Une militante arrêtée

L’arrestation, mercredi 7 décembre, d’Azza Soliman, fondatrice du Centre d’assistance juridique aux femmes égyptiennes, une organisation non gouvernementale (ONG) qui travaille sur la prévention de la violence à l’égard des femmes, est un signe manifeste que les autorités égyptiennes intensifient leur répression contre les militants des droits humains, a déclaré Amnesty International.

Des policiers se sont présentés chez Azza Soliman le matin du 7 décembre, ont produit un mandat d’arrêt, puis l’ont emmenée au poste de police de Masr el Gedida, aux abords du Caire, avant de la conduire au bureau du juge d’instruction du Nouveau Caire pour qu’elle y subisse un interrogatoire.

« L’arrestation d’Azza Soliman est le dernier exemple en date de la persécution systématique menée contre les défenseurs des droits humains indépendants par les autorités égyptiennes. Nous estimons qu’elle a été prise pour cible à cause de ses activités légitimes en faveur des droits humains et qu’il convient de la libérer immédiatement et sans condition. Les actes d’intimidation et manœuvres de harcèlement visant les militants des droits humains doivent cesser », a déclaré Najia Bounaim, directrice adjointe du programme Campagnes au bureau régional d’Amnesty International à Tunis.

Cette arrestation survient environ trois semaines après que les autorités ont gelé les avoirs personnels et organisationnels d’Azza Soliman sans passer par un juge, et l’ont empêchée, le 19 novembre, de se rendre en Jordanie pour participer à une session de formation sur les droits des femmes dans l’islam, en application d’une décision de justice.

Son mandat d’arrêt a été signé par un des juges supervisant l’enquête sur les ONG égyptiennes de défense des droits humains (cas n° 173 de 2011). Elle sera interrogée par le juge d’instruction, qui prononcera son placement en détention ou sa libération sous caution.

« Azza Soliman, tout comme plusieurs autres défenseurs égyptiens des droits humains, est déjà soumise à une interdiction de quitter le pays, et ses avoirs ont été gelés. Son arrestation marque une intensification du recours à des tactiques répressives, qui visent à réduire au silence cette femme et d’autres voix critiques par le biais d’actes d’intimidation », a déclaré Najia Bounaim.

« Il existe un risque réel que son arrestation signale une accélération de la répression, de nombreux autres défenseurs des droits humains visés par la même enquête risquant d’être arrêtés d’un moment à l’autre. »

En juin 2014, 43 employés d’ONG égyptiennes et étrangères ont été condamnés à des peines allant d’un à cinq ans de prison, et un certain nombre d’ONG internationales ont été fermées, notamment Freedom House et le Centre international des journalistes, en relation avec le cas n° 173.

Au cours de l’année écoulée, des juges d’instruction ont intensifié les pressions sur les groupes de défense des droits humains, usant d’interdictions de voyager et de gels des avoirs de manière arbitraire afin de museler la liberté d’expression, d’association et de réunion dans le cadre d’efforts concertés ayant pour but de démanteler le mouvement en faveur des droits humains et d’étouffer le moindre signe de dissidence.

Il est par ailleurs prévu que le président, Abdel Fattah al Sisi, promulgue une nouvelle loi draconienne sur les associations, qui accorderait au gouvernement et aux forces de sécurité des pouvoirs très étendus sur les ONG.

Azza Soliman faisait également partie des 17 personnes arrêtées après s’être présentées pour apporter leur témoignage sur l’homicide de Shaimaa al Sabbagh, une militante abattue lors de la dispersion d’un défilé non violent en janvier 2015. Accusée d’avoir manifesté sans en avoir notifié les autorités et d’avoir troublé l’ordre public, elle a finalement été acquitée en mai 2015, puis en appel en octobre 2015.

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