1948 : Israël naît dans la guerre.
Depuis plusieurs décennies, des milliers de Juifs sionistes (prônant le retour des Juifs sur la terre de leurs ancêtres en réponse à l’antisémitisme régnant surtout en Europe de l’Est) s’installent en Palestine, où ils côtoient une population autochtone arabe hostile. Après la Seconde Guerre mondiale et le génocide nazi des Juifs, le monde occidental et communiste soutiennent la création d’un Etat juif. L’ONU vote un plan de partage en 1947, refusé par les Palestiniens, deux fois plus nombreux, qui veulent l’autodétermination. La guerre est dès lors inévitable, les Etats arabes voisins soutenant les Palestiniens à la proclamation d’Israël, en mai 1948. Mieux organisés, les Israéliens l’emportent. Plus de 700.000 Palestiniens fuient leurs villes et villages ou en sont chassés, et deviennent des réfugiés. Israël détruira quelque quatre cents villages ainsi désertés. L’Etat palestinien n’a pas été créé.
1967 : guerre des 6 jours.
La tension entre le jeune Israël et ses voisins arabes n’a jamais cessé depuis 1948 (une guerre a d’ailleurs eu lieu en 1956). Elle est portée à son comble en 1967 à la suite d’une conjonction de facteurs : l’Egyptien Nasser, champion des imprécations, renvoie les troupes des Nations unies qui font tampon depuis onze ans à la frontière israélienne et ferme le détroit de Tiran aux bateaux israéliens. Des discours haineux font croire aux Israéliens qu’une guerre menaçant leur existence les attend. Prenant l’initiative, Israël, qui dispose d’une supériorité militaire que ses généraux connaissaient, écrase ses voisins en six jours. Les hauteurs syriennes du Golan, la péninsule égyptienne du Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est (annexés par la Jordanie) tombent entre les mains d’Israël, où se développe une euphorie aux relents messianiques. Une colonisation débute dans tous les territoires occupés.
1973 : guerre du Kippour.
La guerre d’usure qui s’est installée entre Israël et l’Egypte autour du canal de Suez coûte cher en hommes et en matériel des deux côtés. Le nouveau président égyptien, Anouar el-Sadate, veut promouvoir la paix, mais il doit laver l’honneur des siens. Avec la Syrie, il attaque Israël le jour du Kippour, profitant de l’apathie israélienne en ce jour de fête religieuse. Pendant trois jours, les deux armées arabes font des percées, les Egyptiens réussissant notamment à franchir facilement le canal de Suez. Avec l’aide matérielle des Américains, Israël reprend le dessus, mais le choc aura été rude : pour la première fois, les Israéliens ont été à deux doigts d’une vraie défaite. Les travaillistes, au pouvoir depuis 1948, sont battus en 1977 par une droite, emmenée par Menahem Begin, beaucoup plus aggressive dans sa politique de colonisation. Il faut attendre 1992 pour voir un gouvernement homogène de gauche.
1982 : guerre du Liban.
Depuis 1967, les Palestiniens ont compris que leurs "frères" arabes ne libéreront pas la Palestine. Ils utilisent l’arme du faible, le terrorisme, parfois avec de très sanglantes conséquences. En 1982, Ariel Sharon, ministre israélien de la Défense, entreprend de "nettoyer" le Liban des combattants palestiniens qui y sont massivement repliés. Militairement, Israël a encore la supériorité et les combattants d’Arafat doivent bientôt quitter le pays pour s’exiler à Tunis. L’occupation d’une grande partie d’un voisin hostile, le grand nombre de victimes du conflit et le massacre des camps palestiniens de Sabra et Chatila perpétré par des miliciens chrétiens sous le regard de l’armée israélienne font pout la première fois des ravages dans l’opinion publique en Israël quant à l’utilité et la moralité de la guerre. Dans le monde, l’image d’un Israël éternelle victime de la haine arabe est également atteinte.
1987 : première intifada.
Dans les territoires occupés depuis 1967, la population palestinienne assiste de loin aux guerres et combats perdus. Pendant ce temps, la droite israélienne au pouvoir depuis 1977 bâtit avec zèle des colonies juives réparties sur tous les territoires occupés. La population vit sans droits politiques et sous un régime d’oppression qui ne tolère aucune contestation. L’explosion se produit en décembre 1987. La "révolte des pierres", comme on a surnommé cette intifada (soulèvement), prend Israël (et l’OLP) par surprise. Arafat réussit vite à canaliser l’intifada, proclame l’"indépendance" de la Palestine à Alger en novembre 1988 et le roi Hussein de Jordanie renonce à ses liens avec la Cisjordanie (que son grand-père avait annexée). Mais Israël reste inflexible, alors que les images de la répression font un tort considérable à sa réputation. Beaucoup d’Israéliens se posent alors eux aussi des questions sur l’occupation.
2000 : deuxième intifada.
La première intifada a donné lieu à "Oslo", en 1993, et à l’expérience de l’autonomie palestinienne. Depuis, Israël continue pourtant à coloniser les territoires, multipliant les check-points pour les Palestiniens, les routes pour les colons juifs. Les islamistes, eux recourent au terrorisme, dont les attaques de kamikazes. Les négociations sur le statut des territoires occupés n’ont lieu qu’en 2000. Elles échouent. Ariel Sharon, dans l’opposition, rend une visite jugée provoquante sur l’esplanade des Mosquées-mont du Temple. Le lendemain, la police tire sur des manifestants. La seconde intifada éclate et tourne en spirale infernale, entre des activistes palestiniens de plus en plus efficaces et une armée israélienne qui utilise une partie de sa puissance de feu. Sharon est élu pour ramener l’ordre. Mais les violences redoublent. La diplomatie est au point mort et Arafat, jugé responsable par Sharon, isolé à Ramallah.