Les catas tues... tuent aussi !
26 décembre 2004... Tsunami en Asie... Lorsqu’on évoque cette date, qui n’a pas des images de désolation, vues à la télé, qui lui reviennent en tête ? Qui n’a pas envoyé un petit SMS pour faire un don ? Qui n’a pas été horrifié en voyant ces images plus sanglantes les unes que les autres ? Peu de personnes, en effet. Ce fut une bataille médiatique entre les journaux avec pour gagnant celui qui montrerait la photo la plus morbide.
Mais qui se soucie des 20 à 25.000 hommes, femmes et enfants qui meurent chaque jour de faim ? Qui se soucie du ‘tsunami’ qui a lieu chaque semaine, causé, lui, par la famine, le manque d’eau potable, la guerre ? Dans notre société occidentale, peu de gens en sont conscients. Toutes ces victimes meurent en silence. A qui la faute ? Pas aux éléments déchaînés de la nature, mais à l’homme lui-même. Autant de morts que nous pourrions éviter. A notre échelle, il est difficile d’agir directement, mais voir la réalité en face est déjà un grand pas.
C’est le message que notre groupe Oxfamnesty (une vingtaine d’élèves des classes de 2ème à la 6ème) a voulu faire passer aux élèves de SAR (St André, Ramegnies-Chin), à travers un grand jeu pour l’opération appelée « Les catas tues... tuent aussi ! » Pas moins de 270 élèves, répartis en équipes de 6 ou 7 (chaque équipe représentant un pays avec une certaine population dont ils étaient responsables), ont déambulé entre les différents stands des épreuves du parcours. Leur but était de perdre le moins possible de population ; notre but, à travers les épreuves, était de faire comprendre que des catastrophes dont on parle peu sont évitables, ne sont pas naturelles. Voici une présentation des épreuves :
GOUTS DU MONDE : Les élèves devaient goûter des plats simples et reconnaître le pays d’origine. Bien sûr, ces plats n’étaient pas des tortillas mexicaines ou des sushi japonais, mais des lentilles, du riz grillé,... ou rien , car tout le monde ne mange pas à sa faim.
ACCES A L’EAU POTABLE : Il n’est pas facile d’effectuer un parcours d’obstacles en faisant tomber le moins d’eau possible. Mais c’est encore plus dur de parcourir des kilomètres pour se procurer un petit bidon d’eau potable !
CONSTRUCTIONS : Quelle ne fut pas la fierté de certains élèves après avoir construit leur tour de blocs de couleur ! Ils ont vite déchanté quand un membre d’Oxfamnesty a décidé arbitrairement d’enlever les cubes de telle ou telle couleur. Des gouvernements se montrent injustes et arbitraires envers la polulation et empêchent ainsi son bon développement.
MEDIAS : Même s’ils passent beaucoup de temps devant la télé et, parfois, devant le JT, les équipes d’élèves ont souvent eu du mal à associer une catastrophe et son année, le pays du drame, et le nombre de victimes. Comme quoi, l’homme oublie bien vite les mauvais souvenirs, d’autant plus que des catastrophes sont plus médiatisées que d’autres.
REPARTITIION INEGALE DES TERRES : Deux équipes s’affrontent à la marelle. Seulement, voilà, les dés sont pipés et une des deux équipes est lésée. Les organisateurs connaissent d’avance les gagnants. Dans certains pays, c’est comme ça aussi. La compétition est impossible si vous vivez sur des terres où rien ne pousse et que votre concurrent a reçu, ou s’est octroyé les terres fertiles.
GUERRES : Devant les élèves, une balance qui penche du mauvais côté, et une feuille de papier où sont proposées des solutions pour résoudre un conflit. Aux propositions, plus ou moins bonnes, correspondait un poids (plus lourd si la proposition est plus valable) et le but était de faire pencher la balance du bon côté, c.-à-d. du côté de la paix.
Parmi les équipes rôdait incognito une personne symbolisant le tsunami qui, au hasard, faisait disparaître un pourcentage de la population du pays. Elle rappelait ainsi le caractère imprévu, inévitable et meurtrier des catastrophes naturelles. Mais celles-ci sont parfois moins meurtrières que la bêtise humaine !
Opération réussie. Message reçu cinq sur cinq par les participants.
Le groupe Oxfamnesty. de St André de Tournay
« La voix du Silence » est le titre d’un spectacle conçu par les jeunes du groupe de l’IND de Sacré Cœur de Beauraing, à l’occasion du 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). Au programme : lectures et mise en scène de textes sur les droits humains.
Vous pouvez aussi faire venir une pièce à l’école, et proposer un débat avec les comédiens. Ainsi, beaucoup de groupes-écoles ont invité la pièce Un pour la route qui parle de la torture. De l’avis de la majorité, cette pièce a pu attirer l’attention sur un thème pas toujours facile à faire passer auprès des jeunes. Un bon moyen pour proposer vos actions en faveur de victimes !
