Haïti : quand les droits humains font défaut !

Toi aussi tu auras très certainement entendu parler du tremblement de terre de magnitude 7,1 à Haïti, le plus important et le plus meurtrier qu’ait connu le pays jusqu’à présent. Il a en effet provoqué de nombreux dégâts humains et matériels le 12 janvier dans plusieurs villes à l’ouest de la république et tout particulièrement dans la capitale Port-au-Prince et ses quartiers. Si tu es au courant de cette terrible catastrophe naturelle, c’est sans doute via les médias et un tas d’associations d’aide humanitaire et de développement qui demandent à la communauté internationale de se mobiliser et de venir en aide à la population locale sinistrée étant donné l’urgence de la situation. Le nombre tragique de personnes qui ont péri au cours de ce séisme s’élève d’ailleurs à plus de 100 000 Haïtiens. Un chiffre qui fait froid dans le dos…

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Vous avez dit Haïti ?

Carte d’Haïti. Wikipédia

Haïti est un pays des Grandes Antilles situé sur l’île d’Hispaniola dans une zone sismique très active entre deux plaque tectoniques : la nord-américaine et celle des caraïbes au sud. Haïti est donc beaucoup plus susceptible que d’autres régions du monde d’être confronté à de violents tremblements de terre.

En plus de cela, Haïti est un pays très vulnérable aux catastrophes naturelles parce qu’il connaît une déforestation accélérée ce qui fait que de plus en plus de forêts sont malheureusement abattues et ne protègent plus l’île en jouant le rôle de bouclier contre les différentes catastrophes naturelles qui existe : ouragans, tornades, inondations, …

Pourquoi Haïti compte l’un des plus important bidonville aujourd’hui avec sa capitale Port-au-Prince ?

Un homme marche dans la rue parmi

Un bidonville qu’est ce que c’est ? C’est un endroit que l’on retrouve à proximité des grandes villes et dans lequel il n’y a souvent pas d’eau, pas d’installations sanitaires ni d’électricité. Les logements sont fait avec des matériaux de récupération trouvés dans les déchets et les ordures. C’est un lieu où les gens vivent en fait les uns sur les autres et où il n’est pas rare de constater des actes de violence au quotidien puisque les autorités policières n’y pointent pas souvent le bout de leur nez. Qui dit bidonville dit par conséquent non respect des droits humains ! Si tu veux en savoir plus sur les bidonvilles, va faire un tour sur notre site jeune : http://www.amnesty-jeunes.be, clique sur l’onglet « Exigeons la Dignité » et va dans la rubrique « les bidonvilles ». Il existe aussi un dossier pédagogique sur ce le thème de la dignité humaine. Pour le recevoir, il te suffit de nous écrire par mail à l’adresse : jeunes@aibf.be.

Si Haïti et plus particulièrement Port-au-Prince est donc bien l’un des plus important bidonville au monde, un petit retour en arrière s’impose ici pour que tu puisses en comprendre les raisons. Il y avait déjà un tas de problèmes sur l’île bien avant le tremblement de terre et ces problèmes se sont amplifiés avec la catastrophe naturelle.

Les Haïtiens n’ont pas droit à un niveau de vie suffisant. Ils n’ont donc pas de quantité de nourriture et d’eau en suffisance et sont privés d’un logement décent. Difficile aussi en Haïti de faire valoir le droit à la santé car l’accès aux soins de base est limité et les réseaux d’assainissement sont peu nombreux voir inexistants. Le droit à l’éducation constitue également un problème quotidien car beaucoup d’enfants en âge d’être scolarisés ne le sont pas. Sans scolarité, pas évident de trouver du travail et c’est aussi la raison pour laquelle le taux de chômage est si élevé en Haïti.

Des filles collectent de l’eau dans le département nord. Haïti 2004. Amnesty International.

==> Les femmes et les enfants une fois de plus non respectés !

