La dimension ethnique et sociale de l’esclavage en Mauritanie

Deux communautés principales composent la Mauritanie. Ce sont les Maures blancs ou Beidane, qui ont la majeure partie du pouvoir politique, et les Maures noirs ou Haratine, généralement considérés (y compris par eux-mêmes) comme d’anciens esclaves. Et puis, il y a les populations noires du sud du pays.

D’origine arabo-berbère, les Beidane parlent l’hassanya, un dialecte arabe. Proches des Beidane dont ils partagent la langue et la culture, les Haratine ont été, pendant bien des générations, asservis par leurs "cousins". Et, comme le disait Samuel Cotton, ils ont perdu pratiquement tous les aspects de leur origine africaine, sauf la couleur de leur peau. Appelés les Maures noirs, par opposition aux Maures blancs, ils se distinguent cependant des Mauritaniens noirs du sud, non réduits en esclavage... Cette dernière population se compose de plusieurs ethnies possédant chacune sa propre langue : les Soninké, les Wolof, les Bambara ou encore les Halpulaar ou Fulfudé (dont certains sont aussi appelés Toucouleurs).
En Mauritanie, environ 60 à 70 % des Maures sont d’origine blanche et 30 à 40 % d’origine noire.

 La communauté maure

Subdivisée en tribus (Smassid, Idaouali, Lghlal, Oulad Bousba, etc.), elle est aussi hiérarchisée. Au sommet de l’échelle sociale se trouvent les marabouts (responsables religieux) et les guerriers. Ensuite viennent les artisans (forgerons et tanneurs), ainsi que les griots. Après on trouve les Haratine (affranchis de l’exclavage), et les Abid (encore tenus en esclavage). Enfin , les Znaga, ou "tributaires" se situent à part.

Notons que toutes les personnes réduites en esclavage appartiennent à des groupes ethniques noirs...

Ces dernières décennies, le nombre de Maures noirs réduits en esclavage a très notablement diminué, mais cela n’est pas le résultat de mesures prises par le gouvernement ! La participation aux Forces armées a permis à nombre de jeunes hommes de se rendre compte de leur situation... D’autres personnes, affranchies de fait (en quittant le campement de leurs "maîtres", ou parce que ces derniers se sédentarisaient), restent cependant toujours un peu "en la possession" de leurs anciens "propriétaires" qui peuvent les rappeler au travail en cas de "besoin"...

 La communauté mauritanienne noire

Divisée en 7 groupes ethniques, chacun également très hiérarchisé, à l’instar de la communauté maure blanche.
Des marabouts "en haut", puis des guerriers , des "conseillers", des "pêcheurs" et plusieurs castes (griots, forgerons, tanneurs...), on arrive enfin aux Maccubé : les personnes réduites en esclavage et leurs descendants. Le terme Maccubé signifie "ceux qui ont perdu leur chemin"...et s’applique aux familles capturées durant les guerres.

Comme on le voit, la situation ethno-sociale de la Mauritanie est d’une grande complexité, et cela ne permet pas de prendre facilement la mesure du problème de l’esclavage ni de combattre ce fléau pourtant bien réel...

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