Le groupe-école de l’Athenée royal Magritte (Châtelet) a réalisé un jeu de société pour célébrer le même anniversaire de la DUDH.
A le groupe de l’athenée d’Uccle, on s’est inspiré directement de l’actualité pour imaginer des actions symboliques. Ainsi, pour commémorer le 10ème anniversaire de la chute du mur de Berlin, les élèves ont dressé un véritable mur au milieu de la cour de récréation. Sur ce mur, on pouvait voir d’un côté l’histoire du Mur de Berlin, tandis que l’autre côté était réservé comme espace d’expression pour les élèves... Autant dire que cette expérience a marqué tous les élèves !
Le groupe-école de St Remacle à Stavelot a invité la ligue d’impro amateur... Le succès était aussi grand que le délire ! En plus de la récolte d’argent, beaucoup d’intérêt nouveau pour Amnesty dans l’école.
Une idée géniale : les élèves de l’IND de Malmédy s’étaient rangés dans la cour de l’école sur les contours d’un dessin de clé, symbolisant un moyen de faire libérer les prisonniers d’opinion. Vu de haut, la photo donne vraiment bien ! Au Canada, ils ont fait la même chose pour former les lettres AKIN, du nom d’un prisonnier turc qu’ils défendaient...
Le groupe du Collège Cardinal Mercier (Braine l’Alleud) a organisé une « semaine de la torture ». Durant cette semaine, les élèves ont organisé des actions symboliques : faire construire un mur de briques, afficher des témoignages de victimes dans l’école, faire péter des ballons gonflables pour symboliser la fragilité des êtres humains,...
A le groupe de Basse-Wavre, on s’est carrément investi dans la mise en scène, avec la présentation de la pièce « Debout les morts ».
Les élèves de l’Institut Jacquemain (Bruxelles) ont l’habitude de voir le groupe d’Amnesty animer leurs temps de midi : parmi toutes les idées réalisées, voici quelques-unes qui pourront vous inspirer :
– jeu de pistes sur les droits humains : pour joindre l’utile à l’agréable, rien de tel que de faire un petit jeu de piste... afin de susciter la curiosité des autres élèves et les amener à réfléchir de façon amusante. Idée : le but du jeu de piste est d’obtenir de plus en plus d’infos sur le prisonnier que l’on défend. A l’arrivée, on retrouve sa trace : le nom de la prison, sa photo, l’adresse où écrire en sa faveur...
– créer une mise en scène sur la situation d’une personne : pendre un mannequin, pendre un drap aux fenêtres de l’école, simuler une annonce d’exécution pour telle date à telle heure,...)
– faire circuler des « hommes sandwiches » dans l’école, avec la photo du prisonnier qu’on défend.
– les « clés de la liberté » : les élèves ont pendu dans les couloirs de l’école des clés et des photos de prisonniers adoptés par Amnesty. Cela n’est pas passé inaperçu et a provoqué de nombreuses questions... et beaucoup de nouvelles signatures de pétitions.
– mettre des affiches ou des tracts sur les voitures des professeurs : là au moins, on est quasi sûr que ce sera lu !
– lors d’une fête, éteindre toutes les lumières de l’école et sensibiliser pendant une ou deux minutes les élèves, à la lumière des bougies d’Amnesty.
Le groupe de l’école Notre Dame des Champs à Bruxelles a organisé toute une semaine USA, avec chaque jour un « happening » lié à un thème de la campagne : le lundi, dans le hall d’entrée, huit élèves procèdent à l’exécution symbolique d’une jeune fille attachée à une chaise ; le mardi, des élèves « réfugiés » sont sévèrement encadrés par des « policiers » américains, pendant que d’autres « touristes » sont accueillis chaleureusement sous une pencarte « Bienvenue aux USA » ; le mercredi, des élèves sont enfermés dans une cellule en carton... sur laquelle on peut lire des informations sur les mauvais traitements auxquels sont confrontés les prisonniers américains ; le jeudi, le hall d’entrée est transformé en rue bombardée, des élèves sont couchés à même le sol, sous le slogan « les armes américaines font un malheur à l’étranger ». Et pour conclure, le vendredi, les élèves sont invités à visiter une expo sur la campagne et à signer des pétitions.
En préparant et en réalisant cette campagne, les élèves se sont fait la réflexion qu’il n’y a pas qu’à l’étranger que les droits humains sont violés. Le problème des réfugiés, les ventes d’armes, sont aussi des sujets brûlants d’actualité chez nous. De quoi alimenter un nouvel engagement, dans un contexte plus proche...