Quand avez-vous pris conscience de votre homosexualité ?}
« Je ne crois pas qu’on se réveille un matin et qu’on s’aperçoive qu’on est homosexuel. La sexualité s’impose à nous. Pour ma part, je crois que cela a été toujours présent. Quand j’étais petit, je ne savais évidement pas ce que c’était, mais avec le temps, on apprend à se connaître et par la suite, à s’assumer. Tout cela est très difficile car l’éducation qu’on a reçue est basée sur les relations entre homme et femme. Il y a donc, entre le moment où l’on se rend compte qu’on est attiré par les personnes du même sexe et le moment où l’on se permet de le vivre, tout un travail d’acceptation de soi et de remise en question des normes sociales. »
Comment ont réagi vos parents et vos ami(e)s face à cela ?}
« Je dois dire étonnement bien ! Il y a bien sûr eu un moment de flottement et d’acceptation mais beaucoup moins important que je ne le pensais. Le « coming-out » est une étape généralement redoutée chez les personnes homosexuelles et pour causes, la peur d’être exclu et de ne pas être compris. D’autres choisissent de dissimuler leur homosexualité. Dans ce cas, la qualité de vie se dégrade et l’estime de soi ne résiste pas très longtemps. »
On décrit souvent la vie d’un homosexuel comme une vie d’échangisme, trouvez-vous cette description vraie ?}
« Je ne nie et en nierai sûrement pas que le milieu homosexuel est échangiste, en tout cas, plus que le milieu hétérosexuel. Mais, ce n’est pas ma « politique » ! Je conçois et j’envisage une relation sérieuse et durable entre deux hommes ou entre deux femmes. Je ne vois pas pourquoi cela serait différent. L’homosexualité, c’est une attirance sexuelle pour une personne du même sexe mais c’est aussi développer des sentiments et aimer une personne du même sexe. Beaucoup de gens voient l’acte sexuel mais peu de gens voient l’amour qui en est la base. »
Quand vous rencontrez une personne homophobe, quelle est votre réaction vis-à-vis de celle-ci ? Vous sentez-vous révolté ?}
« « Révolté » est un trop grand mot, je dirai plutôt interpellé.
Je cherche tout d’abord à savoir ce que pense la personne et puis à savoir
pourquoi elle pense cela. C’est juste, non, on demande d’être ouvert envers nous, à nous de l’être envers les autres. Honnêtement, j’ai rencontré très peu d’homophobes. Quand c’est le cas, je discute et je respecte le choix et les opinions de l’autre et si c’est possible, je tente de changer son point de vue. Si je n’y arrive pas, j’en reste là. »
Comment faites-vous pour trouver un minimum d’épanouissement dans ce monde encore trop hermétique à l’homosexualité ?}
« C’est très simple, je fais ce qui me plait ! Je sors et passe d’agréables moments avec mes ami(e)s, je me plonge dans les livres et la musique. J’aime beaucoup les arts, je trouve cela tellement personnel ... J’avoue que par moment j’aimerais être « monsieur tout le monde », me fondre dans le décor et passer inaperçu mais je suis un marginal, un marginal confirmé qui plus est. Il y a tant de belles choses dans le monde, il faut vivre, simplement bien vivre ... »