Macédoine. Des balles en caoutchouc contre les réfugiés

Sur fond de tensions croissantes et d’affrontements violents dans le cadre du maintien de l’ordre face aux actions de protestation de réfugiés et de migrants à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, la police macédonienne doit faire preuve de retenue et pleinement respecter les normes internationales en matière de maintien de l’ordre, a déclaré Amnesty International jeudi 3 décembre.

À plusieurs reprises depuis la fin de la construction d’une clôture à la frontière, samedi 28 novembre, la police macédonienne a utilisé des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes contre les réfugiés et les migrants qui protestent contre le fait d’être empêchés d’entrer dans le pays sur la base de leur nationalité.

« Les informations selon lesquelles des policiers ont tiré des balles en caoutchouc sur les demandeurs d’asile sont très alarmantes », a déclaré Gauri van Gulik, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Nous exhortons la Macédoine à mettre fin à sa politique discriminatoire à la frontière, qui alimente les tensions. Des milliers de personnes, qui se trouvent dans des conditions difficiles sans pouvoir demander l’asile, sont aux prises avec un dilemme. »

Jeudi 3 décembre très tôt, après des affrontements violents entre réfugiés et migrants de différentes nationalités à l’intérieur du camp situé du côté grec de la frontière, des personnes dont la nationalité ne leur permet pas de se rendre en Macédoine ont bloqué le passage à la frontière, empêchant quiconque de la franchir. À la suite de ces heurts, l’organisation non gouvernementale Médecins sans frontières a déplacé sa clinique hors du camp.

La frontière a été fermée à 6 heures du matin. Des policiers antiémeutes grecs ont par la suite essayé de fournir un passage sûr aux ressortissants afghans, syriens et irakiens, repoussant les manifestants d’autres nationalités. La frontière était toujours fermée à 15 h 30 bien que la situation soit calme.

Le 18 novembre, les autorités macédoniennes ont commencé à restreindre arbitrairement l’accès à la frontière du sud du pays avec la Grèce, laissant uniquement entrer sur le territoire macédonien des ressortissants afghans, syriens et irakiens. Les autres, venant notamment d’Iran et d’Érythrée, ont été bloqués. Des milliers de réfugiés et de migrants continuent cependant à arriver à la frontière dans le but de traverser la Macédoine, espérant pouvoir demander l’asile dans les États membres de l’UE.

Les tensions se sont accrues depuis le 28 novembre, date à laquelle s’est achevée la construction de la clôture longeant la frontière, où des policiers macédoniens ont déployé des grenades assourdissantes après que des migrants et réfugiés leur ont lancé des pierres, blessant plusieurs policiers.

Les balles en caoutchouc peuvent causer de graves blessures, en particulier lorsque la tête ou le haut du torse sont touchés. Leur utilisation n’est autorisée que lorsqu’elles visent de manière précise des individus engagés dans des actes violents contre d’autres personnes, et seulement lorsque d’autres moyens n’ont pas permis de les arrêter. Elles ne doivent jamais être tirées sur une foule ni utilisées comme un moyen de disperser un rassemblement.

Des milliers de personnes se sont vu refuser un accès aux procédures d’asile et se sont retrouvées livrées à elles-mêmes dans des conditions très difficiles. Certaines de celles qui ont essayé de franchir la frontière clandestinement, loin du principal point de passage, ont été renvoyées de force en Grèce par la police macédonienne.

Malgré les améliorations apportées au système, les obstacles à la quête d’asile en Grèce subsistent. Les conditions de vie des demandeurs d’asile continuent à susciter de graves inquiétudes. Les renvois forcés illégaux ou les expulsions collectives de réfugiés et de migrants restent systématiques le long de la frontière terrestre de la Grèce avec la Turquie.

« Toute personne souhaitant demander l’asile a le droit de le faire, quelle que soit sa nationalité. L’ensemble des pays sont tenus de traiter les demandeurs d’asile avec dignité et respect », a déclaré Gauri van Gulik.

« Voilà un nouvel exemple de l’échec collectif de l’Europe face à la crise actuelle des réfugiés. En Grèce, en Turquie et à travers les Balkans, la situation des réfugiés et migrants continuera à se dégrader si les États n’attaquent pas le problème de front et ne fournissent pas une réponse coordonnée. »

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