Au cours de ces deux dernières années, la population brésilienne a continuellement exprimé son désaccord face à la politique du gouvernement, notamment vis-à-vis des dépenses astronomiques engendrées par la préparation de la Coupe du Monde de 2014. Ainsi, par exemple, afin de financer ces coûts exceptionnels, les prix des transports publics ont très sensiblement augmenté.
Les citoyens considèrent que cet argent aurait dû être investi pour l’éducation, la santé, ou plus généralement pour le développement du pays. Ils se considèrent donc trahis par cette politique qui vise à promouvoir une belle image du Brésil vers le reste du monde, tout en dénigrant la situation en interne et ses difficultés. Afin de monter leur mécontentement, ils manifestent leur colère en descendant dans les rues
Bien qu’aucun élément ne justifie en l’espèce la restriction de la liberté d’expression et celle de manifester pacifiquement, nombreuses sont les victimes de violations de ces droits fondamentaux lors de ces démonstrations.
La crainte de violences de la part des autorités se fonde sur la formation quasi inexistante de ses représentants ainsi que sur l’absence de sanctions envers ces comportements illégaux.
« Le bilan déficient du Brésil, en ce qui concerne le maintien de l’ordre, la tendance des autorités à s’appuyer sur l’armée pour maîtriser les manifestations, l’absence de formation et le climat d’impunité constituent un dangereux mélange dans lequel les seuls perdants sont les manifestants non violents. » continue Atila Roque
UNE SITUATION QUI DEGENERE :
Dans son dernier rapport, Amnesty International liste les différents abus par les forces de sécurité dont sont victimes les manifestants :
- utilisation de gaz lacrymogène contre des manifestants non-violents – dans un cas, en lançant la bombe dans un hôpital de Rio de Janeiro ;
- utilisation de balles en caoutchouc ;
Sérgio Silva, photographe professionnel, père de deux enfants, a perdu l’œil gauche après avoir reçu une balle lors d’une manifestation contre l’augmentation du prix des tickets de transports publics à Sao Paulo en 2013. Il éprouve désormais des grandes difficultés à travailler. Il n’a reçu aucune excuse officielle, ni offre de réparation.
- violence et coups à la matraque contre des individus qui ne représentaient aucune menace ;
- arrestations arbitraires de centaines de personnes au hasard en vertu de certaines lois relatives aux crimes organisés ;
Humberto Caporalli, 24 ans a été inculpé au titre de la Loi sur la sécurité nationale après avoir manifesté en faveur de l’éducation. Les agents de police l’ont forcé à donner le mot de passe de son compte Facebook afin de vérifier ce qu’il avait publié. Il a ensuite été maintenu en détention pendant deux jours avant qu’on lui accorde une liberté sous caution.
UN COMPORTEMENT ILLEGAL POTENTIELLEMENT PROTEGE PAR LA LOI
Les législateurs brésiliens travaillent actuellement sur plusieurs textes de lois susceptibles de restreindre le droit de manifester pacifiquement.
Par exemple, dans une nouvelle proposition de loi pour lutter contre le terrorisme, la définition large de la notion de terrorisme pourrait s’étendre à toutes les personnes responsables de la dégradation de biens et de services essentiels. Si le texte est adopté sous cette forme par le Congrès, il pourrait alors être utilisé de manière abusive à l’encontre des manifestants non violents.
Le 5 Juin, des militants d’Amnesty International ont remis aux autorités fédérales à Brasilia, la capitale du Brésil, des dizaines de milliers de « cartons jaunes » signés par des personnes du monde entier afin de rappeler au Brésil qu’il est tenu de respecter le droit de manifester pacifiquement.
« Á l’heure où les regards se braquent sur le Brésil, les autorités doivent publiquement s’engager à ne pas recourir à une force excessive contre les manifestants et à enquêter sur les violations éventuelles. S’en dispenser reviendrait à autoriser les forces de sécurité à commettre d’autres atteintes aux droits humains. » conclu Atila Roque