Communiqué de presse

Zimbabwe. Des femmes ont été forcées à fuir leur domicile après avoir refusé de révéler pour qui elles avaient voté

Des militantes politiques vivant en milieu rural au Zimbabwe ont dit à Amnesty International avoir été menacées d’actes violents et contraintes à fuir avec leurs enfants, après avoir refusé de révéler pour qui elles avaient voté à des partisans du parti de Robert Mugabe pendant les élections harmonisées.

Ces femmes ont expliqué qu’elles ont refusé de suivre les instructions de sympathisants de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF), qui les engageaient à feindre l’illettrisme, la cécité ou une blessure physique afin que quelqu’un d’autre vote en leur nom.

Au moins six femmes ont dit avoir quitté leur domicile avec leurs 12 jeunes enfants, après avoir été menacées par des chefs de villages du district de Mukumbura, dans la province centrale du Mashonaland, peu après le scrutin du 31 juillet.

« Il semble que les sympathisants de la ZANU-PF aient voulu s’assurer que ces femmes ne votent pas pour les autres partis et qu’ils aient essayé de compromettre le vote à bulletin secret », a indiqué Noel Kututwa, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

« Face aux informations selon lesquelles des personnes ont été déplacées pour des motifs politiques en milieu rural, la police zimbabwéenne doit garantir la sécurité des militants politiques dans ces zones. Les autorités sont tenues d’enquêter sur toutes les menaces de violence et de veiller à ce que les auteurs présumés de celles-ci soient traduits en justice. »

Ces familles affirment qu’elles ont été prises pour cible en raison de leur soutien – avéré ou présumé – au Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti dirigé par Morgan Tsvangirai.

Lors de la dernière élection, un nombre considérable d’électeurs des zones rurales étaient enregistrés comme « électeur assisté » pour des raisons telles que l’illettrisme ou l’incapacité à indiquer leur vote sur le bulletin par eux-mêmes. Le taux d’alphabétisation du Zimbabwe, qui dépasse les 90 %, est le plus élevé d’Afrique.

Les militantes ainsi déplacées, dont certaines ont raconté qu’elles ont dû laisser leurs enfants derrière elles, ont déclaré à Amnesty International que d’autres familles se trouvent dans la même situation, bloquées dans le district de Mukumbura sous la menace de la violence.

Une des femmes à qui Amnesty International a parlé, qui souhaite garder l’anonymat car elle craint pour sa sécurité, a été menacée pour la première fois dans son village deux semaines avant l’élection. Elle a ajouté qu’elle avait signalé le problème à la police, mais rien n’a été fait.

Un cas similaire a également été signalé dans le district de Mberengwa, dans la province des Midlands, où une candidate du MDC a dû fuir son domicile avec trois de ses enfants le weekend dernier.

« Les observateurs électoraux se trouvant toujours au Zimbabwe doivent enquêter sur les informations faisant état de déplacements pour des motifs politiques dans les zones rurales, et faire pression sur le gouvernement afin de garantir que les droits humains soient protégés », a poursuivi Noel Kututwa.

« Si l’élection s’est déroulée dans des conditions majoritairement non violentes, il est choquant que ces épisodes se multiplient. La police doit prendre des mesures contre les chefs de village et les autres personnes ayant causé des problèmes dans les zones rurales. »

Le président Mugabe a été réélu avec 61 % des voix. Le MDC et certains observateurs électoraux l’accusent de fraude électorale.

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