Brésil : Pour les mineurs, l’enfer commence dans les centres de détention.

La torture, les mauvais traitements et les châtiments collectifs font partie du quotidien des 6 000 jeunes de la maison de correction de São Paulo, la Fundação do Bem-Estar do Menor (FEBEM, Fondation brésilienne pour la protection des mineurs).

En septembre 2005, la mère de M., un adolescent détenu dans l’unité Vila Maria de la FEBEM, a signalé que son fils avait été frappé si violemment par des gardiens qu’il urinait du sang. Un autre mineur en détention, D., a montré à sa mère des contusions et des marques de torture. Il lui a dit que le directeur de la FEBEM avait personnellement ordonné qu’il soit privé de nourriture. Il a été placé à l’isolement pendant quatre jours après avoir été traîné hors de la classe par un gardien qui a tiré cinq fois dans le plafond pour l’intimider.

L’objectif de la FEBEM est de permettre aux mineurs délinquants de se réinsérer dans la société grâce à l’éducation. Or, les jeunes détenus ne bénéficient que d’une aide éducative réduite et cela dans le meilleur des cas.
Les conditions de détention sont souvent inhumaines, les émeutes et les actes de violence entre détenus en sont le résultat.

Des gardiens coupables de torture

Entre 2001 et 2004, des condamnations ont été prononcées dans 17 affaires de torture,
impliquant 227 gardiens de la FEBEM. Ces condamnations sont le résultat du travail réalisé par les procureurs chargés de contrôler le système. Des cas de détenus présentant des membres cassés, des marques de strangulation et du sang dans les urines ont donc pu être signalés.Face aux rapports signalant que des gardiens battaient des détenus, le président de la FEBEM a annoncé un ensemble de réformes qui a rencontré une forte résistance. Le nombre d’émeutes et d’évasions, dont beaucoup auraient été encouragées par des gardiens, a augmenté. La situation devenant de plus en plus chaotique au sein de la FEBEM a entraîné de la démission du président.

Bien qu’une nouvelle responsable ait été nommée, des mauvais traitements continuent d’être signalés. En septembre 2005, la présidente a pris un décret accordant aux directeurs le pouvoir de limiter les contacts entre les détenus et les défenseurs spécialisés dans les droits des mineurs et les membres de la société civile. Or, pour que leur sécurité physique soit préservée, il est essentiel que les détenus rencontrent des avocats, des proches et des représentants d’organisations de défense des droits humains.

Des détenus mineurs torturés

Amnesty International a reçu les informations selon lesquelles, les autorités de la FEBEM utilisent l’unité Vila Maria comme lieu de punition où les détenus seraient torturés et enfermés toute la journée. Des membres de l’ "unité de choc" des gardiens de prison pour adultes y auraient été amenés pour infliger des châtiments. De telles pratiques sont contraires aux dispositions de la Loi relative aux droits de l’enfant et de l’adolescent, qui a été adoptée par le Brésil en 1989.Cette loi garantit, entre autres, les droits des mineurs incarcérés.

Du fait des enjeux électoraux, la classe politique évite d’aborder le sujet du système de détention pour mineurs de São Paulo. L’image des détenus mineurs est très négative dans l’opinion publique. Des voix s’élèvent régulièrement pour demander l’abaissement de dix-huit à seize ans de l’âge de la responsabilité pénale, un durcissement du régime carcéral, un allongement des peines et le transfert dans le système pénitentiaire des jeunes ayant atteint l’âge de la majorité. Cependant, les autorités doivent garantir les droits des détenus mineurs et respecter les dispositions du droit international et de la loi brésilienne.

Amnesty International demande instamment au gouverneur de l’État de São Paulo, Geraldo Alckmin, d’ordonner une enquête sur les cas de torture et de mauvais traitements dans l’unité Vila Maria de la FEBEM, de veiller à ce que les personnes ayant enfreint la législation sur la torture soient déférées à la justice, et de faire en sorte que toutes les unités de la FEBEM respectent les normes minima prévues par la Loi relative aux droits de l’enfant et de l’adolescent.

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