L’homosexualité dans le régime nazi : une gangrène sociale

En 1933, Berlin, qui était considérée comme la capitale de la liberté homosexuelle, devient le théâtre d’une active répression. Les nazis ont entrepris de purifier l’Allemagne de ce qu’ils considèrent comme une gangrène sociale. Les homosexuels arrêtés pour infraction au paragraphe 175 du Code pénal allemand qui réprime les relations "contre nature" sont soit incarcérés soit transférés vers des camps de concentration. Bon nombre d’entre eux sont placés en détention au terme d’une décision administrative et non judiciaire. Certains, au sein de l’armée, de l’administration ou autres corps d’élite nazis seront exécutés sans autre forme de procès.

Pour les nazis, l’objectif est essentiellement de modifier par le chantage, la contrainte et la force si nécessaire le comportement d’asociaux incapables de procréer mais susceptibles de corrompre la jeunesse du Reich. La science elle-même est mise à contribution. De nombreuses expériences "médicales", parmi lesquelles des implantations de glandes synthétiques, sont effectuées sur les déportés homosexuels dans le but de les ramener à la « normalité ». En 1939, Himmler, principal artisan de la chasse aux homosexuels, autorise les commandants de camp à faire pratiquer des castrations sur cette catégorie de déportés. Bon nombre d’entre eux mourront des suites de ces interventions.

Dans les camps nazis, les déportés homosexuels doivent porter un triangle rose, pointe tournée vers le bas, qui les identifie comme tels. La hiérarchie concentrationnaire les place au plus bas de l’échelle sociale des camps, ce qui ne leur permet guère d’entretenir des relations d’entraide avec les autres déportés et d’améliorer ainsi leurs chances de survie. Victimes expiatoires toutes désignées puisque déjà mises au ban de la société non carcérale, les homosexuels sont astreints aux travaux les plus durs et les plus dégradants. De fait le taux de mortalité de ces déportés est parmi les plus élevés des camps.

A la fin de l’année 1944, à la libération des premiers camps l’extrême confusion qui règne alors en Europe et l’amalgame fait autour du phénomène concentrationnaire laissent présager des difficultés auxquelles les déportés homosexuels vont être confrontés pour faire admettre leur statut de victimes du nazisme. Pour beaucoup d’entre eux, en effet, le retour à la liberté s’accompagne d’une autocensure justifiée par une législation hostile toujours en vigueur (parfois héritée des régimes totalitaires tout juste défunts, comme en France) et la difficulté sociale, familiale ou professionnelle de divulguer le motif exact de leur déportation.

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