Papouasie-Nouvelle-Guinée. Violences policières et expulsions illégales près de la mine d’or : une enquête doit être ouverte

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

2 février 2010

Le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée doit enquêter sur le comportement de la police, qui a incendié des maisons et menacé des habitants avec des armes à feu lors d’expulsions illégales menées à proximité d’une des plus grandes mines d’or du pays, a déclaré Amnesty International ce mardi 2 février 2010.

Le rapport d’Amnesty International Undermining Rights : Forced evictions and police brutality around the Porgera gold mine, Papua New Guinea, dénonce les violences policières et les expulsions forcées dont ont été victimes des familles vivant aux alentours de la mine d’or de Porgera.

Il déplore également le soutien que les entreprises qui exploitent la mine ont continué d’apporter à la police après avoir appris comment elle s’était comportée dans la région.

La mine de Porgera est exploitée et détenue à 95 % par des filiales de la plus grande compagnie d’extraction d’or au monde, la société canadienne Barrick Gold Corporation (ci-après appelée Barrick), dans le cadre de l’entreprise Porgera Joint Venture (PJV). PJV a hébergé les policiers et leur a fourni de la nourriture et du carburant en vertu d’un accord qui, selon l’entreprise, n’est valable qu’à condition que la police respecte le droit national et les normes internationales, y compris les Principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme. Amnesty International n’accuse pas l’une ou l’autre de ces sociétés d’être responsable des violences policières ou des expulsions forcées, mais considère que Barrick et PJV n’ont pas réagi de manière satisfaisante quand leur personnel a eu connaissance des opérations de la police dans la région.

« Au lieu de pouvoir compter sur la police pour les protéger, les habitants vivant aux alentours de la mine ont subi de sa part des violations des droits humains ; les policiers ont incendié illégalement leurs maisons et détruit leurs biens et leurs jardins », a déclaré Shanta Martin, spécialiste des liens entre activités extractives et droits humains à Amnesty International.

Le rapport montre comment, entre avril et juillet 2009, des policiers ont mené des raids dans des villages de montagne de Papouasie-Nouvelle-Guinée, incendiant au moins 130 bâtiments et expulsant de chez elles des familles entières, dont de jeunes enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées.

Les habitants de la zone la plus touchée par ces expulsions, Wuangima, ont raconté à Amnesty International qu’ils n’avaient pas été prévenus de la destruction programmée de leurs maisons et que, dans la plupart des cas, ils n’avaient pas pu emporter leurs affaires avant que la police n’y mette le feu. Le gouvernement ne leur a proposé aucune solution de relogement, et beaucoup de familles sont aujourd’hui hébergées et nourries par des proches.

« Dès qu’elle a appris que la police incendiait des maisons juste à côté de la mine, PJV aurait dû recenser ces actes et les signaler aux autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée en les exhortant à ouvrir une enquête, conformément aux recommandations des Principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme, a souligné Shanta Martin. Or, elle continue au contraire d’aider les policiers, et Barrick a publiquement défendu les opérations menées par la police. »

Le rapport d’Amnesty International exhorte les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée à mener une enquête exhaustive sur ces expulsions forcées et ces violences policières. Il demande que les responsables soient poursuivis et que les victimes reçoivent réparation. Il appelle également Barrick et PJV à fournir aux autorités des informations sur le comportement de la police, ainsi qu’à réclamer l’ouverture d’une enquête.

Contexte

Le 11 mai 2009, Amnesty International a publié une déclaration publique sur les opérations policières qui ont abouti à l’expulsion forcée des habitants des villages de Porgera.
Le 16 juin 2009, Barrick a publiquement condamné la déclaration d’Amnesty International, la qualifiant de « mal inspirée et erronée » et affirmant que les bâtiments qui avaient été incendiés n’étaient que des cabanes provisoires et des abris de fortune occupés par des populations de passage.
Du 18 août au 2 octobre 2009, l’organisation a mené de nouvelles recherches sur la situation relative aux droits humains des personnes expulsées de force. Elle a notamment inspecté les ruines calcinées des maisons et s’est entretenue avec plus de 180 personnes au cours de 27 entretiens. Ces recherches ont confirmé qu’au moins 130 bâtiments avaient été détruits, dont des maisons permanentes solidement construites. Cependant, il n’a pas été possible de déterminer le nombre exact de maisons détruites ni de personnes touchées.
Début novembre 2009, Amnesty International a transmis les premiers résultats de ses recherches au gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ainsi qu’à Barrick et à PJV. Lors d’une rencontre entre l’organisation, Barrick et PJV le 3 décembre 2009, et dans une lettre datée du 7 décembre 2009, Barrick a reconnu que ses précédentes déclarations sur le caractère provisoire des bâtiments incendiés étaient inexactes. Barrick et PJV ont dit maintenant reconnaître qu’une enquête se justifiait. Cependant, au 10 décembre 2009, malgré les demandes d’Amnesty International, aucune des deux sociétés n’avait appelé à l’ouverture d’une enquête indépendante.

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