Panama : de nouvelles enquêtes demandées après l’extradition de Manuel Noriega

Les autorités panaméennes doivent diligenter de nouvelles enquêtes sur le rôle de Manuel Noriega dans une série de violations des droits humains commises depuis les années 1960, a déclaré Amnesty International mardi 13 décembre, après l’extradition de l’ancien chef militaire par la France.

Dès son arrivée au Panama dimanche soir, l’ancien général de 77 ans a été conduit dans une prison du pays où il doit purger plusieurs peines pour des assassinats d’opposants politiques et d’autres faits.

Amnesty International demande des enquêtes afin que soit révélée l’étendue réelle de son implication dans des crimes contre l’humanité – notamment des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires.

« De nouvelles enquêtes doivent être menées sur le rôle de Manuel Noriega dans de graves violations des droits humains commises lorsqu’il était au pouvoir et avant qu’il y soit, a souligné Sebastian Elgueta, responsable des recherches sur l’Amérique centrale au sein d’Amnesty International.

« Les tribunaux doivent aux victimes de faire la lumière sur l’étendue de son implication dans ces violations qui ont eu lieu pendant plusieurs décennies. »

Manuel Noriega a été le chef militaire de facto du Panama de 1983 à décembre 1989, date à laquelle l’armée américaine a envahi le pays et l’a chassé du pouvoir.

Depuis son éviction, des tribunaux panaméens ont enquêté sur lui et l’ont jugé et condamné par contumace pour des assassinats d’opposants politiques, des détentions illégales et d’autres atteintes aux droits humains. Parmi ces homicides figurent le meurtre en 1985 d’Hugo Spadafora, ancien vice-ministre de la Santé, et l’exécution de Moisés Giroldi Vera, militaire à la tête d’une tentative de coup d’État en octobre 1989.

Les autres violations perpétrées comprennent le recours excessif à la force par les forces de sécurité contre des manifestations publiques en 1987, les violences électorales meurtrières en mai 1989 et le « massacre d’Albrook », en octobre 1989, au cours duquel 12 autres personnes ont été sommairement exécutées pour avoir participé à la tentative de coup d’État menée par Moisés Giroldi Vera.

Amnesty International appelle les autorités à ouvrir de nouvelles enquêtes sur ces faits, ainsi que sur le rôle présumé de Manuel Noriega dans des crimes de droit international commis avant son régime militaire.

C’est notamment le cas des disparitions forcées d’Everett Clayton Kimble et de Luis Quiroz Morales en 1968 et 1969, ainsi que de l’enlèvement et de l’exécution extrajudiciaire d’Heliodoro Portugal par des agents de l’État en 1970.

Amnesty International estime que les procès par contumace doivent être évités car ils sont injustes, sauf lorsque le prévenu s’absente délibérément après le début du procès.

« Manuel Noriega doit être présent lors de la lecture de l’acte d’accusation et pouvoir réfuter certains faits et présenter une défense complète. Si l’une de ces conditions n’est pas respectée, la crédibilité du jugement restera toujours en doute et la justice ne sera pas considérée comme rendue », a ajouté Sebastian Elgueta.

En 2010, Manuel Noriega a été extradé des États-Unis vers la France, où il avait été condamné par contumace en 1999 à une peine de sept ans de prison. Il avait été déclaré coupable d’avoir blanchi des millions d’euros via les banques françaises.

Auparavant, il avait purgé une peine de 20 ans dans une prison américaine pour trafic de stupéfiants, blanchiment d’argent et racket.

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