La violence contre les femmes

La violence conjugale se retrouve dans tous les milieux sociaux et culturels. Même si, quand les femmes gagnent mal leur vie, les hommes peuvent plus facilement faire pression. Elles sont donc plus rapidement emprisonnées dans des rapports violents. Il n’y a pas de profil type d’homme violent, ni de femme battue. On distingue trois formes de violences distinctes : la violence psychologique, la violence physique et la violence sexuelle.

Toutes les trois font des ravages et sont punies par la loi en Belgique. La violence verbale (ou psychologique) se manifeste sous forme de moquerie, d’agression émotionnelle, d’insultes, de contrôles (du GSM par exemple),... En clair, le mari fait perdre toute estime que la femme a en elle et l’isole souvent de ses amis et sa famille qui pourraient peut-être lui venir en aide. La violence physique est la plus connue. Elle semble être la plus visible, pourtant la plupart des hommes essayent de cacher les coups. Notamment en frappant le corps à des endroits cachés tels que le ventre, le dos, la poitrine,..

Souvent, ces deux formes de violences vont de paire. Ce qui fait que le mari contrôlant également les vêtements que sa femme porte vérifie que rien n’est visible. La violence sexuelle est très souvent présente au sein des couples. Pourtant, beaucoup de personnes ne voient toujours pas en quoi c’est anormal. Si une femme est forcée par son mari à faire l’amour, s’il ne pense qu’à son plaisir, s’il lui impose des gestes sexuels qu’elle ne désire pas, s’il devient agressif dés qu’elle ne veut pas avoir de relations sexuelles, alors on peut dire qu’elle subit des violences sexuelles. La violence conjugale part souvent d’une envie de dominer l’autre. Ça démarre par des faits anodins, mais qui, à répétition, sont un signal d’alarme.

Les études sur les violences conjugales démontrent qu’il existe un schéma se reproduisant sans cesse appelé « cycle de la violence conjugale ». Il prend la forme d’un cercle infernal qui commence par des tensions, puis il y a une phase d’explosion, avant la phase des excuses et justifications, pour se terminer par une phase dite « lune de miel ».

Nous avons rencontré Marie Bruyer, directrice de la maison d’accueil des sans-logis femmes de Liège. On lui a demandé si dans son centre elle constatait réellement le cycle de la violence. « La femme qui arrive un soir et puis pendant la nuit ou le matin, le mari téléphone (vu qu’elles ont leur GSM, ça se passe entre eux et elles)
Le mari dit : « Je vais être gentil. Je ne le ferai plus, je te le promets. »
C’est déjà un cadeau. C’est déjà rentrer dans ce processus là. On a déjà eu aussi le mari qui venait apporter des fleurs sur le pas de la porte. Et puis elles volaient vite dans la poubelle par exemple. Oui, les femmes refusent parfois les cadeaux. Ou des femmes repartent parfois. Je pense qu’en effet, quand la femme retourne c’est qu’elle est déjà dans ce processus de rémission où le mari promet qu’il sera gentil. »

« On est souvent en contact avec la violence conjugale puisqu’on est une maison d’accueil et on accueille beaucoup de femmes qui sont victimes de violence. Quand elles arrivent, elles disent pourquoi elles viennent. Il y a des choses qui sont plus faciles à dire que d’autres mais en général quand c’est ça qui les motive, on est entre 40% et 50% de femmes qui sont victimes de violences. Au fur et à mesure du séjour, quand on les connaît un peu mieux et qu’elles se livrent un peu plus,qu’elles ont un peu plus confiance en nous, on se rend compte que quasiment toutes les femmes ont été victimes un jour de violence. Il y a souvent des femmes qui rentrent chez elles après être passées chez nous parce que leurs maris les rappellent. C’est un long processus. Il faut d’abord prendre conscience de ce qui se passe en cas de violence et puis de décider d’en sortir. Donc les femmes viennent une fois, une nuit et puis le mari les rappellent, elles rentrent. Elles viennent plusieurs fois. Quatre à cinq fois, parfois. Jusqu’à ce qu’un jour elles se disent que c’est fini et qu’elles prennent leur vie en main. »

Quand peut-on dire qu’on bat une femme ?

« Il y a la violence physique, là c’est facile. Encore qu’on ne le voit pas toujours Mais il y a aussi la violence verbale qui est souvent plus difficile à déceler. On a du mal à mettre les mots dessus. Moi je ne sais pas bien répondre à ça. Je pense que c’est quand même lié à son propre seuil de tolérance. Il y a des femmes qui sont élevées dans la violence et pour qui les insultes ne seront pas perçues comme violentes. Et ça ne les touchera pas. Tandis que pour d’autres, ce sera un choc, une souffrance. »

« Elles réagissent à notre intervention avec ce qu’elles sont et leurs compétences. Notre intervention c’est un accompagnement. On ne leur dira pas ce qu’elles doivent faire. On essaie de les faire réfléchir. On pose des questions, on essaie qu’elles aillent plus loin dans leur réflexion. Ce sont elles qui vont décider. Parfois il y en a qui veulent y retourner. Alors on ne peut rien faire. Mais on va les faire réfléchir aux risques. » « Si elles viennent sans leurs enfants, c’est un tel déchirement qu’elles veulent retourner encore plus vite. Ou alors le mari les harcèle et les menace en disant qu’elles ne les verront plus. C’est toujours compliqué la question des enfants. Les femmes essayent de venir avec. »

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