Rapport annuel 2017

Nauru

République de Nauru
Chef de l’État et du gouvernement : Baron Waqa

La Loi de 2016 relative aux infractions contenait des dispositions visant à protéger les droits humains, mais elle n’était pas correctement appliquée. La négation des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, ainsi que les restrictions imposées à la liberté de mouvement et à l’accès des médias étrangers au pays demeuraient des motifs de préoccupation. Les passeports de plusieurs anciens députés ont été suspendus. Nauru continuait de retenir plusieurs centaines de réfugiés et de demandeurs d’asile dans un centre, tandis que d’autres vivaient au sein de la population aux termes d’un accord de transfert conclu avec l’Australie. La peine de mort a été abolie pour tous les crimes en mai.

Droits sexuels et reproductifs

Entrée en vigueur en mai, la Loi de 2016 relative aux infractions a dépénalisé les relations entre personnes de même sexe et les avortements réalisés par des professionnels de la santé. Le viol conjugal y était également érigé en infraction. Les autorités n’ont pris aucune mesure pour appliquer cette loi de manière à protéger les femmes et les filles contre les violences liées au genre ou à garantir leur accès à des services et à l’information en matière de santé sexuelle et reproductive. Les femmes et les filles vivant dans des lieux isolés ou dans des communautés marginalisées étaient les plus touchées par leur inaction.

La nouvelle loi incriminait l’achat et la vente de services sexuels, entravant l’accès des travailleuses et travailleurs du sexe aux services et à l’information en matière de santé sexuelle et reproductive et les exposant, entre autres, à l’exploitation, à des violations de leurs droits et à des violences. Ce texte avait aussi des répercussions négatives sur la prévention et le traitement du VIH.

Droit de circuler librement

En septembre, de nouvelles lois ont donné au ministère des Affaires étrangères le pouvoir d’annuler des passeports en l’absence de tout contrôle judiciaire. Vingt Nauruans ont affirmé que le ministère avait révoqué leur passeport. Parmi eux figuraient des députés de l’opposition qui avaient été suspendus du Parlement après avoir fait l’objet de poursuites en 2015 à la suite d’un rassemblement en faveur de la démocratie organisé en 2014. En septembre, l’ancien député Sprent Dabwido n’a pas été autorisé à quitter Nauru pour se faire soigner. Le gouvernement est par la suite revenu sur sa décision. Roland Kun, un autre ancien député, s’est vu confisquer son passeport en 2015 après avoir été inculpé parce qu’il avait parlé à des médias étrangers et participé à des manifestations antigouvernementales. Il a fui Nauru en juillet, après s’être vu accorder un passeport néo-zélandais.

Réfugiés et demandeurs d’asile

On dénombrait encore quelque 1 200 réfugiés et demandeurs d’asile à Nauru. Au 30 novembre, 383 se trouvaient dans le centre régional de traitement administré par l’Australie – 44 enfants, 49 femmes et 290 hommes (voir Australie). Environ 800 autres vivaient au sein de la population.

Des mineurs auraient été agressés par des employés d’entreprises engagées par le gouvernement australien pour gérer le centre régional de traitement, ainsi que par des particuliers. Les soins de santé prodigués n’étaient pas satisfaisants, et beaucoup d’enfants n’étaient pas scolarisés. Des tentatives de suicide et des cas d’automutilation étaient fréquemment signalés. Omid Masoumali, un réfugié syrien, est mort après s’être immolé par le feu en avril. Les autorités ne faisaient rien pour protéger les réfugiés et les demandeurs d’asile contre les agressions et les insultes dont ils continuaient d’être la cible de la part de la population insulaire, ni contre les arrestations et détentions arbitraires. Les conditions qui leur étaient réservées s’apparentaient à une forme de torture et provoquaient des ravages sur le plan psychologique.

En août, le journal britannique The Guardian a révélé au grand public plus de 2 000 fiches de signalement (les « Nauru files ») rédigées par le personnel du centre régional de traitement. Ces documents faisaient état, entre autres, de sévices physiques et sexuels à l’encontre de réfugiés et de demandeurs d’asile, dont des enfants, à Nauru, ainsi que de cas de grèves de la faim, d’automutilation et de situations d’urgences médicales.

En novembre, les pouvoirs publics australiens ont annoncé qu’une partie des réfugiés détenus à Nauru et sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, seraient réinstallés aux États-Unis (voir Papouasie-Nouvelle-Guinée).

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