En plus de cela, les femmes, les jeunes filles et les enfants sont constamment discriminés ce qui veut dire qu’ils sont privés de la plupart de leurs droits fondamentaux. Ils sont nombreux à subir toutes sortes de mauvais traitements, des viols et des violences sexuelles. Très souvent, ces femmes et ces enfants sont exploités et victimes de la traite des êtres humains à destination de la République Dominicaine. Être victime de traite signifie qu’on devient la propriété de quelqu’un qui nous inflige des traitements qui vont à l’encontre de nos droits humains : le droit au respect de notre personne, de pouvoir circuler librement, de pouvoir s’exprimer et parfois même le droit de vie ! C’est une façon de nous réduire à l’état d’esclavage par la violence et la torture

Un jeune Haïtien cherche de la nourriture parmi les déchets. Port-au-Prince, 2006.

Amnesty qui est totalement contre ce genre de pratique a lancé une campagne contre la traite des êtres humains dans le contexte de la coupe du monde de football en 2006. Pour en savoir plus, informe-toi via ce lien

Les enfants subissent aussi de nombreux enlèvements forcés qui sont effectués par des trafiquants qui alimentent des réseaux d’adoption illégaux. Si cela est si facilement rendu possible en Haïti, c’est parce que l’Etat n’applique pas les législations internationales qui existent en matière des droits de l’enfant. En plus de cela, il préfère ignorer ce problème et ne rend pas des comptes à la communauté internationale quand il constate des infractions qui vont à l’encontre du respect des droits des enfants. Avec la crise qui existe maintenant en Haïti, le phénomène des adoptions illégales s’est davantage amplifié parce que les enfants qui ont été séparés de leur famille sont directement considérés comme orphelins et ne jouissent plus d’aucune protection.

Témoignage

Le travail domestique des enfants en Haïti

« Il y avait un gros bonhomme, frère du premier mari de la dame. Il dormait dans une pièce dans la cour, à côté de la cuisine ou moi-même je dormais avec le charbon, les fatras et les rats. Un soir il a frappé à la porte de la cuisine et m’a demandé de lui chauffer de la nourriture. J’ai dû me lever et allumer le feu. C’est à ce moment qu’il m’a demandé de lui sucer le pénis, en me disant qu’il me donnerait une belle poupée. Mon cœur a battu fort car j’avais très envie de cette poupée que je voyais parfois en allant au marché. Je l’ai fait mais la poupée n’est jamais venue. J’en avais tellement envie de cette poupée que je l’ai fait avec d’autres (…), mais la poupée n’est jamais venue ». Témoignage de Loransya qui vivait avec ses parents dans le village de Kenscoff. Sa famille étant pauvre, elle a été obligée d’aller travailler à huit ans en tant que domestique à Carrefour, un quartier de Port-au-Prince. Elle a été victime de nombreux sévices sexuels de la part de ses employeurs.

Les droits humains, une question de justice

La justice en Haïti connaît aussi des dysfonctionnements importants. Les conditions de détention auxquelles les détenus sont soumis sont particulièrement pénibles. Ils subissent toutes sortes de mauvais traitements de la part des forces de sécurité qui usent et abusent de la force et de la violence.
Les armes à feu donc doivent être utilisées uniquement en cas de légitime défense ou pour défendre quelqu’un contre une menace directe de mort ou de blessure grave. La plupart ont été arrêtés sans motif valable et ne sont pas jugés correctement. Le plus intolérable avec le système judiciaire en Haïti, c’est que les pratiques « d’impunité » y sont monnaie courante même si des violations sont pratiquées à l’encontre des droits humains. Le terme d’impunité veut dire que les auteurs de méfaits sont protégés et ne sont donc pas condamnés pour les crimes et les délits qu’ils commettent. C’est justement à cause de cette impunité que les femmes et les enfants sont encore plus exposés aux atteintes à leurs droits humains parce qu’en situation de chaos, les crimes qu’ils subissent passent encore plus inaperçus et ne sont pas sanctionnés.

Quelques faits sur la situation générale en Haïti

==> 1,8 million d’habitants ont faim tous les jours.
==> 1 Haïtien sur 4 est sous-alimenté.
==> 80 % de la population
vit sous le seuil de pauvreté dont à peu près 54 % dans
la pauvreté la plus totale.
==> 40 % de la population n’a pas accès à une eau potable et à des réseaux
d’assainissement.
==> Plus de 65 % de la population est au chômage.
==> 500 000 enfants en âge d’aller à l’école n’y vont pas.

