Les voix dissidentes éliminées

Les autorités kazakhes utilisent des méthodes de plus en plus sophistiquées et agressives pour éliminer les voix dissidentes sur Internet et sur les réseaux sociaux, écrit Amnesty International dans un rapport rendu public le 9 février.

Le document intitulé Think before you post : Closing down social media space in Kazakhstan fait état de l’érosion continue du droit à la liberté d’expression en ligne au Kazakhstan depuis deux ans. Ce rapport montre que les autorités utilisent des pouvoirs législatifs récemment adoptés pour fermer certains sites Internet ou pour en bloquer l’accès, et recourent à des sanctions administratives et pénales pour s’en prendre à des personnes parce qu’elles exercent leurs droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique.

« Les médias indépendants au Kazakhstan sont réduits au silence, mais jusqu’à présent Internet avait relativement échappé au contrôle exercé par les autorités. Ce n’est désormais plus le cas, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l’Europe et l’Asie centrale à Amnesty International.

« À présent, les autorités traquent les dissidents en ligne et utilisent les contenus publiés sur les réseaux sociaux pour engager des poursuites en justice et condamner et emprisonner les militants des droits humains. Des opinions exprimées librement deviennent des preuves accablantes devant les tribunaux. »

Depuis janvier 2016, les utilisateurs d’Internet sont tous tenus d’installer un « certificat de sécurité nationale » qui permet aux autorités d’examiner les communications utilisant le protocole HTTPS, et de bloquer l’accès à des pages web personnelles.

les utilisateurs d’Internet sont tous tenus d’installer un « certificat de sécurité nationale » qui permet aux autorités d’examiner les communications utilisant le protocole HTTPS

Les défenseurs des droits humains Maks Bokaev et Talgat Ayan ont été arrêtés en mai 2016 parce qu’ils avaient posté des informations sur des manifestations pacifiques contre le gouvernement. Ils ont été condamnés chacun à cinq ans d’emprisonnement pour « incitation à la discorde » et pour d’autres « crimes » non spécifiés, le 28 novembre 2016. Amnesty International considère ces deux hommes comme des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique.

Au moins 32 autres personnes ont été arrêtées en même temps que Maks Bokaev et Talgat Ayan, et maintenues en détention jusqu’à 15 jours.

Le 21 mai 2016, jour où ont eu lieu les manifestations contre le gouvernement, entre 300 et 500 personnes ont été temporairement détenues à Almaty, et l’accès à Facebook et à Google aurait été bloqué pour de nombreux utilisateurs. Les sites YouTube et Periscope ont été temporairement bloqués.

Les sanctions administratives et pénales ont jusqu’à présent été infligées à un nombre relativement restreint de personnes, mais leur utilisation a un très large « effet paralysant » pour la liberté d’expression au Kazakhstan. Les militants et les défenseurs des droits humains interviewés par Amnesty International ont dit qu’ils pensent qu’un nombre croissant de personnes estiment devoir « s’autocensurer » sur les réseaux sociaux parce qu’elles craignent sans cela d’attirer l’attention des autorités.

leur utilisation a un très large « effet paralysant » pour la liberté d’expression au Kazakhstan

« Les autorités kazakhes doivent mettre fin à cette répression sans précédent exercée sur les réseaux sociaux. Les militants des droits humains doivent être autorisés à utiliser librement et en toute sécurité les réseaux sociaux et Internet pour sensibiliser le public et engager des discussions, a déclaré Denis Krivosheev.

« Le Kazakhstan doit veiller à ce que le droit à la liberté d’expression soit respecté en modifiant les dispositions du droit administratif et du Code pénal qui sont actuellement utilisées pour réduire au silence les voix critiques et incarcérer des manifestants pacifiques. »

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