Une nouvelle arrestation en Algérie met en relief le harcèlement dont sont victimes les militants dans le pays Communiqué de presse

Un défenseur des droits des chômeurs a été arrêté et placé en détention en Algérie, dans un contexte marqué par une répression persistante contre les militants des droits économiques et sociaux, a déclaré Amnesty International le 4 janvier 2013.

Taher Belabès a été interpellé le 2 janvier à Ouargla, une ville du sud du pays, après que la police eut dispersé une manifestation de personnes réclamant un travail ainsi que le départ des fonctionnaires chargés de la lutte contre le chômage au niveau local. Le rassemblement se déroulait pacifiquement, selon les témoignages recueillis.

Il arrive souvent en Algérie que des manifestants soient arrêtés et relâchés au bout de quelques heures. Cependant, Taher Belabès était toujours détenu deux jours après son interpellation. Des responsables ont indiqué que cet homme allait être inculpé d’entraves à la circulation et d’« incitation à un rassemblement », une infraction passible de cinq ans d’emprisonnement.

Ce type de chef d’inculpation est de plus en plus fréquemment utilisé par les autorités contre des personnes qui ne font qu’exercer leur droit légitime au rassemblement pacifique.

« Les autorités n’ont pas le droit d’arrêter ou de poursuivre des manifestants pacifiques », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Si Taher Belabès était inculpé d’“incitation à un rassemblement”, cela confirmerait une accentuation du harcèlement judiciaire à l’encontre des militants en Algérie. »

Taher Belabès, coordonnateur du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), a déjà été arrêté à plusieurs reprises lors de manifestations de personnes sans emploi. D’autres défenseurs des droits économiques et sociaux ont également été pris pour cibles. En 2012, cinq militants au moins, dont Abdelkader Kerba, lui aussi du CNDDC, ont été inculpés d’infractions ayant trait à l’« incitation à un rassemblement ».

« Amnesty International pense que les autorités algériennes utilisent ce type d’inculpation pour intimider les militants et les manifestants mobilisés contre le chômage des jeunes et la pauvreté », a poursuivi Philip Luther. « Malgré la levée de l’état d’urgence en 2011, des restrictions pèsent toujours sur les droits à la liberté d’expression et de réunion. »

Ouargla se trouve dans le sud de l’Algérie, une région riche en hydrocarbures où sont présentes un certain nombre de compagnies pétrolières et où les jeunes chômeurs se sont mobilisés pour réclamer des emplois.

Les manifestations contre la pauvreté, le chômage et la corruption se sont multipliées en Algérie ces deux dernières années.

En 2011, dans un contexte marqué par le mouvement en faveur de la réforme qui a traversé la région, le pays a levé l’état d’urgence en vigueur depuis 31 ans. Le gouvernement a toutefois maintenu l’interdiction de manifester à Alger, la capitale, et fait adopter de nouvelles dispositions législatives restreignant la liberté des médias et des ONG.

Les organisations de la société civile et les militants des droits humains sont toujours en butte à des menaces et des actes de harcèlement de la part des autorités ; les lois restreignant la liberté de réunion demeurent en vigueur.

Amnesty International a demandé aux autorités algériennes d’abroger la Loi 91-19 relative aux réunions et manifestations publiques, qui exige des organisateurs de demander une autorisation huit jours avant la date prévue du rassemblement, ou bien de modifier ce texte.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d’opinion et d’expression a demandé que la loi soit modifiée de manière à ce que les manifestations fassent l’objet d’une simple notification et non d’une autorisation.

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