Communiqué de presse

Somalie. Un avenir stable ne peut être envisagé sans protéger les civils et les droits humains

La Conférence de Londres sur la Somalie n’a pas apporté de véritable solution à la terrible situation des droits humains dans le pays, qui menace la vie des civils et notamment des enfants, a déclaré Amnesty International jeudi 23 février.

« La récente recrudescence des opérations militaires accroît la vulnérabilité des civils face aux attaques et au déplacement, tandis que le nombre d’armes se multiplie, dans un pays déjà envahi par les armes, a indiqué Bénédicte Goderiaux, chercheuse sur la Somalie à Amnesty International.

« C’est une combinaison mortelle qui pourrait alimenter de nouvelles atteintes aux droits humains. Lors de cette conférence, nous espérions voir se déployer des efforts plus soutenus afin de renforcer la sécurité de la population somalienne. »

Bien que le communiqué de clôture de la conférence fasse mention des droits fondamentaux, il est bien loin de faire état des mesures requises pour remédier aux risques auxquels sont confrontés les civils en Somalie.

La communauté internationale doit pour le moins veiller à ce que ses actions en Somalie ne contribuent pas à une nouvelle détérioration de la situation des droits humains.

Elle doit prendre des mesures concrètes afin de renforcer la surveillance et d’accroître le recueil et la diffusion publique des informations concernant les violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains commises par toutes les parties au conflit en Somalie.

Le conflit armé touche particulièrement les enfants. Ils continuent d’être tués, comme ce fut le cas lors de récentes frappes aériennes dans le sud du pays ; ils perdent bien souvent leurs parents ou ceux qui s’occupent d’eux, ainsi que leur maison en raison des combats.

Les groupes armés les prennent délibérément pour cibles, les recrutant comme soldats et les privant de tout accès à l’éducation.

La recrudescence des opérations militaires contre al Shabab a conduit le groupe armé à intensifier sa campagne de recrutement d’enfants soldats. Le Gouvernement fédéral de transition (GFT) et les milices qui lui sont alliées sont également accusés de compter dans leurs rangs des enfants.

La communauté internationale doit veiller à ce que des mécanismes efficaces soient mis en place pour garantir le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des enfants soldats. Dans l’intervalle, aucune assistance militaire ou dans le secteur de la sécurité ne doit être fournie aux forces armées et aux groupes armés qui envoient des enfants au combat. Enfin, la communauté internationale doit respecter et renforcer l’embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Somalie.

« Il est décevant de constater que les discussions internationales s’entêtent à mettre sur la touche la protection des civils et particulièrement des enfants. Il ne fait aucun doute que cette question doit être au cœur de toute stratégie sur l’avenir de la Somalie », a estimé Bénédicte Goderiaux.

Par ailleurs, Amnesty International demande que des mesures soient prises en vue de lutter contre l’impunité généralisée pour les décennies d’atteintes aux droits humains commises en Somalie, dont certaines pourraient constituer des crimes de guerre. Il convient de mettre sur pied une commission indépendante chargée d’enquêter sur ces agissements.

« Si l’impunité n’est pas prise en compte, rien n’encouragera les auteurs d’atteintes aux droits humains à s’arrêter, tandis que d’autres seront incités à suivre le même chemin, a conclu Bénédicte Goderiaux.

« La communauté internationale ne doit pas laisser la population civile en Somalie faire les frais de ce cycle de violence sans fin. »

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