Le rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats de la commission des droits de l’homme des Nations Unies a récemment exprimé à nouveau son indignation devant la détérioration de l’état de droit au Zimbabwe. La primauté du droit n’a aucune chance de l’emporter dans un pays où les juges peuvent être arrêtés et détenus sur base d’accusations montées de toutes pièces, parce qu’ils ont exercé leurs fonctions judiciaires. Ce rapporteur spécial a entre autre appris que Mugabe a récemment proféré des menaces à l’encontre d’un membre du cabinet fantôme chargé de la justice, David Coltant, avocat à Bulawayo.
Mugabe a déclaré que la seule place au Zimbabwe pour Coltant était la prison. L’indépendance du pouvoir judiciaire est constamment menacée et la presse indépendante est la cible de mesures d’intimidation se traduisant par l’arrestation arbitraire de journalistes et par des tentatives visant à empêcher la diffusion des journaux. Le gouvernement a introduit des nouvelles lois draconiennes qui punissent de peine d’emprisonnement la désobéissance civile non violente, les critiques à l’égard du président et les atteintes à l’ordre public et qui criminalisent toute activité journalistique non autorisée par l’état. Une délégation d’Amnesty International s’est récemment rendue au Zimbabwe et y a rencontré des victimes de torture, des militants en faveur des droits humains, des exploitants et des ouvriers agricoles, des membres du Zanu-PF et du MDC, ainsi que des membres de la police nationale et des forces armées. L’une des affaires les plus importantes est celle d’Augustus Chacha, un jeune militant du MDC, qui souhaitait rencontrer la délégation d’A.I et dont le corps a été retrouvé dans un réservoir du village de Gonye. Aucune inculpation n’a été prononcée dans le cadre de cette affaire, mais la famille estime qu’il s’agit d’un assassinat à caractère politique. Le gouvernement zimbabwéen utilise les services d’une milice, informelle, mais financée par l’état.
Le mépris du droit qui règne au sein du gouvernement ne constitue pas une menace uniquement pour la population du Zimbabwe ; il pourrait menacer la paix, la démocratie et l’état de droit dans l’ensemble de la région africaine.