Le 19 février 2004, alors qu’elle se trouvait dans la rue, à Diyarbakir, B.
P. aurait été enlevée par des personnes munies de talkies-walkies, qui lui
ont bandé les yeux et l’ont emmenée dans une voiture. Elles lui ont ensuite
demandé où se trouvait sa sœur. Comme la fillette ne répondait pas, elles
lui auraient donné plusieurs coups de poing sur la bouche, causant des
saignements abondants, et dans les genoux. Elle aurait ensuite été conduite
à la section antiterroriste du siège de la police de Diyarbakir, où on a
soigné sa bouche ; par la suite, cependant, elle a de nouveau été battue et
menacée. Elle a été relâchée dans le courant de la journée.
Lorsque B. P. a voulu porter plainte auprès de l’antenne locale de l’Insan Haklari Dernegi (IHD, Association turque pour la défense des droits humains), elle se
trouvait dans l’incapacité de parler et a dû faire sa déposition par écrit.
Des rapports médicaux attestent l’existence de ces blessures. Après que
l’IHD eut déposé une plainte en son nom auprès du procureur de Diyarbakir,
B. P. et sa famille, qui résidaient en dehors de Diyarbakir, ont reçu cinq
ou six coups de téléphone de la part de personnes prétendant appartenir à
l’IHD - alors qu’il n’en était rien - et leur demandant de venir à
Diyarbakir. Le 19 mai, B. P. et sa mère sont allées chercher conseil auprès
de l’IHD. Dans un fax, l’IHD a fait part à Amnesty International de son
inquiétude au sujet de la sécurité de B. P. et de ses proches. Peu après
l’envoi du fax, B. P. aurait reçu un appel téléphonique anonyme. L’auteur de
celui-ci lui aurait dit : “ Pourquoi as-tu parlé à Amnesty International ?
Ça va très mal se passer pour toi, maintenant. ”
INFORMATIONS GÉNÉRALES
La Turquie a récemment adopté des réformes législatives qui, si elles
étaient appliquées, pourraient constituer une grande avancée dans la lutte
contre la torture et l’impunité. Ces nouvelles dispositions, qui concernent
notamment les procédures de détention, prévoient par exemple une réduction
du temps de détention, et réaffirment le droit pour les personnes arrêtées,
quelles qu’elles soient, de bénéficier sans délai des services d’un avocat.
Toutefois, de nombreux cas d’actes de torture et d’autres formes de mauvais
traitements infligés dans des commissariats et des gendarmeries sont
toujours portés à la connaissance d’Amnesty International. En outre, d’après
certaines informations reçues par l’organisation, la nouvelle législation
n’est pas respectée. La détention non officielle, pratique à laquelle
certains responsables de l’application des lois ont recours, au mépris des
nouvelles dispositions visant à prévenir la torture et les mauvais
traitements, constitue un autre motif d’inquiétude pour Amnesty
International. Les personnes qui font l’objet d’une arrestation non
officielle ne figurent pas sur les registres de détention, et ne sont
généralement pas amenées au commissariat ; elles sont enfermées ailleurs ou
retenues captives dans un véhicule de police (parfois banalisé) en
mouvement.
Amnesty International a également recueilli de nombreuses informations selon
lesquelles des victimes, voire des proches de victimes, qui avaient porté
plainte contre des policiers pour torture ou mauvais traitements étaient la
cible de menaces ou de brutalités visant à leur faire retirer leur plainte.
MODELE DE LETTRE
Monsieur le Ministre,
Nous sommes des élèves de l’école... (nom de l’école) en Belgique.
Nous sommes très choqués par ce que nous avons appris : B. P., une fille de 12 ans, aurait été enlevée et soumise à des mauvais traitements par des policiers à Diyarbakir.
Nous vous demandons de garantir sa sécurité et celle de sa famille.
Il est vraiment important que vous les protégiez. Il faut aussi que les responsables soient punis et qu’une enquête complète soit menée.
Il semble que les menaces reçues par B.P. soient liées à la plainte qu’elle a déposée contre les policiers qui l’ont maltraitée. S’il vous plaît, faites tout ce que vous pouvez pour que les victimes puissent être protégées contre ce genre d’intimidations. Il en va de la réputation de la Turquie dans le monde et en Europe.
Nous espérons que vous tiendrez compte de notre lettre. Avec nos meilleures salutations,
Classe de ...
Adresse :
Signatures :
ENVOYEZ VOS LETTRES A :
Ministre de l’Intérieur :
Mr Abdulkadir Aksu,
Ministry of Interior
Içisleri Bakanligi,
06644 Ankara,
Turquie
Fax : 00 90 312 418 17 95
Ambassade de la République de Turquie
Rue Montoyer, 4,
1000 Bruxelles ,
Fax : 02/514 07 48,
Email : info@turkey.be
PRIÈRE D’INTERVENIR IMMÉDIATEMENT.
OPERATION COURAGE
Des détenus coupés du reste du monde.
Les Etats-Unis ont arrêté beaucoup de personnes suspectées de terrorisme. Elles sont détenues sur une base américaine à la frontière de Cuba. En janvier 2002, six personnes ont été livrées par les autorités bosniaques aux USA sans procédure légale et contre l’avis de la Chambre des Droits humains de Bosnie. C’est pourquoi Amnesty considère que leur détention est arbitraire. De plus, elles n’ont pas le droit de communiquer avec leur famille et leur conditions de détention sont très sévères. Enfin, ces personnes n’ont toujours pas été jugées ni accusées. On ne sait d’ailleurs pas précisément les motifs qui ont conduit à leur arrestation.
Comme il est impossible de s’adresser directement à ces prisonniers, nous vous proposons d’envoyer des messages de soutien ou des dessins à leurs
épouses :
– Nadja Dizdarevi
Emila Zole 10/22
71000 Sarajevo
Bosnia-Herzegovina
– Sabiha Delic Ait Idir
Branislava Nusica 112
71000 Sarajevo
Bosnia-Herzegovina
BONNES NOUVELLES
Plusieurs personnes ont été remises en liberté suite aux actions urgentes lancées par Amnesty ce mois de mai mai 2004 :
Liberations :
Mexique : Carlos Manzo, Luis Alberto Marin et Francisco de la Rosa ;
Syrie : Muhammad Ghanem ; Fahim Hassan Yusuf, son fils Jomard Fahim Yusuf, Hussain Muhammad Murad, Akram Muhammad Murad, Hassan Muhammad Murad, Khader Nawar Manja et Zeres Nawar Manja
Ouzbekistan : Babir Makhmoudov ;
Arabie Saoudite : Sheikh Mohamed Saleh Ali ;
Soudan : Islam Salih Adam Belo ;
Népal : Tuk Nath Dhungana, Sitaram Tamang, Samundra Budathoki, Ravindra Kumar Pudasani, Bishnu Thapa, Surya Bastakoti
Etats-Unis : un sursis a été octroyé à James Clark et Gregory Lott, deux condamnés à mort.