Peinde de mort : consternation suite à la décision de la Cour suprême

Les autorités bangladaises doivent annuler l’exécution imminente de Motiur Rahman Nizami et instaurer un moratoire sur la peine capitale, a déclaré Amnesty International après que la Cour suprême a débouté cet homme de son appel jeudi 5 mai 2016. Il s’agissait de son ultime recours.

Motiur Rahman Nizami, dirigeant actuel du Jamaat-e-Islami, parti politique bangladais, a été condamné à mort par le Tribunal pour les crimes de droit international du Bangladesh en octobre 2014. Il a été déclaré coupable de meurtre, de viol et du massacre d’intellectuels durant la guerre d’indépendance de 1971 au Bangladesh.

« Nous sommes consternés par la décision de la Cour suprême de confirmer la déclaration de culpabilité et la condamnation à mort de Motiur Rahman Nizami. Les victimes des événements qui ont eu lieu pendant la guerre de libération de 1971 méritent justice, mais la peine capitale n’est pas la solution  », a déclaré Jameen Kaur, directrice Campagnes pour l’Asie du Sud à Amnesty International.

« Ôter une autre vie ne fait que perpétuer le cycle de la violence. Nous exhortons les autorités bangladaises à annuler cette exécution immédiatement et à instaurer un moratoire sur l’application de la peine capitale en vue de l’abolir définitivement  », a-t-elle ajouté.

Le gouvernement a le devoir d’amener les auteurs de crimes de guerre à rendre des comptes, et les mesures qu’il prend en ce sens sont une bonne chose. Cependant, de nombreuses organisations fiables, dont Amnesty International et les Nations unies, ont exprimé de vives inquiétudes quant à l’équité des procès devant le Tribunal pour les crimes de droit international. Rien n’a pourtant été fait.

« Les victimes d’atrocités commises par le passé méritent mieux qu’une procédure entachée d’irrégularités. La décision rendue jeudi 5 mai a déjà déclenché des manifestations un peu partout dans le pays, et il convient de tout mettre en œuvre pour qu’elles ne deviennent pas violentes. Les forces de sécurité doivent veiller au respect du droit de manifester pacifiquement, et les dirigeants politiques de tout bord doivent demander à leurs sympathisants de ne pas commettre de violations des droits humains », a déclaré Jameen Kaur.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, quelles que soient la nature du crime commis, la personnalité de son auteur ou la méthode utilisée par l’État pour l’exécuter.

Complément d’information

En 2015, au moins 197 personnes ont été condamnées à mort au Bangladesh. Quatre l’ont été par le Tribunal pour les crimes de droit international. Cette année-là, le pays a procédé à quatre exécutions, dont celles de trois personnes condamnées par cette juridiction.

Le Tribunal pour les crimes de droit international a été instauré en 2010 par le gouvernement pour enquêter sur les violations des droits humains de grande ampleur commises durant la guerre d’indépendance de 1971 dans le pays. Amnesty International a salué la décision du gouvernement de traduire les responsables présumés en justice, mais a demandé avec insistance que les accusés bénéficient de procès équitables, sans encourir la peine de mort. Les précédentes affaires jugées par cette juridiction ont été entachées de graves irrégularités et violations du droit à un procès équitable.

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