Amnesty International dans tout cela ?

Pourquoi Amnesty contrairement à d’autres associations qui apportent une aide matérielle sur le terrain ne donne pas son soutien de la même manière ? Amnesty a pour mission principale de faire de l’éducation aux droits humains. Ce n’est donc pas ce que l’on appelle une organisation d’aide humanitaire et de développement. Qu’est ce que cela veut dire ? En fait, quand on parle d’aide humanitaire et de développement, c’est une aide qui se fait dans l’urgence en cas de crise et sur une courte période de temps. C’est ainsi que dans le cas d’Haïti, les autorités Haïtiennes, de nombreux organismes internationaux dont les Nations Unies et des agences d’aide humanitaire et de développement concentrent leurs efforts sur des opérations de secours et de reconstruction. Ils vont donc tenter de sauver un maximum de vies, d’enlever les décombres et de rétablir les services élémentaires et les infrastructures qui ont été détruites. Par contre chez Amnesty, c’est une aide qui se prévoit sur du long terme et qui met surtout l’accent sur la promotion et la défense des droits humains pour apporter des changements durables et efficaces dans la société.

Que propose Amnesty pour venir en aide aux Haïtiens ?

À votre avis, qu’est ce qui peut bien nous manquer quand on a tout perdu ? Il nous faut trouver un logement, de l’eau, de quoi se nourrir, assurer notre santé et notre hygiène. Il nous faut en fait retrouver l’ensemble de nos besoins fondamentaux qui nous permettent de vivre dignement c’est-à-dire dans le respect intégral de notre personne.
Mais on l’a dit, bien qu’Amnesty soutient et applaudit ce genre d’opération de secours d’urgence, l’association agit différemment. Que va donc proposer Amnesty ?

==> La sensibilisation du rôle de l’Etat dans la promotion et le respect de tous les droits humains !

Cela veut dire que l’Etat Haïtien a trois missions principales : il doit faire valoir les droits humains dans toute la société haïtienne. Cela veut donc dire qu’il ne doit pas seulement reconnaître leur importance mais qu’il doit surtout mettre en application le respect de ces droits. Cela veut dire aussi que l’Etat doit signaler tous les abus qui sont commis à l’encontre des droits humains pour lutter efficacement contre leurs atteintes. L’Etat Haïtien doit donc faire en sorte que tous les haïtiens aient un accès égal à ces droits, il doit rendre des comptes sur les atteintes aux droits humains et veiller à faire participer activement la population dans les prises de décisions qui concernent l’application de ces droits dans leur vie quotidienne.

Amnesty sait pourtant qu’en situation de crise, l’Etat ne pourra pas faire respecter les droits humains sans une aide extérieure. C’est pourquoi Amnesty compte sur l’appui des Nations Unies afin que l’intégralité de ces droits soit au cœur des efforts de secours et de reconstruction du pays. C’est en protégeant l’ensemble de ces droits que l’aide apportée sur le terrain sera rendue efficace et pourra mettre un terme à la crise des droits humains que connaît Haïti. Crise qui se traduit par la perpétuation d’une série d’injustices, d’inégalités et de pauvreté.

Des jeunes filles traversent la rivière pour se rendre à l’école.
Lavanneau, Haïti, 12 March 2008. Amnesty International

==> Qui doit-on surtout protéger ?

Ce sont les personnes les plus vulnérables et les plus fragilisées, généralement privées de tout environnement protecteur qui connaissent le plus de difficultés à faire respecter leurs droits : les femmes, les jeunes filles et les enfants. Cet environnement protecteur n’est autre que la famille, les villages et les écoles. Les traitements que des exploiteurs et trafiquants leur font alors subir sont dégradants, mettent leur santé et leur sécurité en danger. Dans le cas des femmes et des jeunes filles, cela est principalement lié au genre. Le genre si tu ne le sais pas, c’est ce qui donne le sexe des individus : masculin ou féminin. En plus de cela, l’accès qu’elles ont aux services de santé maternelle, sexuelle et de procréation est très réduit. Ce sont toutes les personnes déplacées dont les enfants et les femmes font aussi partie qui doivent être protégées par la création d’espace sécurisés qui leur accorderont les besoins auxquels elles ont droit. Ces centres permettront en même temps de rassembler les familles entre elles et donc de rendre les personnes moins vulnérables aux agressions en tout genre. Si ces personnes souhaitent retourner dans leurs anciennes maisons ou terres, ce droit doit également leur être accordé.

