mais il est certain qu’une réaction s’impose. Il est encore possible de modifier les mots et de faire des ces quelques lignes des pensées optimistes et confiantes en l’avenir. Que serait la vie dans un monde où l’on dirait NON à la discrimination ? Chacun serait sans nul doute plus épanoui.
C’est pour cet épanouissement, auquel tout le monde a droit, qu’il faut dès aujourd’hui ouvrir les yeux et agir.
Agir pour la liberté de tous.
Agir pour montrer que la différence est une chance.
Agir pour prouver que tous les hommes sont égaux.
Agissez et osez dire comme nous,
‘NON à la discrimination, ENSEMBLE vers l’égalisation’