Timor-Leste. Dix ans après le vote en faveur de l’indépendance, la justice n’a toujours pas été rendue

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
26 août 2009

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit mettre en place un tribunal pénal international ayant compétence pour juger toutes les violations graves des droits humains qui se sont produites au moment du référendum sur l’indépendance du Timor-Leste en 1999 et au cours des vingt-quatre années d’occupation indonésienne qui ont précédé, écrit Amnesty International dans un rapport rendu public ce mercredi 26 août à l’occasion du dixième anniversaire de l’indépendance du pays.

Dix ans après le vote de Timor-Leste en faveur de son indépendance, la culture de l’impunité continue de hanter la population.

S’appuyant sur les conclusions d’une mission menée au Timor-Leste en juin, le rapport d’Amnesty International We Cry for Justice, Impunity persists 10 years on in Timor-Leste souligne que la plupart des auteurs de crimes perpétrés entre 1975 et 1999, notamment par ceux qui étaient au pouvoir à ce moment-là, n’ont toujours pas fait l’objet de poursuites devant un tribunal indépendant et impartial, digne de crédibilité, que ce soit en Indonésie ou au Timor-Leste.

« Malgré un certain nombre d’initiatives en faveur de la justice parrainées au niveau national et international, la population du Timor-Leste continue de se voir privée de justice et de réparations, a déclaré Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. En 1999, des milices opposées à l’indépendance, soutenues par l’armée indonésienne, ont tué plus d’un millier de Timorais au vu et au su de la communauté internationale mais personne n’a jamais eu à rendre véritablement de comptes pour ces atrocités. »

« Les victimes timoraises qui ont fourni des témoignages à plusieurs reprises auprès de différents mécanismes n’ont toujours pas constaté de signes probants indiquant que les responsables d’atteintes aux droits humains auraient à rendre compte de leurs actes », a déclaré Donna Guest.

Si un certain nombre de responsables d’échelons inférieurs ont été condamnés, la plupart des personnes soupçonnées de crimes contre l’humanité sont toujours libres de leurs mouvements en Indonésie.

Les gouvernements timorais et indonésien ont choisi d’éviter le recours à la justice pour les victimes de graves violations des droits humains au Timor-Leste en privilégiant des initiatives telles que la Commission vérité et amitié, instituée conjointement par Timor-Leste et l’Indonésie en 2005, qui ne prévoit pas de poursuites contre les auteurs d’atteintes aux droits humains.

« La voie dans laquelle se sont engagés ces deux gouvernements a affaibli les règles du droit dans les deux pays, selon Donna Guest. Les victimes ont besoin que les gouvernements d’Indonésie et de Timor-Leste ainsi que les Nations unies s’engagent clairement à enquêter sur toutes les allégations de violations des droits humains et à traduire en justice les responsables présumés des graves atteintes aux droits fondamentaux qui ont été perpétrées entre 1975 et 1999. »

Le Conseil de sécurité des Nations unies, auparavant fervent partisan de la justice pour les victimes des violences de 1999, n’a pas tenu ses engagements envers les Timorais ces dernières années. Amnesty International demande instamment au Conseil de sécurité des Nations unies de mettre en place un plan global à long terme pour mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes, notamment en instituant un tribunal pénal international ayant compétence pour juger tous les crimes commis au Timor-Leste pendant l’occupation indonésienne, entre 1975 et 1999.

Complément d’information

Le 30 août 1999, les Timorais ont voté massivement en faveur de l’indépendance. Au moins 1 200 personnes ont été tuées dans la période qui a précédé le scrutin et dans les jours qui l’ont suivi, marqués par des crimes contre l’humanité et autres graves atteintes aux droits humains perpétrés par des milices pro-indonésiennes soutenues par l’armée indonésienne. Des homicides illégaux, des disparitions forcées, des actes de violence sexuelle, des arrestations arbitraires, des menaces et actes d’intimidation envers la population timoraise ont eu lieu. Ces actes de violence ont été constatés par des organisations de défense des droits humains et des organes d’experts, notamment dans le rapport Chega ! (Assez !)de 2 800 pages de la Commission accueil, vérité et réconciliation (CAVR).

Parmi les initiatives en faveur de la justice mises en place depuis 1999 figurent le tribunal ad hoc des droits de l’homme mis en place par l’Indonésie et les Chambres spéciales des Nations unies au Timor-Leste. Les 18 accusés jugés dans un premier temps par le tribunal ad hoc pour des crimes commis au Timor-Leste en 1999 ont été acquittés à l’issue d’une procédure dénoncée pour ses irrégularités. Au Timor-Leste, une seule personne condamnée par les Chambres spéciales des Nations unies pour les crimes graves est toujours en prison.

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