Un jeune militant arrêté pour des graffiti

La condamnation à 10 ans d’emprisonnement prononcée contre Giyas Ibrahimov, un jeune militant de 22 ans arrêté après avoir fait des graffiti sur une statue de l’ancien président de l’Azerbaïdjan, est une atteinte choquante à la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International mercredi 26 octobre.

« La condamnation prononcée contre Giyas Ibrahimov tourne la justice en dérision. Il a été arrêté simplement pour avoir peint un slogan sur une statue, et on l’a ensuite torturé pour lui faire "avouer" des infractions graves à la législation sur les stupéfiants. Les autorités veulent désormais qu’il passe le reste de sa jeunesse derrière les barreaux, sur la base de ces charges fabriquées de toutes pièces », a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale à Amnesty International.

« Il est choquant de voir jusqu’où les autorités azerbaïdjanaises sont prêtes à aller pour faire taire ceux qui les critiquent. Nous leur demandons d’annuler cette condamnation qui s’appuie sur des charges forgées de toutes pièces, de libérer immédiatement Giyas Ibrahimov, et de diligenter une enquête indépendante sur les actes de torture et autres formes de mauvais traitements qu’il dit avoir subis.  »

Le tribunal chargé des crimes graves à Bakou a condamné Giyas Ibrahimov à 10 ans d’emprisonnement mardi 25 octobre, après l’avoir déclaré coupable d’infractions en relation avec les stupéfiants, en vertu de l’article 234 du Code pénal azerbaïdjanais.

Giyas Ibrahimov et Bayram Mammadov, un autre militant, ont été arrêtés après que ce dernier a publié sur Facebook le 9 mai 2016 une photo de graffiti qu’ils avaient peints sur une statue d’Heydar Aliyev, ancien président défunt de l’Azerbaïdjan et père du président actuel, Ilham Aliyev.

Des policiers affirment que les deux jeunes gens se trouvaient en possession d’environ huit grammes d’héroïne ; or, lors des interrogatoires, seules des questions sur les graffiti leur ont été posées. Des policiers ont demandé à plusieurs reprises aux militants de s’excuser publiquement d’avoir insulté Heydar Aliyev et les ont roués de coups lorsqu’ils ont refusé. Leur avocat affirme qu’ils étaient couverts de bleus après leur interrogatoire, ont été menacés de viol, et ont été forcés à nettoyer les toilettes du poste de police tandis qu’ils étaient filmés, acte se voulant humiliant.

Amnesty International estime que Giyas Ibrahimov et Bayram Mammadov sont des prisonniers d’opinion, et que les charges relatives aux stupéfiants retenues contre eux ont été fabriquées dans le seul but de les sanctionner pour leurs activités politiques.

« Les défenseurs des droits humains, militants politiques et journalistes indépendants d’Azerbaïdjan sont réduits au silence, les dissidents risquant chantage, torture et agressions physiques. Amnesty International demande aux partenaires internationaux des autorités azerbaïdjanaises de faire pression sur celles-ci afin qu’elles honorent leurs obligations au titre du droit international, et respectent les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique », a déclaré Denis Krivosheev.

Complément d’information

Giyas Ibrahimov et Bayram Mammadov sont étudiants et membres de NIDA, un mouvement de jeunes en faveur de la démocratie. Le graffiti pour lequel ils ont été arrêtés disait « Bonne Fête de l’esclavage », un jeu de mots basé sur « Bonne Fête des fleurs », cette fête étant célébrée le 10 mai, jour de l’anniversaire de l’ancien président. Sur l’autre côté de la statue, les militants ont utilisé un langage obscène dans des messages d’opposition politique.

Les audiences se poursuivent dans le procès de Bayram Mammadov. S’il est reconnu coupable, il pourrait être condamné à la même peine.

Giyas Ibrahimov et Bayram Mammadov feront partie des sujets de l’édition 2016 de la campagne Écrire pour les droits.

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