Trois membres du journal indépendent The Post arrêtés

Les autorités doivent libérer immédiatement et sans condition le propriétaire du quotidien The Post, Fred M’membe, son épouse Mutinta M’membe et le rédacteur en chef du journal, Joseph Mwenda, a déclaré Amnesty International mardi 28 juin 2016.

Tous trois ont été arrêtés le 28 juin au petit matin et sont détenus au poste de police central de Lusaka, sans avoir été inculpés.

« La persécution visant Fred M’membe, son journal et ses responsables est une attaque inquiétante contre les médias indépendants et bafoue les droits à la liberté d’expression et d’association, a déclaré Deprose Muchena, directeur du bureau pour l’Afrique australe d’Amnesty International.

« Fred M’membe et son quotidien sont victimes des manœuvres de l’État visant à réduire au silence les médias critiques et ceux qui osent dire la vérité aux dirigeants en place. C’est inacceptable et cela doit cesser. »

Ces arrestations ont suivi leur retour dans les locaux du journal après qu’un tribunal a débouté l’Autorité fiscale de Zambie et autorisé la parution du quotidien. Ce journal a été fermé la semaine dernière par les autorités, qui affirmaient qu’il était redevable d’impôts.

Le journal en ligne zambien, Zambia Reports, a signalé que la police s’était engagée dans une « confrontation physique » avec Fred M’membe avant qu’il ne soit emmené.

« The Post et d’autres organes médiatiques indépendants doivent être autorisés à fonctionner librement, particulièrement dans le contexte des élections qui approchent. Le comportement de la police vis-à-vis des médias remet en cause le bilan de la Zambie en matière de droits humains, a déclaré Deprose Muchena.

« Les journalistes et les organes de presse devraient être soutenus afin de faire leur travail librement et sans crainte, au lieu d’être persécutés lorsqu’ils dénoncent les agissements des autorités. »

Complément d’information

Les autorités zambiennes ont ordonné le 21 juin 2016 la fermeture de la société d’édition Post Newspapers Limited, à qui elles réclament 5,5 millions d’euros d’arriérés d’impôt.

Or, le journal estime que les autorités utilisent la loi de façon sélective pour s’en prendre aux organes de presse qui les critiquent.

Le 15 juillet 2015, la police a arrêté Fred M’membe, ainsi que la journaliste Mukosha Funga, pour un article qu’ils avaient publié en mars. Celui-ci portait sur une enquête de la Commission anticorruption visant un conseiller présidentiel qui aurait sollicité un pot-de-vin auprès d’un homme d’affaires chinois en échange d’une entrevue avec le président.

The Post avait publié une lettre adressée par la commission au président pour l’informer de cette enquête. En mai 2015, le conseiller présidentiel a signalé cette fuite d’informations à la police, qui a interrogé les journalistes et les a laissés en liberté.

Ils ont cependant été arrêtés le 15 juillet et ont passé une nuit en détention, avant de comparaître devant un tribunal sous l’inculpation de publication d’informations classées secret. Les journalistes ont été libérés sous caution, fixée à plus de 2 700 euros chacun.

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