L’acquittement d’une jeune femme ayant « avoué » sous la torture des faits d’extorsion est une nouvelle positive et attendue de longue date, mais le Mexique doit faire le nécessaire afin que les auteurs des sévices qu’elle a subis soient traduits en justice, et afin qu’elle reçoive des réparations, a déclaré Amnesty International.
« Le fait qu’une jeune femme ait été forcée à passer deux ans en prison, après qu’on l’a torturée pour lui faire avouer un crime, en dit long sur l’état de la justice mexicaine », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International.
« Si nous nous réjouissons de l’acquittement de Cristel Fabiola Piña Jasso, justice ne sera pas rendue avant que ceux qui l’ont agressée sexuellement pour lui faire avouer un crime soient envoyés en prison, et que les autorités fassent clairement passer le message que la torture n’est jamais acceptable. »
Cristel Fabiola Piña Jasso, une jeune femme de 25 ans mère de deux enfants, a été acquittée mardi 10 novembre par un tribunal de Chihuahua, dans le nord du Mexique, après avoir passé deux ans en prison. Le juge a estimé qu’il n’existait pas suffisamment d’éléments à charge contre elle, et a ordonné une enquête fédérale sur les actes de torture qu’elle a signalés.
Elle a fait l’objet d’une arrestation arbitraire aux côtés de son époux en août 2013, après que des policiers de l’État ont effectué une descente à leur domicile, dans la ville de Ciudad Juarez. Les policiers les ont roués de coups et ont fait subir une agression sexuelle à la jeune femme jusqu’à ce qu’elle accepte que ses « aveux » soient filmés. Elle est revenue sur ces déclarations au tribunal, affirmant au juge qu’elle avait été torturée.
Cristel Fabiola Piña Jasso, son époux et un autre coaccusé pourraient être libres d’ici la fin du mois, une fois que la date limite pour que le parquet fasse appel de cette décision aura expiré.