Témoignages sur le génocide rwandais

Le Rwanda, ou « pays des mille Collines » est l’un des plus petits Etats du continent africain, avec une des densités de population les plus fortes.

C’est en quelque sorte un immense village : quatre familles sur cinq vivent à la campagne, et neuf sur dix tirent leurs revenus de la terre. Aucun médecin, aucun enseignant ou commerçant citadin qui ne possède une parcelle sur la colline natale, qu’il cultive à temps perdu ou confie à un parent.
L’importance des parcelles au Rwanda est capitale. C’est un symbole de richesse d’en posséder une. Et il n’était pas question de devoir ou même de s’imaginer la partager. Par conséquent, les mariages mixtes étaient plutôt rares. Pour eux, il n’y avait aucun intérêt là dedans, seulement beaucoup de complications... le partage des parcelles, des piétinements par les troupeaux. Bref, c’était aussi prendre des risques pour le futur...
Ignace Rukiramacumu, ancien génocidaire s’en explique au Journaliste français Jean HATZFELD ( 1 )* :
« Si un jeune garçon Hutu voulait marier une jeune fille tutsie, sa famille refusait de leur tracer une section dans sa bananeraie pour amasser sa récolte personnelle et nourrir sa famille. Si un jeune garçon tutsi voulait marier une jeune fille hutue, sa famille refusait de lui séparer même une ou deux vaches du troupeau pour commencer un élevage d’avenir. De telle façon, ce n’était pas intéressant du tout pour les jeunes gens de deux camps de se fréquenter. Les parcelles fécondaient de la haine sous les récoltes, parce qu’elles n’étaient pas en largeur suffisante pour deux ethnies. »
Quant à la carte d’identité, celle-ci fut instaurée en 1931 par l’administration belge. Elle y précise l’appartenance ethnique de tous les citoyens Hutus, Tutsis, et Twas. Pareil pour les demandes d’embauches. Ces papiers ont souvent servi aux miliciens et militaires lors des fouilles dans les villes et aux frontières, mais n’étaient d’aucune utilité aux tueurs des campagnes, l’immense majorité. Eux, connaissaient très bien leurs victimes, car dans un village tout se sait... l’appartenance ethnique de leurs voisins Tutsis était connue, et ce, sans exception. Que ce soit celle d’une famille récemment installée, de fonctionnaires provisoirement en poste, de vagabonds errants.
Et donc, je pense, d’ailleurs les témoignages et dires d’autres personnes le confirmeront, le manque de terre a été l’une des causes principales de ces tueries. Je terminerais pas dire que, ce génocide fut à un génocide de proximité et agricole.

( 1 ) Jean HATZFELD, « Une saison de machettes », page 242
Rogé Caroline

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