Un utilisateur de Facebook en prison pour avoir critiqué la Première ministre

Les autorités bangladaises doivent immédiatement libérer un étudiant militant de 22 ans détenu parce qu’il a posté sur Facebook deux messages critiquant la Première ministre, a déclaré Amnesty International samedi 3 septembre 2016.

Dilip Roy, étudiant militant à l’Université de Rajshahi, dans l’ouest du Bangladesh, comparaîtra devant le tribunal le 4 septembre lors d’une audience concernant sa libération sous caution.

« Les autorités du Bangladesh doivent immédiatement abandonner cette affaire. En invoquant des lois draconiennes pour harceler leurs détracteurs pour des commentaires sur Facebook, elles ne se contentement pas de réprimer la dissidence pacifique, mais frisent le ridicule », a déclaré Champa Patel, directrice pour l’Asie du Sud à Amnesty International.

Dilip Roy encourt jusqu’à 14 ans de prison ; en effet, une organisation étudiante liée au gouvernement a porté plainte contre lui au titre de la Loi sur les technologies de l’information et de la communication pour avoir fait des « remarques désobligeantes » à propos de la Première ministre Sheikh Hasina Wajid et de son parti au pouvoir, la Ligue Awami.

Depuis son arrestation le 28 août, Dilip Roy a été placé en détention et s’est vu refuser la libération sous caution par un tribunal de Rajashahi cette semaine.

Son crime ? Avoir posté sur Facebook deux messages critiquant le soutien de la Première ministre à un projet de centrale au charbon qui fait controverse. Formulé en termes vagues, l’article 57 de la Loi sur les technologies de l’information et de la communication est utilisé depuis des années par les autorités pour cibler et emprisonner les détracteurs.

Toute personne déclarée coupable d’avoir « publié des informations fausses, obscènes ou diffamatoires sous forme électronique » peut être incarcérée pour une période minimale de sept ans.

Amnesty International demande aux autorités bangladaises d’abroger l’article 57 de la Loi sur les technologies de l’information et de la communication et toutes les dispositions légales qui restreignent de manière générale et arbitraire la liberté d’expression, en violation des obligations incombant au Bangladesh au titre du droit international relatif aux droits humains.

«  Aucun pays ne devrait se doter de lois aussi répressives et aussi vagues. Les autorités du Bangladesh doivent abroger l’article 57 sans attendre et ne plus y recourir pour harceler et menacer ceux qui expriment sans violence des opinions qu’elles n’apprécient pas », a déclaré Champa Patel.

Complément d’information

Dilip Roy a publié sur Facebook les commentaires suivants :

 «  Madame le Premier ministre, votre lanterne est-elle prête ? Que se passerait-il si elle [la lanterne distribuée à la Première ministre] était volée, vous seriez désespérée et diriez : (insérez le dialogue de son père). »

 « Première ministre Hasina, peut-être souhaitez-vous voir un autre Phulbari [projet de mine de charbon] – je vous en félicite ! [D’après ce que] je sais, [les citoyens du pays] vous aideront avec joie à acquérir cette expérience. »

La Loi sur les technologies de l’information et de la communication – adoptée en 2006 et modifiée en 2013 – est depuis des années utilisée par les autorités au Bangladesh pour étouffer la liberté d’expression.

Selon l’organisation de défense des droits humains Odhikar, au moins 59 personnes ont été arrêtées au titre de cette loi entre janvier 2014 et juillet 2016.

Parmi les personnes prises pour cibles figurent souvent des cyberdétracteurs réels ou présumés de la Première ministre, de sa famille et du parti au pouvoir.

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