Avec le tremblement de terre, la prison principale d’Haïti a été détruite et les détenus ont donc pu s’en échapper. Seulement comme il s’agit de détenus, la population a peur et risque de leur infliger toutes sortes de brutalités sous la panique. C’est pour cela qu’Amnesty souligne l’importance de les traiter humainement tout comme le reste des habitants d’Haïti. Les autorités haïtiennes ont donc été invitées à mettre en place un centre de détention provisoire pour éviter ce genre de dérapage.

==> Comment les protéger sur du long terme ?

En défendant les droits humains et donc en assurant la sécurité de la population afin que chacun puisse vivre dans la dignité. Dans des situations d’urgence comme celle-ci, les droits humains sont encore plus mal menés qu’à leur habitude et sont réellement en danger pour la simple et bonne raison qu’en temps de crise, la société ne tient plus ensemble et qu’elle est soumise à toutes sortes de pressions. Elle devient donc beaucoup plus fragile et moins stable.
Si tu souhaites en savoir davantage sur les droits humains, tu peux lire des informations à ce sujet sur le site jeune dans l’onglet réservé à notre nouvelle campagne « Exigeons la Dignité ».

Pour que l’Etat Haïtien respecte correctement les droits humains, il a besoin d’argent mais si tu ne le sais pas encore, Haïti a une importante dette financière extérieure de centaines de millions de dollars ! Il faut savoir que plus on emprunte de l’argent à des pays et plus la somme qu’on doit leur rembourser est grande à cause des intérêts qui y sont liés. Ces intérêts représentent en quelque sorte des bénéfices que les pays qui prêtent de l’argent vont toucher au fur et à mesure des remboursements.
C’est pourquoi Amnesty insiste sur la suppression de cette dette afin qu’Haïti puisse parvenir à faire respecter les droits humains.

La catastrophe naturelle qui est survenue en Haïti et qui n’est pas la première que l’île connaît, est une fois encore l’occasion de se rendre compte que bon nombre de droits humains ne sont toujours pas respectés dans le pays. Il est clair que dans cette situation de crise, il y a des choses à mettre en place dans l’urgence pour assurer la survie des habitants et leur accorder les soins dont ils ont besoin mais il est certain et c’est bien la vision que défend Amnesty, que pour faire évoluer efficacement et durablement les choses, il est important d’envisager des solutions sur le long terme.
Parmi ces solutions, tu auras rapidement remarqué que la défense des droits humains est l’une des priorités d’Amnesty parce que la violation de ces droits ne fait qu’aggraver et maintenir la pauvreté et l’insécurité dans le pays.

Maintenant que tu en sais plus sur Haïti, c’est à toi d’agir !

Plusieurs écoles se sont déjà mobilisées pour soutenir Haïti. C’est le cas de l’école « Maxime Fanna » qui a réalisé de nombreux bracelets brésiliens que les étudiants ont ensuite vendu dans des gares. Tous les bénéfices qu’ils ont fait ont été envoyés à Haïti et vont contribuer à la reconstruction du pays et à assurer les besoins fondamentaux de la population. Si toi aussi tu es motivé et que tu as envie de t’investir dans le même genre d’initiative, rendez-vous sur notre page Facebook à l’adresse suivante : Amnesty International Belgique francophone.

Autre possibilité ce sont les cartes de soutien que l’on te propose de rédiger mais pas de panique si tu ne sais pas comment t’y prendre car il existe des modèles en ligne sur isavelives. Il te suffit d’aller voir dans l’onglet « navigation », de cliquer ensuite sur « types d’action » et de choisir « par modèle de lettre ».

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