Un si joli pays, mais…
Samuel Grumiau est journaliste belge ; il a séjourné en Ukraine à plusieurs reprises. Il travaille pour le Bureau International du Travail et pour le Journal du Médecin. Il a de la famille en Ukraine et y a enquêté sur la traite des êtres humains. Nous avons eu le privilège de le rencontrer et il nous a partagé son analyse de la situation ukrainienne.
Le régime politique |
: L’Ukraine se dit une démocratie et pourtant, à chaque scrutin, de nombreux opposants au pouvoir disparaissent. Les élections ne sont pas tout à fait libres, la Presse non plus ! Le Président Koutchma achète des journalistes. Les journaux subissent aussi des pressions économiques : ils sont financés à plus ou moins 70% par la publicité… des grandes firmes proches du Gouvernement. Monsieur Koutchma n’est donc pas vraiment un dictateur mais s’en rapproche par de nombreux points.
La vie en Ukraine |
: Les salaires sont misérables : un médecin gagne 50 euros par mois et une rémunération de 200 euros par mois est considérée comme très élevée. Grâce à la télévision, les Ukrainiens connaissent notre niveau de vie. Cela explique pourquoi les trafiquants ont tellement de facilités à attirer les jeunes filles en Belgique et en Allemagne pour les prostituer. Ils leur promettent un travail à l’étranger et elles tombent tout de suite dans le piège. Quelques campagnes de prévention ont été menées mais beaucoup de policiers sont démotivés ou « achetés » par les trafiquants.
Les mines |
L’Ukraine est un grand producteur de charbon. Malheureusement, ce secteur n’est plus rentable aujourd’hui. Peu de gens osent y investir car ils ont peur du système maffieux. Les sociétés minières sont obligées de vendre leur production à la moitié de sa valeur sur le marché mondial car elles doivent rémunérer une série d’intermédiaires, ce qui les empêche d’investir dans la sécurité des mines. C’est sans doute la raison pour laquelle il y a 300 morts par an dans les mines ukrainiennes. Mikhail Volynets, syndicaliste et parlementaire a été tabassé pour avoir dénoncé ce manque de sécurité. Il critique le Gouvernement et, s’il est encore en vie, c’est sans doute en raison de sa renommée internationale. Il est dommage que de telles violations des droits humains soient perpétrées dans un pays aussi beau dont la capitale fut décrite par Bill Clinton comme une « ville dans un parc ».
Noémie NYST, Pauline MASSART et Meriem RACHIDY |
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