Un témoignage émouvant.

Pendant deux heures, Monsieur "Néma" nous a raconté son histoire, la souffrance des siens, ses espoirs de Mauritanien exilé.

Il a donc accepté de venir à Hannut, de nous rencontrer, de témoigner devant nous. Demandeur d’asile en Belgique (sa requête est encore en instance à l’heure où sont écrites ces lignes), nous l’appellerons M. Néma par souci de discrétion.

Pourquoi a-t-il quitté la Mauritanie ?

Appartenant au groupe ethnique des "négro-Mauritaniens", c’est-à-dire des Mauritaniens noirs et "non Maures" (ces derniers étant les Haratin), il est victime, comme tous les autres membres de ces ethnies (Peuls, Wolofs, ou Soninkés), de graves discriminations, voire de violences physiques caractérisées. Monsieur Néma, pour sa part, a constaté avec amertume qu’il lui serait en outre impossible de mener à terme ses études supérieures parce que "négro-Mauritanien".

Explication : La politique appliquée en Mauritanie depuis des décennies est la minorisation officielle voire la non-reconnaissance de la composante négro-africaine au sein de la population mauritanienne ("Ce sont des Sénégalais..."), politique menée par les Maures dans le cadre d’une volonté d’inscrire le pays dans la mouvance des pays arabes : arabisation systématique dans l’enseignement et dans l’administration, république islamique, etc. Cette politique dénie donc aux Mauritaniens noirs du sud, même s’ils sont presque tous musulmans, leur identité de Mauritaniens "différents" des Maures... D’ailleurs les bourses d’études, et l’accès même à ces études, sont l’objet de discriminations importantes envers ces groupes "noirs".

Pourquoi l’asile en Belgique plutôt qu’ailleurs ?

"Parce que le bateau allait à Anvers", tout simplement... Embarqué clandestinement, M.Néma n’a pas vraiment choisi, bien entendu. Mais il se dit heureux de ce hasard, car, depuis trois ans qu’il est en Belgique, et malgré des moments difficiles, il garde l’espoir que sa situation administrative, qui évolue lentement mais positivement (grâce dit-il, à son avocate), débouche sur une reconnaissance de son droit à l’asile chez nous. Cela lui permettrait de mener à terme ses études et,un jour, de rentrer en Mauritanie dès que la sûreté des personnes, l’égalité des chances et la démocratie y auront été restaurées.

Des questions plus personnelles...

Bien sûr, M. Néma nous a aussi parlé de sa famille, de son village, là-bas dans le sud Mauritanien, de la difficulté de fuir son propre pays, de vivre loin des siens...

Et tout le reste : l’esclavage, les massacres de 1990, la torture, les mutilations génitales féminines, l’opposition baillonnée...

Monsieur Néma, qui aime indéniablement beaucoup son pays, n’a éludé aucune question et nous a parlé de tous ces problèmes qui font de la Mauritanie, hélas, un de ces Etats confrontés à de trop nombreuses violations des droits humains.
Ces différents aspects dramatiques de la Mauritanie feront l’objet d’articles prochains sur notre site.

Et maintenant, Monsieur Néma ?

M.Néma nous a quittés, après ces deux heures, mais nous n’allons pas rester les bras croisés. En attendant (de savoir ce que nous pourrions faire concrètement pour lui), qu’il sache combien il nous a touchés, que nous le remercions du fond du coeur pour sa patience et sa gentillesse, et que nous avons été impressionnés par son honnêteté lorsqu’il parle de son pays, par son esprit de non-violence aussi.

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